La problématique de la liberté individuelle et de l’ordre social dans le roman français du XVIII siècle
Par Orhan • 28 Février 2018 • 20 614 Mots (83 Pages) • 653 Vues
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Cependant, tout ce qui précède nous autorise à formuler la problématique des rapports individu-société dans les termes qui suivent :
La liberté individuelle dans son sens le plus banal, serait celle perçue comme ne devant souffrir d’aucune restriction. Elle serait donc sans bornes. Elle donnerait ainsi lieu à toutes les formes débridées de l’individualisme. Quant à l’ordre social, elle serait l’ensemble des normes édictées et des codes régulateurs du corps social. Il serait donc une entrave, un frein à toute appétence de l’individu. Alors, comment pourrait-on réaliser le bonheur de l’individu dans une société perçue comme un frein, un obstacle, alors même qu’une liberté sans contrôle pourrait être à son tour préjudiciable et dommageable à la société où vit l’individu ?
Jean Jacques Rousseau, dans ‘’Du Contrat Social’’ pose aussi le même problème en l’énonçant comme suit : Comment concilier la liberté individuelle avec l’ordre social quand on sait que l’expression incontrôlée ou immodérée de la première peut saper les fondements du second, mais aussi l’invocation intempestive du second peut conduire à nier la première ?
Mais avant d’aborder l’étude en elle-même, il importe de faire un bref tour d’horizon sur l’ensemble des études critiques qui ont été menées antérieurement. Aussi, il est possible de dégager dans la panoplie d’études celles qui prennent en compte le sujet du présent mémoire. Aussi, conviendra-t-il de citer les études de quelque nature que ce soit, ayant un rapport avec l’étude faite dans le cadre de la présente recherche. Des critiques tels que Françoise Lavocat, Althusser Louis, Raymond Trousson, Gerard Genette, Todorov et Derathé ont tenté déjà de soumettre l’œuvre de Rousseau à une analyse critique. Ils ont tous abordé avant ce mémoire la question en jeu.
François Lavocat, dans un ouvrage intitulé Rousseau publié dans la Série ‘’les Ecrivains’’ livre ses critiques sur les grandes œuvres du célèbre penseur et y aborde entre autres, la question qui est le cœur du présent mémoire. Todorov Tzvétan et Gérard Genette ont dirigé la rédaction d’un ouvrage collectif, intitulé ‘’Pensée de Rousseau’’ et publié aux Editions Pont Seuil. Il y a aussi Robert Derathé qui a également produit une œuvre critique sur Rousseau. Quant à Raymond Trousson, il s’est intéressé à la fortune littéraire de la pensée de Rousseau.
Pour cerner les solutions que Rousseau propose dans ‘’Du Contrat Social’’, il faudra mettre à contribution les différentes méthodes d’analyse littéraire qui se prêtent à l’étude de l’œuvre qui fournit la matière à notre réflexion. C’est ainsi qu’il conviendra de passer en revue un certain nombre de méthodes qui paraissent y répondre. Aussi nous acquitterons-nous du devoir de justification des différents choix de méthodes opérés. Quelle sont alors les différentes approches méthodologiques susceptibles d’aider à la saisine de la pensée de Rousseau dans ‘’Du Contrat Social’’ ?
Un certain nombre de considérations et d’indices nous autorise à dégager les critères qui fondent la sélection des méthodes opératoires en la matière. Ainsi, retiendrons-nous, la sociocritique, la sémiotique.
S’agissant de la sociocritique, bien de théoriciens ont contribué à lui donner ses lettres de noblesse. Claude Duchet, Edmond Cros, Georges Luçkas, Lucien Goldman, tous chacun à sa manière et dans la touche particulière qu’il apporte, a donné du crédit à cette approche méthodologique. Mais la définition que nous mettons en avant ici est celle de Pierre Zima. Il définit l’approche sociocritique comme une tentative d’explication de la production littéraire, de sa structure et de son fondement à l’aune du contexte social, historique et institutionnel. Cette prise en charge de l’histoire par les structures textuelles s’opère par des modalités et par une médiation langagière qui affecte l’écriture littéraire. Cette méthode d’analyse est donc opératoire dans la mesure où une œuvre comme ‘’Du Contrat Social’’ a un fort ancrage socio-historique. Il est d’ailleurs une œuvre qui doit sa notoriété, sa fortune à la part déterminante qu’elle a prise dans la décadence de la Monarchie absolue et l’avènement de la République.
Il y a aussi la sémiotique. Celle-ci est présentée de façon succincte et claire par Jacques Fontanille dans un article intitulé : ‘’ Sémiotique et Littérature : Essai de méthode’’. Il y soutient que la théorie sémiotique est conçue pour rendre compte des articulations du discours conçu comme un tout de signification. Il s’agit ici de déconstruire les structures textuelles, de traquer l’impensé du discours, le signifié derrière le voile des mots. Le choix de cette méthode est donc judicieux pour saisir derrière les subtilités du langage rousseauiste l’étendue de sa pensée dans ‘’Du Contrat Social’’. Ces deux méthodes se combinent pour permettre de conduire cette étude selon les différents axes qui suivent : Ils sont au nombre de trois.
Aussi dans la première partie, il s’agira de préciser le contexte d’émergence de l’œuvre Du Contrat Social. Quant à la seconde, l’on s’attachera à montrer l’expression de la liberté face aux pouvoirs institutionnels.
Enfin le troisième portera sur la nécessaire conciliation des notions en conflit mais aussi la fortune littéraire de la dite problématique dans l’histoire littéraire.
PREMIERE PARTIE :
CONTEXTE GENERAL DE
L’EMERGENCE DE L’ŒUVRE
Évoquer le contexte d’émergence de l’œuvre intitulée "Du Contrat Social", c’est avant tout retracer brièvement le parcours de son auteur. C’est bien sûr parcourir sa biographie. En outre ce serait insister sur les convictions idéologiques, mais aussi les conditions et les circonstances de l’histoire qui l’ont poussé à écrire "Du Contrat Social".
CHAPITRE I : LA VIE ET LA PENSEE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SECTION I : La vie de Jean Jacques Rousseau
Jean-Jacques Rousseau est né en 1712 à Genèse, dans une famille protestante. Son père était un artisan graveur. Sa mère, fille de pasteur décède à la naissance de Jean-Jacques. Ses origines modestes ne sont pas handicap pour l’accès à une culture brillante. Sa mère possédait déjà une bibliothèque
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