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Y a-t-il des limites infranchissables à la liberté ?

Par   •  13 Juin 2018  •  1 791 Mots (8 Pages)  •  534 Vues

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A cette question nous serions d’abord tentés de répondre que la liberté ne peut se définir que comme le fait de n’être soumis à rien d’autre que sa propre volonté. En ce sens la loi est bien un frein sinon un obstacle à la liberté puisqu’à ma volonté. Ainsi la loi, comme ce qui s’impose à tous, est d’abord un empêchement d’agir pour chacun. Cependant dans le cadre d’une vie en société il y a nécessairement des règles qui doivent s’imposer afin de rendre l’existence ensemble possible. Accepter la présence de la loi c’est peut-être alors fonder une liberté réelle, qui prend en compte des limites à la volonté individuelle, la liberté totale étant valable pour tous, elle rend aussi incertaine ma sécurité et plus loin mon existence. Car vouloir agir sans borne suppose qu’autrui le puisse aussi.

Si la loi est une limite à ma liberté cela signifie qu’être libre revient à agir seulement par soi même. La liberté est un fait d’expérience, la liberté totale est ce moment où je décide entièrement de mes propres orientations, chacun de mes choix est un fait de ma conscience. Mais cet état est aussi celui du débordement des désirs, être libre correspond à faire seulement ce que je veux. Mais on peut s’interroger ici sur la valeur de ce moi qui n’accorde aucune place à autrui ? En fait l’affirmation de la liberté permet aussi de rejeter la « mauvaise loi », car l’obéissance aveugle à une loi qui est injuste.

Il y a donc deux façons de considérer la loi comme un obstacle. Premièrement parce que j’affirme la toute puissance de ma volonté en dehors d’une organisation sociétale. Nous sommes ici dans une forme d’état de nature ou le terme de liberté lui-même pose problème car la conscience individuelle dans ce cadre est absente. Deuxièmement parce que la liberté peut se trouver dans le rejet de la loi, refuser une loi injuste ou une limitation des libertés publiques étant alors le gage de la liberté. Mais ici il y a une torsion du sens de la loi qui devient l’arme d’une puissance individuelle ou d’un système.

L’idéal de la volonté serait donc l’autonomie, en étant guidé uniquement par sa propre loi. C’est l’extériorité de la loi qui est un frein à la liberté, son intériorisation permet au contraire d’être son propre maître.

La loi est aussi le meilleur moyen pour garantir à tous l’effectuation d’une liberté réelle qui comprend une forme de sécurité. Cette sécurité apportée par la loi est alors le premier moment du développement de soi, la loi n’est plus un obstacle, elle est au contraire le moyen de ma liberté. La liberté se comprenant seulement par une intériorisation de la loi qui est en moi la présence de la reconnaissance d’autrui.

La liberté n’est pas l’ennemie de la loi, il y a finalement une forme de transitivité de la loi et de la liberté dans le cadre des sociétés démocratiques. C’est d’une décision des hommes que dépend la définition de la loi et son champ d’application, on évoque souvent les droits de l’homme comme le moment inaugural d’une liberté pour tous et chacun mais il s’agit bien d’une forme juridique qui se forme par des articles et des lois.

La limite à la liberté ne vient donc pas de la loi qui au contraire garantit le bien commun et nos propres intérêts en nous guidant et nous protégeant. La limite viendrait donc de nous de notre dissociation entre devoir et liberté.

Je ne suis libre qu'à la condition de m'accomplir dans mon désir d'être heureux, selon mes talents propres, et le seul devoir que cela exige est de me vouloir autonome (maître de moi), à savoir : me réaliser comme valeur dans ma puissance autonome d'agir et d'être par moi-même. Etre libre implique de se vouloir un "je" qui se détermine lui-même pour être content de soi. En cela devoir d'être autonome et devoir d'être heureux avec soi et les autres se confondent. Bonheur et liberté seraient ainsi donc en accord. Ainsi agir par devoir correspondrait à agir par vouloir.

On pourrait donc considérer la liberté comme l’absence d’obstacle, il y aurait donc deux manières d’être libre, passer outre ces obstacles ou alors les contourner. Les stoïciens recommandent de distinguer les obstacles inébranlables des autres afin de nous concentrer sur ceux-ci. L'homme véritablement libre est celui qui pénètre ses désirs d'intelligence (Spinoza), qui se connaît lui-même (Socrate), qui est maître de sa volonté (Descartes), qui s'est délivré de l'égoïsme, de l'aveuglement, de la violence et de la peur, qui cherche à réaliser son "désir fondamental" : " Toute l’angoisse et le mal-être des humains se trouvent dans le manque d’harmonisation entre les désirs multiples (matériels et sexuels) et le désir essentiel, forme élargie prise par la poussée évolutive lorsqu’elle atteint le stade humain." (Paul Diel).

Il n’y aurait donc pour seule limite à la liberté celle que l’on lui fixe. Comme dans beaucoup de domaines où rentre en compte l’Homme, la seule limite est celle qu’il se fixe. Y a-t-il des limites infranchissables à la liberté ? Non, quand on considère la liberté comme l’absence d’obstacle mais quand l’obstacle en question s’agit du sujet en lui même, il constitue en soi sa propre limite.

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