Le désir est-il le malheur de l'homme ?
Par Andrea • 9 Novembre 2018 • 2 252 Mots (10 Pages) • 591 Vues
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Spinoza s’oppose frontalement à l’idée de Schopenhauer selon qui le désir est souffrance. Les affects de joie (plaisir, amour, bonheur) sont le résultat d’une augmentation de notre puissance, tandis que les passions tristes (tristesse, haine, douleur, crainte) sont le résultat d’une diminution de notre puissance. Aussi le désir, qui est le moyen par excellence de nous développer, est-il vécu comme une joie et un plaisir. L’éthique spinoziste, qui est une éthique de la vie, repose toute entière sur cette distinction et sur l’idée qu’il faut rechercher les passions joyeuses et fuir les passions tristes.
Il faut toujours voir le bon côté des choses pour être déterminé par la joie : « en ordonnant nos pensées et nos images nous devons toujours prêter attention […] à ce qu’il y a de bon en chaque chose afin qu’ainsi nous soyons toujours déterminés à agir par un affect de joie. » (Ethique, V, 10, scolie). Spinoza s’oppose ainsi à tous les philosophes classiques pour qui philosopher, c’est apprendre à mourir (Platon, Montaigne), et qui recommandaient de méditer la mort (Stoïciens) : « L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. » (Ethique, IV, 67)
Pour désirer il faut un état désiré, donc un « manque » ; mais il faut aussi désirer cet état ou cet objet. Ceux qui insistent sur le premier aspect voient le désir comme manque, les autres y voient avant tout un bien. Ces deux points ne sont pas nécessairement contradictoires, ils peuvent être pensés comme deux aspects complémentaires.
Le bonheur est étroitement lié au désir : en effet, l’objet par excellence du désir n’est-il pas le bonheur ? Et le bonheur ne consiste-t-il pas en la satisfaction de nos désirs ? Le bonheur est dans la satisfaction de nos désirs : telle est la thèse hédoniste. L’hédonisme est la conception qui fait du plaisir la valeur suprême, le but de la vie, qui identifie bonheur et plaisir. Or le plaisir est conçu comme ce qui accompagne la satisfaction de tout désir ; donc le bonheur consistera, pour l’hédoniste, dans la satisfaction des désirs. On peut distinguer deux versions principales de la théorie hédoniste : il y a ceux qui affirment que le bonheur consiste à satisfaire tous nos désirs, et ceux qui recommandent de ne chercher à satisfaire que certains désirs. Les hédonistes modérés et les hédonistes démesurés, pourrait-on dire.
Dom Juan est un hédoniste démesuré: il cherche à satisfaire sans cesse tous ses désirs, notamment ses désirs de conquêtes féminines. L’inconvénient d’une telle théorie est qu’un tel bonheur n’est pas facile à atteindre. L’homme est plein de désirs infinis et démesurés : s’il cherche à satisfaire tous ses désirs, y compris les plus fous, ne risque-t-il pas d’être voué à l’échec et à la frustration, et ainsi de rencontrer un malheur cinglant au lieu du bonheur tant espéré ?
C’est pour cette raison que le philosophe Epicure recommande de chercher à satisfaire certains désirs seulement, les plus fondamentaux. En effet, si le but est d’atteindre le plaisir, c’est-à-dire pour Epicure l’ataraxie, ou « absence de douleurs dans le corps et de troubles dans l’âme », alors il convient de fuir les désirs démesurés qui seront bien difficiles à satisfaire et qui, par conséquent, nous apporteront davantage de troubles que de sérénité. Epicure distingue trois catégories de désirs et de plaisirs : (1) les désirs/plaisirs naturels et nécessaires : ex : manger et boire quand on a faim et soif. Ces plaisirs sont tous ceux qui sont naturels et nécessaires à notre survie.
(2) les désirs/plaisirs naturels mais non nécessaires : ex : manger des mets raffinés
(3) les désirs/plaisirs ni naturels ni nécessaires : ex : le désir de gloire, de richesse, etc.
Epicure affirme que seuls les plaisirs de la catégorie (1) sont à satisfaire pour atteindre l’ataraxie. Les plaisirs de la catégorie (2) sont à éviter, dans la mesure du possible, car il faut apprendre à se contenter de peu. Enfin, les désirs de la catégorie (3) sont à fuir absolument, car ils nous apporteront bien plus de maux (jalousie, etc.) et de troubles que de bien.
Mais la maîtrise des désirs soulève une question : à chaque fois, on voit la raison dominer, réprimer ou orienter les désirs. Mais d’où la raison tire-t-elle son énergie pour s’opposer à des désirs qui ont de la force et de l’énergie, qui sont une force et une énergie orientés vers un objet ? La raison n’est pas un désir ; elle ne peut donc pas s’opposer aux désirs, car seul un désir peut s’opposer à un désir. En effet, un désir nous attire vers une chose ; pour que nous renoncions à cette chose, il faut nécessairement quelque chose qui nous en éloigne, c’est-à-dire un désir de sens contraire . Par exemple, si je désire commettre un vol pour m’enrichir, il ne suffit pas que ma raison me représente les conséquences fâcheuses possibles de mon projet (être surpris et finir en prison) pour que j’y renonce : il faut encore que je craigne ces conséquences, c’est-à-dire qu’à mon désir de richesse s’oppose la crainte de la prison, ou désir de liberté.
Plusieurs philosophes en sont venus à penser qu’il existe dans l’esprit humain un dispositif spécifique qui donne à la raison ou à la conscience morale la force de s’opposer aux désirs.
Pour être heureux il ne faut pas chercher à satisfaire tous ses désirs. Une telle quête nous entraînerait dans un cercle infini d’insatisfaction car le désir ne peut jamais vraiment être satisfait. Cependant, ceci étant dit nous ne savons toujours pas ce qui nous permet d’être heureux. Est-ce de n’avoir aucun désir ? Ce n’est pas non plus une solution car l'absence de désir s'apparente beaucoup plus au mortel ennui qu'au bonheur et tout les hommes recherchent le bonheur et la joie de vivre avant tout car cela doit rester leur priorité
Pour être heureux peut-être vaut-il mieux savoir se maîtriser, savoir faire le tri dans ses désirs. Ce faisant nous pourrons atteindre cette paix dont parle Épicure, cette sérénité atteinte grâce à un plaisir calme et sage. Le désir est-il le malheur de l'homme ? Pas nécessairement, si l'homme parvient à maîtrisé ces désirs alors ils ne le conduiront pas a son malheur mais au contraire faciliterons son bonheur. Bien sur il est vrai que inversement une personne qui n'arrive pas a contrôlé ces désirs ou pire encore, qui essaye de tous les réalisés même les plus insensée en faisant abstraction
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