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Incipit de Jacques le Fataliste et son maître de Diedrot

Par   •  6 Août 2017  •  3 646 Mots (15 Pages)  •  635 Vues

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ANNEXE

- Le terme "déterminisme" n'était pas encore attesté lorsque Diderot écrivait Jacques le Fataliste, il ne le sera qu'au début du dix-neuvième siècle, mais ce n'est pas pour autant que Diderot n'était pas un partisan de cette doctrine selon laquelle" tout phénomène est régi par une ou plusieurs lois nécessaires telles que les mêmes causes entraînent dans les mêmes conditions les mêmes effets." (Trésor de la langue française)

Le monde (= tout ce qui existe) est régi par des lois matérielles, il est le résultat d'un immense enchaînement de causes à effet, tout s'explique mécaniquement et exclut existence d'un Dieu créateur suprême. " Mettez à la place de Dieu une matière sensible, en puissance d'abord, puis en acte, et vous avez tout ce qui s'est produit dans l'univers depuis la pierre jusqu'à l'homme." (Le Rêve de d'Alembert, 1769) ; l'homme n'est donc qu'un hasard de l'organisation de la matière avec laquelle il entretient des liens étroits, tels "les chaînons de la gourmette" de Jacques" (42) : " Tout animal est plus ou moins homme ; tout minéral est plus ou moins plante ; toute plante est plus ou moins animal" : chaque chose est déterminée par rapport à une autre. Dès lors, l'homme n'est pas libre " Le mot liberté est un mot vide de sens, il n'y a point et il ne peut y avoir d'être libres. Nous ne sommes que ce qui convient à l'ordre général, à l'éducation et à la chaîne des événements. Voilà ce qui dispose de nous invinciblement." écrit-il à Landois ( un ami dramaturge) dans une lettre en 1756 ( cf ce que dit Jacques : " ma durée n'est qu'une suite d'effets nécessaires" ( 203)

Et, poursuit Diderot, « S’il n’y a point de liberté, il n’y a point d’action qui mérite la louange ou le blâme ; il n’y a ni vice ni vertu, rien qu’il faille récompenser ou châtier » et dans La lettre à d'Alembert on peut lire : " vice et vertu sont également dans la nature" ( cf ce qui le maître de Jacques : " en raisonnant à ta façon, il n'y a point de crime qu'on ne commît sans remords." ( 46) et tout dépend du hasard qui nous a fait " heureusement ou malheureusement" ( 203) naître

- L'athéisme rime avec matérialisme. En effet, tout est matière et Diderot refuse la distinction entre l'âme et le corps, idée reprise par Jacques : " la distinction d'un monde physique et d'un monde moral lui semblait vide de sens;" ( 203)

- Le terme" fatalisme" est formé sur la racine "fatum", qui désigne en latin le "destin" = ce qui a été dit = "le grand rouleau". Est donc "fataliste" celui qui croit à la fatalité, c’est-à-dire à une puissance "surnaturelle" qui régit le cours des choses et des êtres : cf la référence de Jacques à "l'auteur du grand rouleau», exclusive de toute liberté et s’imposant irrémédiablement à l’homme. Au sens commun, le fatalisme désigne par conséquent la croyance en la détermination des événements par des causes indépendantes de la volonté humaine, et selon la formule de Jacques " C'était écrit là-haut".

- Le terme " destin", du latin "destinare" qui signifie " fixer", est l'équivalent du terme "fatalité"et prend le sens de " ce qui est fixé par le sort" . Selon Épicure, la croyance philosophique dans le destin aurait pour origine les philosophes qui se sont attaché à expliquer la nature uniquement à l'aide de la matière et en établissant entre les choses un lien de causalité : si tout ce qui existe a une cause rien ne peut naître du néant et rien ne peut y retourner ( cf Lavoisier " tout se transforme"). En outre, la succession des causes et es effets constitue une chaîne dans laquelle chaque maillon est nécessairement lié à l'autre. La causalité implique donc leur nécessité. C'est ce qu'exprime Cicéron dans, Du Destin : " si tout arrive en vertu de causes antécédentes, tous les événements sont étroitement liés, naturellement enchaînés les uns dans les autres et, s'il en est ainsi, tout est soumis à la nécessité

Même si Jacques n'est pas tout à fait le porte parole de Diderot, " Je l'ai plusieurs fois contredit, mais sans avantage et sans fruit" ( 203), il n'en demeure pas moins que la philosophie de Jacques rejoint celle de son auteur.

Le grand rouleau[pic 1] " C'était écrit là-haut", telle l'expression qui caractérise le système de pensée de Jacques : tout ce qui nous arrive a été prévu de longue date, rien n'est le fruit du hasard ou de la volonté de l'homme. En d'autres termes : l'homme est une marionnette qui subit son destin.[pic 2] Par qui a été écrit le grand rouleau ?, car même si Jacques affirme ne pas croire en Dieu, il est indubitable que l'existence du " grand rouleau" suppose l'existence d'un auteur. Cette question Jacques se la pose aussi mais il n'est pas curieux de le savoir, contrairement à l'ami du capitaine de Jacques, car selon lui c'est sans importance puisque cela ne change rien au cours des choses ni à la situation de dépendance de l'homme : " à quoi cela me servirait-il ? En éviterais-je pour cela le trou où je dois m'aller casser le cou ?" (50) De plus, l'auteur du grand rouleau est infaillible, " le grand rouleau [...] ne contient que vérité, [...] toute vérité" (50) ; " Que ta volonté soit faite"(191) Dès lors il ne reste plus qu'à accepter les choses comme elles sont, rien ne sert de se lamenter, " Eh bien ! Monsieur, n'y pensons plus ! C’est un cheval perdu et peut-être est-il écrit là-haut qu'il se retrouvera." (69), dit Jacques à son maître qui se désole d'avoir perdu son cheval. De même, Jacques accepte la mort de son frère comme une évidence : Jean est allé à Lisbonne " chercher un tremblement de terre, qui ne pouvait se faire sans [lui] ; être écrasé, engloutis, brûlé, comme il était écrit là-haut." (82) Aussi sommes-nous " également insensés dans nos souhaits, dans notre joie, et dans notre affliction." (115)[pic 3] Toute tentative de déjouer le destin,( Œdipe a bien essayé de déjouer le destin en s'éloignant de Corinthe, mais plus il croyait tourner le dos à son destin, plus il s'en rapprochait), toute supposition, toute anticipation et

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