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L'art islamique

Par   •  12 Septembre 2018  •  8 002 Mots (33 Pages)  •  426 Vues

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Mahomet lui-même vécut et pratiqua le culte dans la plus grande simplicité. Sa maison de Médine, en brique crue, s'appuyait sur des troncs de palmiers, le toit et les cloisons étant constitués de palmes renforcées de boue. Elle se composait de quelques petites pièces ouvrant sur une cour en partie ombragée, avec un abri réservé aux plus pauvres de ses disciples à l'une des extrémités. Mahomet semble avoir été indifférent à son cadre de vie et on lui prête ce propos: «Rien n'affaiblit davantage la force du croyant que l'architecture. » D'après un autre propos qui lui est attribué, «les anges n'entreront pas dans une maison où se trouve un chien ni dans celle où se trouvent des images », et cela a toujours été interprété par certains musulmans comme une condamnation sans appel de la représentation figurée. Cependant ces paroles ne proviennent pas du Coran mais des Hadith qui rassemblent les propos relatés par la tradition dans un recueil de moindre autorité que le Livre saint. Si le Coran rejette les idoles comme «une abomination », il ne mentionne, en revanche, ni les sculptures ni les peintures.

Dans les premières années de l'expansion islamique, les mosquées étaient implantées uniquement dans les nouvelles villes de garnison où n'existait aucune structure assez vaste pour être réutilisée. Les premières mosquées n'étaient pas même couvertes : un espace entouré d'une palissade suffisait

Le musulman peut prier n'importe où, chez lui, dans les champs ou à l'atelier ; même pour la prière hebdomadaire célébrée en commun le vendredi quand l'imam ou guide prêche aux fidèles, seul est nécessaire l'espace pour se prosterner ensemble. Dans cette religion sans liturgie ni prêtres, il n'est besoin ni de vêtements ni de vaisselle cultuels. L'enseignement est fondé exclusivement sur la parole de Dieu et non sur la vie du Prophète, ce qui rend inutile une imagerie à caractère didactique (autre différence avec le christianisme qui a tant porté l'accent sur la vie du Christ et sur les saints). De même, on n'avait pas recours à des livres cérémoniels, car les paroles saintes étaient apprises et récitées par cœur. En fait, il semble que l'art ait été considéré au mieux comme un embellissement, au pire comme un simple divertissement, et l'on est à peine surpris que l'islam n'ait pas développé à ses débuts de théorie esthétique.

Longtemps avant la naissance du Prophète, l'Arabie était déjà ouverte aux influences artistiques et religieuses des civilisations voisines. En plusieurs points de la péninsule, des vestiges d'architecture et de sculpture préislamiques ont survécu sous les aspects provinciaux des styles hellénistique, byzantin, iranien, éthiopien et autres de l'époque qualifiée de «Temps de l'ignorance» par les Arabes. Dès le début de l'expansion de l'islam, sous l'autorité des califes qui succédèrent à Mahomet comme chefs spirituels et temporels, les Arabes furent confrontés à des monuments plus lointains et particulièrement raffinés. En Palestine et en Syrie, ils découvrirent les magnifiques églises paléochrétiennes et byzantines construites en pierre ; en Mésopotamie et en Iran, les édifices élevés sous les Sassanides. Le palais de Ctésiphon, près de Bagdad, qui date probablement du milieu du VIe siècle, est le plus impressionnant de ceux qui subsistent (8.2), avec son immense iwan, ou salle voûtée, fermée sur trois côtés, s'ouvrant par un

arc légèrement brisé, et avec ses revêtements en stuc ornés de motifs floraux. L'influence de cet édifice sur le développement de l'architecture et de la décoration islamiques a été grande, bien qu'elle ne se soit manifestée que plus d'un siècle après l'occupation de la Mésopotamie en 640.

L'Etat islamique s'étendit avec une rapidité qui surprend encore. En 647, ses armées avaient soumis l'Irak, la Palestine, la Syrie, l'Egypte, l'Iran, la Cyrénaïque et la Tripolitaine. Deux ans plus tard, elles avaient atteint l'Indus, au Pakistan actuel. L'ouest de l'Afrique du Nord tomba sous leur coupe en 670; en 710, elles arrivaient en Europe, conquérant le royaume wisigoth d'Espagne et franchissant les Pyrénées pour s'avancer jusqu'à Poitiers, où elles furent finalement arrêtées en 732 par Charles Martel (l'aïeul de Charlemagne). Dans tous ces territoires, les musulmans choisirent comme lieux de culte les édifices qui leur paraissaient convenir, qu'il s'agît d'églises chrétiennes ou de temples zoroastriens. Du moment qu'il n'abritait pas d'idoles, tout bâtiment pouvait devenir une mosquée, mot dérivé de l'arabe masjid qui signifie simplement «lieu où l'on se prosterne».

Il fallut attendre 685 pour que commence la construction du premier monument majeur de l'islam : la coupole du Rocher à Jérusalem, à proximité du site du Temple de Salomon, à l'initiative du calife Abd el-Malik de la première dynastie musulmane - les Omeyyades qui descendaient du compagnon du Prophète (8.5). Il fut cependant conçu comme un sanctuaire particulier et non comme un lieu ordinaire de prière. Son plan - un octogone enfermant autour de déambulatoires concentriques un espace central couvert d’un dôme - dérivait des martyria paléochrétiens dont le plus proche était celui du Saint-Sépulcre, de l'autre côté de Jérusalem).

Vénéré par les juifs comme la tombe d'Adam et comme l'emplacement du sacrifice d'Isaac, l'affleurement rocheux est, pour les musulmans, le lieu d'où Mahomet s'éleva son ascension nocturne rapportée par le Coran, bien que ce la tradition ne semble pas devoir précéder la construction du sanctuaire. Le rocher paraît donc avoir été davantage un prétexte dans l'élaboration d'une architecture nouvelle grandeur dans le volume et dans la décoration. Elle exerça une profonde influence sur l'architecture islamique naissante. Les artistes et les artisans qui y oeuvrèrent furent cependant en grande majorité non arabes et sans doute non musulmans. Sa construction n'en témoigne pas moins d'une part considérable d'improvisation.

Après s'être emparés de Damas en 635, les Arabes utilisèrent une partie du temenos en mosquée à ciel ouvert pendant environ soixante-dix ans. En 705, el-Walid s'appropria l'église, qu'il démolit, et érigea à cet endroit la plus grande mosquée de l'islam. Tout ce qui reste de la construction initiale est le mur romain

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