Stimuler la croissance économique
Par Ramy • 20 Mars 2018 • 2 666 Mots (11 Pages) • 441 Vues
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Un des changements importants imposé par la mondialisation concerne les effectifs. Les grands groupes ont souvent opéré des réductions de personnel (licenciements, reclassements…) dans le cadre de restructurations afin de réduire les coûts et de bénéficier d’économies d’échelle. La concurrence internationale a imposé aux grandes entreprises de rechercher le coût minimal (pression sur les salaires) et donc, parfois, d’externaliser certaines activités (gestion, comptabilité…). Parler à ce moment des conséquences sociales des délocalisations et restructurations des grandes entreprises dans le cadre de la mondialisation actuelle (chômage, difficultés sociales, reclassements, concentrations d’activités professionnelles liées aux concentrations des filiales…).
L’ouverture internationale a également créé des opportunités en termes de coût salarial, d’avantages fiscaux, de proximité des marchés…, expliquant de vastes mouvements de délocalisation des activités (implantation de Peugeot en Slovaquie, par exemple).
c) L’innovation au cœur même des changements dans les grandes entreprises capitalistes sous la pression internationale
Pour Joseph Schumpeter, l’innovation se réalise avant tout dans les petites structures, mais les grandes entreprises ont un rôle crucial de diffusion de ces innovations. Cependant, les positions de monopole ne peuvent que ralentir l’innovation et déboucher sur la fin du capitalisme. L’histoire économique n’a pas complètement donné raison à l’auteur autrichien (cf. La légende de l’entrepreneur, par Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis, éd. Syros, 1999) et les grands groupes consacrent une partie importante de leurs ressources à l’innovation, afin surtout de se positionner sur l’échiquier international (exemple de Microsoft).
Les grands groupes se protègent en matière de propriété intellectuelle (brevets essentiellement), ce qui leur permet de se maintenir sur le marché mondial en limitant la concurrence.
L’investissement en capital humain (recherche, formation…) apparaît être une condition importante pour que les grandes entreprises se développent dans l’économie mondiale (théorie de la croissance endogène). Pour des auteurs comme Robert Reich ou Paul Krugman, les évolutions du commerce international obligent les grandes entreprises occidentales à se situer sur cet avantage comparatif qu’est l’avance technologique. D’autres auteurs, comme Michael Posner et Raymond Vernon (théorie du cycle de vie du produit avec déplacement du capital investi nationalement vers l’extérieur) dans les années 1960, voire Kaname Akamatsu (théorie du développement en vol d’oies sauvages avec l’importance des stratégies de remontée de filières) dans les années 1930, avaient déjà montré l’importance de l’écart technologique et les stratégies des grandes firmes à l’exportation.
II) L’intégration internationale des grandes entreprises capitalistes a suscité des changements organisationnels et stratégiques importants
a) Les flexibilités organisationnelles comme clés de la réussite internationale des grandes firmes
Alfred Chandler (représentant de la « business history ») a montré que, sur le long terme, les firmes (surtout américaines) qui réussissaient étaient celles qui avaient des capacités d’adaptation organisationnelle aux nouvelles conditions internationales du marché (la structure en « M » pour multidimensionnelle ayant plus d’atouts que la forme en « U » centralisée en départements). Pour Chandler, « la main visible des managers » (titre d’un de ses livres de 1977) l’emporte sur la main invisible du marché (Adam Smith) car les grandes entreprises ont su imposer leurs stratégies au marché mondial.
Ronald Coase (dans The Nature of the Firm, 1937) ou par la suite Oliver Williamson ont démontré que les grandes entreprises, par leur fonctionnement, ont des coûts de transaction plus faibles que le recours au marché (théorie des coûts de transaction). Ainsi, ces grandes structures possèdent des avantages (réseau de distribution, pouvoir de négociation, capacités de recherche…) qui leur permettent de mieux se développer dans l’économie mondiale. La minimisation des coûts est un critère de développement.
Dans les années 1980-1990, sous l’impulsion de nombreux travaux comme Le prix de l’excellence de Tom Peters et Robert Waterman (1983) qui fut, en son temps, un best-seller des nouvelles méthodes de gestion dans les grandes entreprises, le maître mot devient « flexibilité ». La conquête de nouveaux marchés sur un plan international suppose une adaptation permanente des groupes sur les plans organisationnels : adaptation de la main-d’œuvre en termes de coût et de qualifications, prise en compte indispensable de la nature des marchés ciblés… Les méthodes de gestion changent fondamentalement : les cinq zéros (délai, panne, papier, défaut, stock), le « just in time » ou juste-à-temps, la direction participative par objectifs, les cercles de qualité. Les Américains parlent de « reengineering ». Importance des travaux d’auteurs comme Peter Drucker ou encore Michael Porter.
b) De l’entreprise multinationale à la firme mondiale
David Ricardo et les classiques concevaient le commerce international comme un échange entre les nations. La réalité actuelle du commerce mondial semble plutôt être celle d’échanges entre les firmes. Ainsi, la recherche de spécialisations dans un cadre de décomposition internationale des processus de production (Bernard Lassudrie-Duchêne) a amené les entreprises à organiser leur production selon une géographie mondiale et non plus nationale. Beaucoup d’activités sont décentralisées, développant ainsi un commerce intra-branche important.
Pour se développer à l’étranger, les grandes entreprises ont procédé très souvent et dans un premier temps à la filialisation. Pour John Dunning (1984), dans son paradigme dit « OLI », lorsque la grande entreprise cumule les avantages spécifiques de localisation et d’internationalisation, elle doit s’implanter à l’étranger et non exporter. Cette théorie de la multinationalisation des firmes est un point important à développer. Mobiliser pour ce faire les analyses de Jean-Louis Mucchielli, de Michel Rainelli et de Wladimir Andreff, qui montrent que les stratégies des grands groupes sont passées du multinational au global.
D’autres auteurs comme Charles-Albert Michalet pensent que les firmes actuelles ne sont
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