La différence entre l'Homme et l'animal
Par Ramy • 26 Novembre 2018 • 2 542 Mots (11 Pages) • 606 Vues
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l’on est ainsi amené à reconnaître qu’en dehors des phénomènes psychiques conscients, il en existe qui ne le sont pas, cela signifie que la conscience perd son pouvoir en même temps que sa prétention à nous apporter une connaissance lucide de ce que nous sommes. Si l’activité de ces phénomènes inconscients est particulièrement efficace dans les cas pathologiques, ils n’en existent pas moins chez l’individu « normal ». En sorte que ne pénètrent dans la conscience de ce dernier que des phénomènes qui risquent d’être à la fois superficiels et trompeurs (ne serait-ce que relativement à l’importance qu’on leur accorde).
[C. Sa portée explicative est en effet moindre que celle de l’inconscient]
Ce qui rend l’hypothèse de l’inconscient plausible, c’est que son repérage permet d’expliquer des phénomènes dont la conscience seule ne peut rendre compte. En montrant par exemple que les représentations de l’inconscient sont dynamiques et refoulées, Freud élabore une théorie du rêve beaucoup plus satisfaisante que toutes celles qui l’ont été avant lui, puisqu’il parvient à proposer une analyse des images oniriques qui explique à la fois leur provenance, leur contenu apparent, leur sens profond et leur fonction ou « utilité » (comme réalisation déguisée d’un désir, ou « gardien du sommeil »). De manière plus générale, c’est vient l’affirmation d’une activité inconsciente capable d’influencer le comportement qui établit la cause des névroses, et fournit simultanément le moyen de les traiter – au moins partiellement. Or les théories fondées sur la suprématie de la conscience n’y parviennent pas.
Exemple de dissertation rédigée : la conscience peut-elle nous tromper ? 4
Mlle PEREZ-GARINO Cours de philosophie Lycée des Iscles –Manosque 2008-2009
[III/ Comment soupçonner philosophiquement la conscience ?]
[A. Et si la conscience n’était qu’un effet ?]
Freud n’était pas philosophe, et il se méfiait même de la philosophie. Par ailleurs, ses
théories ne sont pas « scientifiques » (le critère de falsifiabilité ne leur est pas applicable). Mais cela ne suffit pas por qu’on puisse rétablir l’empire de la conscience, car des philosophes ne sont pas privés de le mettre en question, chacun à sa manière.
La célèbre formule de Marx : « ce n’est pas la conscience qui détermine l’existence des hommes, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience » (Critique de l’économie politique) signale qu’en faisant de la conscience la raison déterminante la raison déterminante des conduites humaines, on se fait beaucoup d’illusions : chaque sujet est en réalité défini, dans ses formes et ses contenus de conscience, par son statut social (en termes plus marxistes, par son rôle dans la production). En sorte que, loin de maîtriser ce qu’il ressent ou pense, le sujet se trouve contraint à ressentir ou à penser d’une certaine façon par son appartenance à une « classe ». La conscience individuelle n’est que la possibilité d’introduire quelques variantes dans une « conscience de classe » qui est première et indépendante de la volonté. Freud dira que la source de nos préférences et de nos goûts risque de nous rester mystérieuse ; Marx considère que chacun « hérite » des préférences et des goûts qui sont ceux de sa classe.
[B. On peut alors envisager qu’elle soit « aliénée »]
Mais la conscience de classe elle-même n’est pas lucide : celle de la bourgeoisie s’imagine être la seule, celle du prolétariat est « aliénée » ou fausse dès lors qu’elle doit remplacer ses représentations par celles de la conscience bourgeoise. Toutes les deux sont donc fausses, et il appartient alors a philosophe (marxiste) d’en dénoncer les erreurs. Ce privilège provient d’une posture assez déroutante : il est le seul qui n’appartiennent à aucune classe, puisqu’il doit « trahir » la bourgeoisie dont il est issu sans pouvoir s’intégrer au prolétariat dont il prend le parti. Il resterait cependant à prouver qu’une telle extériorité garantit la vérité de ses analyses... On en retiendra néanmoins la difficulté que rencontre la conscience « normale » pour coïncider avec la vérité.
[C. La conscience n’est-elle pas sous la domination du langage ?]
Mais la vérité elle-même ne peut être mise en forme que par le langage, de même que n’importe quel fait de conscience. Indépendamment de Freud ou de Marx, on peut en venir à s’interroger, très radicalement – et cela concerne alors la conscience classique elle-même -, sur les capacités du langage à formuler ce qui a vraiment lieu. C’est le point de vue adopté par Nietzsche : non content de souligner que la conscience est « superflue pour l’essentiel » puisque nous pouvons accomplir ce qui est utile à notre vie quotidienne (manger, respirer) sans qu’elle intervienne, il fait remarquer que la «prise de conscience» de tot phénomène fait nécessairement intervenir le langage, qui est par définition commun, puisqu’il doit correspondre à des faits ou à des situations vécues par ce qu’il nomme le « troupeau ». Dès lors, cette mise en
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Mlle PEREZ-GARINO Cours de philosophie Lycée des Iscles –Manosque 2008-2009
mots déforme, aliène la singularité : toute prise de conscience nous éloigne de la vérité la plus intime pour adapter cette intimité à la banalité collective. L’aliénation dénoncée est immédiate : elle est constitutive de la conscience elle-même et de son seul fonctionnement possible. Là où un sujet croyait y voir clair en lui, il ne trouve en réalité q’un portait modifié.
[Conclusion]
Que la conscience nous trompe est une idée qui ne pourrait scandaliser qu’un esprit acharné à la comprendre comme toute-puissante et synonyme de connaissance et de lucidité parfaite. Or, les soupçons portés sur ses capacités authentiques abondent, au moins depuis le XIXè siècle. Il en résulte que c’est la notion même de « je » ou de « moi » qui se trouve mise en cause : sa clôture n’est plus guère admise, même si le quotidien continue à nous inviter à y croire. On sait qu’il n’est pas possible, dans la vie ordinaire, de tenir compte des apports freudiens. Sans doute n’est-il pas davantage possible de se persuader
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