Tatouages et encres de tatouage, existe-il un danger ?
Par Ninoka • 29 Novembre 2018 • 6 083 Mots (25 Pages) • 570 Vues
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L’étymologie du mot « tatouage » vient du tahitien tatau, qui signifie « marquer », « dessiner » ou « frapper » et dérive de l'expression « Ta-atouas ». La racine du mot, ta signifie « dessin » et atua signifie « esprit, dieu ».
Le Journal Officiel publie un arrêté, daté du 6 mars 2013, « fixant la liste des substances qui ne peuvent pas entrer dans la composition des produits de tatouage ». Après des débats entre le gouvernement, le syndicat national des artistes tatoueurs et les scientifiques, la loi n’est pas retenue. On peut alors se demander s’il y a des risques lors d’un tatouage ?
Nous verrons tout d’abord où et comment se réalise un tatouage, puis nous étudierons les encres de tatouages et leurs propriétés. Ensuite, nous aborderons les risques pouvant être engendrés suite à un tatouage. Pour finir, nous découvrirons l’avis de deux professionnels dans ce domaine : un artiste tatoueur et un dermatologue.
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Historique
Le tatouage est une pratique aussi ancienne que notre civilisation. Voici les principales dates montrant l’évolution du tatouage.
On assimile l’origine du tatouage à la découverte d’une momie péruvienne tatouée datant de 6000 avant Jésus-Christ (J.-C.). La pratique se répand en Eurasie puisque l’on constate que des corps momifiés datant de 3500 avant J.-C. sont tatoués eux aussi. Des archéologues ont découvert des momies féminines tatouées vieilles de 4000 ans environ en Egypte. L’expansion du tatouage connait un véritable déclin durant le VIIIéme siècle, lorsque le pape Adrien le bannit car il le considère comme un rite païen.
Cependant, en 1770, les explorateurs redécouvrent le tatouage lors des voyages dans le Pacifique Sud. Le tatouage est alors reconsidéré comme un art. Samuel O’Reilly invente la première machine à tatouer électrique appelée « dermographe » (figure 1) en 1891, ce qui marque un tournant dans la pratique du tatouage. Il faut pourtant attendre la fin du XXème siècle pour que le tatouage commence à se populariser dans les pays occidentaux.
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La peau : support du tatouage
La peau est le support du tatouage. En effet, l’encre va pénétrer la peau et s’insérer entre l’épiderme et le derme afin de laisser une marque indélébile, visible au niveau macroscopique. Afin de mieux appréhender le mécanisme du tatouage, nous allons étudier en détail la structure de la peau.
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Rappels sur la peau [1, 2]
La peau est l'enveloppe du corps. Elle est en continuité avec les muqueuses recouvrant les cavités naturelles de l'organisme. C'est le plus gros organe de l'être humain, représentant un tiers du poids de l'organisme et une surface de l'ordre de 2 m2 chez un adulte.
La structure de la peau est complexe. Elle est composée de quatre couches : l'épiderme, la jonction dermo-épidermique, le derme et l'hypoderme (figure 2). On parle d’une peau épaisse ou fine en fonction de l'épaisseur de son épiderme. La peau épaisse est présente au niveau de la paume des mains et des plantes des pieds. L'épaisseur du derme et de l'hypoderme peut aussi être variable mais cela ne dépend pas de l’épiderme.
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L’épiderme
L’épiderme étant la couche la plus externe, elle sera la première à être traversée par l’aiguille lors du tatouage. Cette couche est un épithélium de revêtement stratifié, pavimenteux et kératinisé. Il est composé de quatre types cellulaires (figure 3) : les kératinocytes représentent 80% des cellules épidermiques ; les mélanocytes, les cellules de Merkel et les cellules immunocompétentes (cellules de Langerhans et lymphocytes γδ) représentent les 20% de cellules restantes. Les couches les plus superficielles sont la couche cornée où se trouve les kératinocytes les plus âgés et la couche granuleuse composée de trois à cinq strates de kératinocytes plus ou moins aplatis. La couche la plus profonde est la couche basale où « naissent » les kératinocytes.
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La jonction dermo-épidermique
La jonction dermo-épidermique (figure 4) sépare l’épiderme du derme. De même que l’épiderme, cette couche sera traversée lors du tatouage. Elle est le support mécanique pour l’adhésion de l’épiderme au derme. Elle permet de déterminer la polarité des kératinocytes dans l’épiderme ainsi que l’organisation spatiale des kératinocytes et donc la structure de l’épiderme. Lorsque l’épiderme se stratifie, les kératinocytes qui se multiplient restent au niveau de la membrane basale et les cellules-filles produites migrent dans les couches supérieures de l’épiderme.
La jonction dermo-épidermique est une barrière sélective qui contrôle les échanges moléculaires et cellulaires entre l’épiderme et le derme. Elle possède également un rôle essentiel lors de la réépidermisation* pendant la cicatrisation* cutanée en servant de support pour l’adhésion et la migration des kératinocytes.
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Le derme
Le derme (figure 5) est un tissu conjonctif essentiellement composé d’une matrice extracellulaire produite par des fibroblastes, qui sont majoritaires dans cette partie de la peau. C’est dans cette couche que l’encre va se loger de manière définitive. On divise le derme en deux régions qui possèdent des compositions et des organisations de leur matrice extracellulaire différentes.
- Le derme papillaire, le plus superficiel, se situe sous la jonction dermo-épidermique pour former les papilles dermiques entre les crêtes épidermiques.
- Le derme réticulaire, le plus profond, est un tissu conjonctif plus dense composé d’un réseau de faisceaux de grosses fibres de collagène et de fibres élastiques orientés de façon parallèle à la surface de la peau.
Le derme comporte des cellules du système immunitaire : les cellules dendritiques dermiques, les macrophages et les mastocytes. Le derme comprend également des vaisseaux lymphatiques, des vaisseaux
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