Travail pratique bio et géo, visite de deux domaines agriculture bio et conventionnelle
Par Matt • 17 Février 2018 • 3 085 Mots (13 Pages) • 673 Vues
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Nous savons que monsieur Delay se fait beaucoup de soucis sur l’avenir de la filière du lait (estime qu’il gagne 10 à 15.- de l’heure avec le bétail) car il a investi afin de rénover toute la grange accueillant les vaches et afin d’avoir un matériel de traite à la pointe. Il est dans une situation où il ne peut plus s’endetter, il a atteint un plafond. Là est sa contrainte principale. Cette situation peut s’avérer dangereuse dans le cas d’un désagrément imprévu impliquant d’importants frais… La réalité économique est dure et imprévisible dans ce métier et les compensations de l’état ne peuvent pas toujours tout remplacer.
L’alpage s’inscrit plus dans la logique agricole que dans la tradition : l’été, les vaches de M. Delay sont à “l’alpage“ et il a donc une charge en moins sur les épaules et peut s’occuper de ses champs. Monsieur Delay pourrait saisir l’opportunité de mettre plus de haies, endroits où la faune peut s’épanouir, et de recevoir par la même occasion d’autres paiements directs.
Cette exploitation, sur la lancée où elle se trouve, pourrait sans problème être de celles qui se convertissent au bio dans les prochaines années. Pour l’instant il se trouve plutôt dans une logique de hausse de la production alors que la demande n’est, quant à elle, pas en hausse. Pourquoi ne pas accorder moins de place à la quantité et encore plus à la qualité ?
Le 1er mai, nous sommes allés visiter l’exploitation familiale de Monsieur Gebhard à Vaux-sur-Morges (VD) ; ce dernier est agriculteur depuis 30 ans (a dans la 50aine avancée), il a repris la ferme de son grand-père qui était suisse-allemand, a fait de longues études qui font aujourd’hui de lui un paysan et agronome de terrain expérimenté. Son exploitation compte 50 hectares (loués, achetés ou hérités) partagés en plusieurs zones assez éloignées les unes des autres ce qui complique l’organisation (beaucoup de trajets). Le domaine est de type biologique[5] (BIO) et possède de nombreuses vaches allaitantes (nombre qui varie) ainsi que des chevaux (ici, par sentimentalisme → pas de revenu, coût !) et des ânes. Ici, c’est de la viande que l’on produit (avant c’était du lait mais a décidé de changer) : le problème du prix du lait n’est donc pas à l’ordre du jour. Il possède un seul taureau (qui fait bien son devoir), 40 mères et 40 veaux (env. 100 bovins). Il est important d’être une fin observatrice avec les vaches allaitantes, elles permettent plus de souplesse au niveau de l’organisation mais elles ne représentent pas forcément moins de travail que les vaches laitières. Pendant plus de 20 ans l’exploitation a été considérée comme conventionnelle (PER/PI) et c’est il y a deux ans que Monsieur Gebhard a décidé d’entamer une conversion au BIO ; label qu’il affiche fièrement depuis le début de l’année. Monsieur Gebhard fait principalement de la production animale mais consacre tout de même 30 ha de son domaine à la production céréalière : blé, maïs, critiquât, lin, tournesol, trèfle à graine, orge, colza, soja, sorgho, prairie temporaire, légumineuses,…
Comme vous l’aurez compris, aucun intrant chimique n’est admis sur ce domaine ce qui fait que Monsieur Gebhard doit revenir à une agriculture plus traditionnelle et réellement travailler avec la nature, et ne pas travailler la nature En utilisant un tas de techniques, parfois très anciennes comme la rotation des cultures et parfois complexes ou même expérimentales comme les cultures associées, il arrive à un assez bon rendement et sans aucun engrais excepté les naturels. En étant BIO il est obligé d’être plus souple qu’en PER, il faut savoir saisir les opportunités que présente la nature et savoir se plier à elle et être flexible plutôt que le la faire se plier à nous à l’aide de pesticides, d’engrais.
Nous avons affaire à une agriculture assez innovatrice, dans tous les cas extrêmement respectueuse de la nature et qui occupe encore un petit marché qui ne demande qu’à s’agrandir en fonction de l’offre et de la demande. M. Gebhard à des contraintes au niveau de la distance séparant ses terres et au fait qu’il doive satisfaire à certaines exigences très stricte pour avoir le label BIO mais peut certainement vendre ses produits plus cher et reçoit un soutien financier de l’Etat quand, par exemple, il perd un petit veau. Nous avons remarqué la grande diversité des céréales qu’il plante suivant les années, certaines étant parfois peu conventionnelles. M. Gebhard est lui aussi endetté, principalement pour avoir fait un investissement à long terme : poser des panneaux photovoltaïques sur une bonne partie du toit de sa ferme. Ces derniers sont tout-à-fait concordent avec le reste de sa logique agricole qui est de travailler avec la nature et en tout cas pas contre elle. C’est un peu une philosophie de vie qui s’est imposée à lui au fil du temps et qu’il aura très certainement transmise à son fils.
Concilier production et préservation :
Il est important de dire que la Suisse ne vise pas une agriculture très intensive n’ayant pas pour but uniquement la productivité comme on peut le voir aux Etats-Unis ou en France. Les agriculteurs, même ceux ayant un domaine relativement grand comme monsieur Delay, respectent tous un certain nombre de règles écologiques plus ou moins bien. La politique agricole du pays mène gentiment les paysans à une prise de conscience (si ce n’est déjà le cas) de l’importance de l’écologie, des dégâts de certains modes de cultures et les aide à penser de manière durable afin d’assurer des terres fertiles à long terme.
Monsieur Delay respecte des normes très stricte sur la protection de l’environnement et pratique une agriculture qui est l’intermédiaire entre rendement et écologie : elle n’est plus conventionnelle mais n’arrive tout de même pas au niveau du BIO.
M. Gebhard, lui, a une agriculture qui n’a pas pour but principal la productivité mais plutôt la qualité au travers de la promesse du meilleur respect envisageable pour l’environnement au travers du label BIOSUISSE du BOURGEON.
Ce sont deux visions différentes ; l’une vise à nourrir la population qu’elle ait ou non une conscience écologique, l’autre à nourrir les riches avec une conscience écologique. Mais bien entendu aucune des deux n’est désastreuse pour l’environnement, bien au contraire.
Quatre pratiques agricoles représentatives :
Premièrement, il y a la rotation des cultures qui peut être sur quatre, six, huit, … ans : si l’agriculteur
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