De singly, Rupture, vivre l’expérience de la séparation
Par Orhan • 20 Septembre 2018 • 1 584 Mots (7 Pages) • 560 Vues
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- Les « je « : La séparation correspond à un besoin de développement personnel. Le couple rempli une fonction de maturation de l’identité personnelle, le « je » étant l’axe majeur pour ces femmes. Dès que le couple devient un obstacle à cette construction identitaire, elles y mettent fin. La séparation peut ici intervenir sans qu’il n’y ait de reproche particulier fait au partenaire mais seulement parce que la relation conjugale ne permet plus la réalisation personnelle recherchée et cela en dépit des sentiments amoureux qui peuvent perdurer. Pour l’auteur, cela démontre un nouvel aspect de la conjugalité du point de vue des femmes qui cherchent aujourd’hui à exister aussi bien en tant que couple mais aussi en tant que personne. L’investissement dans le conjugal doit renforcer l’identité personnelle.
- Les « je-nous » : La séparation correspond à un besoin de retrouver son identité. Lorsque ces femmes ont l’impression que le monde commun du couple n’est plus investit par leur partenaire, que celui-ci a cloisonné sa vie avec, d’un côté sa vie conjugal et de l’autre sa vie personnelle, elles y mettent fin. Pour elle, la rupture représente plus une nécessité de se retrouver, une nouvelle reconnaissance de soi laissée de côté au profit de la conjugalité. A la différence des femmes ayant fortement investies dans leur relation conjugale, leur identité est déjà bien assez développée pour mettre fin à la relation sans trop de difficulté car le conjugal n’a pas envahi leur sphère personnelle.
Ainsi, la typologie dégagée et les enjeux de la séparation explicités, il s’intéresse ensuite au processus de déconjugalisation (c’est-à-dire la façon dont la séparation se déroule et la manière dont les femmes retrouvent leur propre identité personnelle) : Comment cette séparation s’opère-t-elle, que se passe-t-il pour ces femmes une fois la rupture effectuée et quelle place donnent-elles à leur ex-partenaire ?
Partant du constat que le processus d’individuation se déroule tout au long de notre vie, il dégage l’idée que la déconjugalisation permet à toutes ces femmes de trouver ou de retrouver de l’autonomie et de l’indépendance à condition de pouvoir bénéficier de bons appuis sociaux et d’avoir des ressources personnelles qui permettent de passer à autre chose, à une autre étape de vie. Malgré cette similitude pour tous les types de femmes, il développe des différences au niveau de la mise en œuvre de la séparation : Les femmes à forte conjugalité (les « nous ») auront une certaine tendance à se séparer de façon nette alors que les femmes centrées sur leur identité personnelle ont des propensions à faire des pauses qui leur permettent de faire le bilan jusqu’à ce que la décision finale soit prise.
Néanmoins, lorsque ces couples ont des enfants, la rupture ne veut pas nécessairement dire disparition de l’ex conjoint de leur vie. En effet, dans nos sociétés contemporaines, le couple conjugal et le couple parental sont différenciés.
Le couple parental doit pouvoir perdurer afin d’éviter la stigmatisation par la société. Cela nécessite donc de créer un nouveau lien avec son ex-conjoint. La place que prendra ou non l’ex-conjoint dépend fortement de l’investissement initial de la femme au sein de son couple. Les femmes privilégiant leur développement personnel garderont souvent leur ex en tant qu’ami, ce qui n’est pas du tout le cas des femmes « nous » dont l’ex partenaire conserve seulement son rôle paternel. Si les enfants sont grands, cet homme sera définitivement sorti de leur nouvelle vie.
Il apparait que les femmes cherchent aujourd’hui l’épanouissement personnel dont elles ont été privées dans les sociétés antérieures même si cela nécessite la séparation de leur conjoint.
La séparation ayant beaucoup été étudiée au niveau de la famille (conséquence de la séparation sur les enfants), cette étude a pour intérêt de se porter au niveau du conjugal et plus particulièrement sur les épouses. L’écriture simple de cet ouvrage, les références littéraires et filmographique rendent les thèmes abordés plus vivant qu’une simple énonciation de fait. Les témoignages permettent une identification qui aide à la compréhension de ces idées. Ainsi, toutes personnes même néophytes en sociologie peuvent facilement lire ce livre et comprendre les tenants et les aboutissants de son explication. Cependant, il aurait été intéressant d’avoir plus de référence à des femmes qui n’ont pas choisi la séparation afin de voir si le processus de déconjugalisation se produisait de la même façon que pour celle qui en ont pris la décision. De plus, François de Singly ne s’appuie que sur des divorces contentieux, le processus de déconjugalisation est-il le même dans un divorce par consentement mutuel ? La même question pourrait également être intéressante du point de vue des hommes.
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