Le bien-être des personnes âgées
Par Junecooper • 12 Juin 2018 • 12 087 Mots (49 Pages) • 539 Vues
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Après 65 ans, les rythmes de sommeil changent également. Les réveils nocturnes sont plus fréquents. L’appétit évolue aussi avec une perte de sensation de satiété qui pousse certaines personnes à être plus rigides sur les horaires des repas par exemple, pour compenser ce manque de maîtrise, sans doute inconsciemment (Bee et Boyd, 2011).
1.2 Déclin cognitif
Sur le plan cognitif, on observe là encore un déclin à l’âge adulte avancé, avec un ralentissement général de l’activité cérébrale dû à une perte de plasticité synaptique, qui se traduit notamment par des difficultés d’attention, de mémoire… alors qu’a contrario, la créativité semble préservée et florissante pour les personnes déjà dotées de cette capacité. Faisant le bilan de leurs créations passées, elles tendraient à se fixer de nouveaux objectifs à l’âge adulte avancé, avec le désir de ne rien laisser inachevé (Bee et Boyd, 2011). La créativité est aussi synonyme pour elles d’affirmation de leur personnalité, dans un contexte de liberté retrouvée, après des années passées à assumer des responsabilités familiales et/ou professionnelles.
Conclusion
Quoiqu’il en soit, l’inéluctable déclin physique et cognitif s’accélèrerait après 75/80 ans, avec là encore des situations individuelles très différentes (Bee et Boyd, 2011). Nous ne sommes donc pas tous égaux devant la capacité à vieillir. Notre âge réel n’est pas forcément corrélé avec notre âge physiologique (De Jaeger, 2008). Outre l’hérédité (dont maladie d’Alzheimer), les caractéristiques du système immunitaire ou du tissu endocrinien (De Jaeger, 2008), le sexe, l’état de santé, les habitudes de vie (tabac, activité physique et intellectuelle, alimentation…), les relations sociales et familiales, l’autonomie, la liberté de choix et notamment l’engagement choisi (bénévolat, petits-enfants…), le sentiment de maîtriser sa vie et la capacité à modifier ses attentes, jouent également un rôle primordial dans les processus qui conduisent ou non à un vieillissement harmonieux (Bee et Boyd, 2011).
Cette description d’un processus de vieillissement progressif, ne signifie pas forcément qu’il soit linéaire. Célérier (2001) fait ainsi un lien entre vieillissement et accumulations de pertes successives. Vieillir ne serait en quelque sorte qu’une succession au fil du temps de deuils tant sur le plan physique, psychique, affectif que social, jusqu’à la « non-vie ». Pour De la Noé (2001), l’entrée dans la vieillesse serait ainsi marquée par un évènement : la retraite pour certains, mais pas seulement. Cela peut être un accident, la perte du conjoint, une maladie… Jeandel (2005) précise que cet évènement qui survient généralement de manière brutale, s’accompagne d’une perte de trop en quelques sortes, qui ferait résonnance à des pertes plus anciennes. Tout dépend alors pour l’individu de ses capacités à faire face, le danger étant qu’il n’ait plus les moyens d’élaborer psychologiquement ce deuil de trop.
Bee et Boyd (2011) soulignent également l’importance de l’atteinte de l’intégrité, c'est-à-dire du sentiment d’avoir eu une vie remplie et utile. Ce sentiment passerait par l’acceptation par la personne âgée de ce qu’elle est et de ce qu’elle a été, de ses choix saisis ou non, et finalement du caractère inéluctable de la mort. Faute de quoi, elle pourrait sombrer dans un sentiment de désespoir devant le peu de temps qui lui reste.
La représentation très partagée de la personne âgée déprimée a cependant été battue en brèche par des études canadiennes récentes qui montreraient qu’il s’agirait d’un stéréotype dû à « l’âgisme », cette attitude générale négative à l’encontre des personnes âgées dans nos sociétés occidentales, où le vieillissement va à l’encontre des valeurs d’efficacité, de productivité, de beauté…. (Bee et Boyd, 2011 ; Christen-Geissaz, 2008). La prévalence des cas de dépressions serait en effet supérieure chez les jeunes adultes, même si certains facteurs de risques existent chez la personne âgée (deuils, manque de soutien, problèmes de santé, ressources financières limitées…). Au contraire, la résilience émotionnelle et les capacités de conation des personnes âgées (De Ladoucette, 2011) permettraient à nombre d’entre elles de conserver une vision optimiste de leur situation de vie et d’elles-mêmes (Bee et Boyd, 2011).
Mais la personnalité évolue dans la continuité, tout au long de la vie, et le modèle qui semble prévaloir concernant la satisfaction de vivre, entrant pour une bonne part dans le bien-être subjectif (OECD, 2013), l’assimilerait à un bagage personnel transporté avec soi au fil des années. Autrement dit, les jeunes adultes positifs, satisfaits de la vie, deviendraient des personnes âgées également satisfaites et positives, capables de s’adapter et de modifier leurs attentes en fonction de leurs nouvelles contraintes et conditions de vie (Bee et Boyd, 2011).
Encore faut-il définir ce qu’est le bien-être et s’il est possible de le mesurer.
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Concepts et mesures de bien-être
Le Robert (2013, p. 204) donne deux définitions du bien-être. Celle d’une « Sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques, l’absence de souci », et celle d’une « Situation matérielle qui permet de satisfaire les besoins de l’existence ». Le concept de bien-être est donc ambivalent, oscillant entre des aspects subjectifs, plus ou moins furtifs, et des aspects objectifs qui le lient étroitement à la notion un peu différente de qualité de vie. Le bien-être pourrait ainsi être considéré comme la composante essentiellement subjective de la qualité de vie, et la qualité de vie comme la composante objective du bien-être (Stiglitz, Sen et Fitoussi, 2009 ; WHO Regional office for Europe, 2013).
Ces aspects objectifs et subjectifs sont eux-mêmes multidimensionnels et ont fait l’objet de multiples travaux internationaux depuis les années 60, tant pour les définir que pour les mesurer (Bouffard, Dubé, Lapierre et Bastin, 1996 ; Kop, 1993 ; Missotten, Ylieff, Etienne, Adam et Dupuis, 2012 ; OECD, 2013 ; WHO Regional office for Europe, 2013).
Faisant le constat d’une absence de consensus sur la question, à l’instar de l’Organisation Mondiale de la Santé (WHO Regional office for Europe, 2013), l’Organization for Economic Co-operation and Development[1] (OECD)
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