Les Chinois à Hollywood : Wanda rachète AMC
Par Andrea • 3 Novembre 2018 • 1 938 Mots (8 Pages) • 3 079 Vues
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d’Hollywood, qui étaient impatients de s’étendre sur le marché chinois. Wanda cherchait aussi à obtenir une licence lui permettant de distribuer des films étrangers en Chine, licence qui pour le moment était détenue par deux entreprises publiques. Cependant, rien n’indiquait à ce moment que les autorités chinoises lui accorderaient cette licence. En dehors des cinémas, Wanda envisageait d’autres opportunités aux États-Unis, où AMC pouvait servir de plateforme pour le développement d’hôtels, de logements ou de centres commerciaux.
Wanda et l’industrie chinoise du divertissement
Wanda investissait depuis longtemps dans la culture et dans le divertissement, ce qui était en phase avec l’ambition générale de la Chine. Quand le rachat fut annoncé, Wang Jianlin déclara ainsi : « Wanda consacre d’important investissements à l’industrie du divertissement et est déjà leader dans ce domaine en Chine. Nous avons investi plus de 1,6 milliard de dollars dans la culture et le divertissement depuis 2005. Nous partageons avec AMC une passion pour la croissance mondiale de l’industrie du cinéma. Nous sommes impatients de travailler avec les équipes d’AMC et de nous appuyer sur leurs remarquables atouts. »
Le communiqué de presse de Wanda publié lors de l’acquisition poursuivait : « Le groupe Wanda a commencé à investir massivement dans les industries culturelles en 2005. Il est entré dans cinq industries, qui couvrent les expositions, les spectacles vivants, la production et l’exploitation de films, les chaînes de divertissement, la calligraphie chinoise et les collections de tableaux. Wanda a investi plus de 1,6 milliard dans les industries culturelles, ce qui en fait le premier investisseur privé dans ce domaine en Chine. »
L’acquisition d’AMC s’inscrivait dans un effort plus général de développement de l’industrie de la culture et du divertissement en Chine. Le cinéma y connaissait un succès croissant, avec une forte
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expansion du marché du film. Les entrées en salles avaient augmenté de 30 % en deux ans, pour atteindre 2,1 milliards de dollars en 2011, ce qui faisait désormais de la Chine le premier marché à l’export d’Hollywood, devant le Japon. Le pays investissait fortement dans le cinéma et l’animation et envisageait la construction d’un grand nombre de multiplexes afin de répondre à la demande de la classe moyenne. Chaque jour, 8 nouvelles salles s’ajoutaient aux 9 200 déjà en exploitation. L’objectif était de disposer d’un parc de 25 000 salles dans les cinq ans. Le gouvernement prévoyait un parc de 40 000 salles en 2040, soit approximativement le même nombre qu’aux États-Unis en 2012. La production de films devait aussi se développer. Au total, le marché du cinéma était une industrie en forte croissance, portée par l’augmentation du niveau de vie de la population.
La gestion de l’entrée aux États-Unis
L’acquisition d’AMC par Wanda suscita quelques inquiétudes aux États-Unis. AMC était une marque très connue du grand public, et un de ses slogans avait été « L’expérience cinéma américaine ultime ». Son rachat soulignait l’accroissement de l’influence chinoise sur l’industrie cinématographique américaine. Certains observateurs rappelaient que de nombreux films américains étaient censurés ou même interdits en Chine. Wang Jianlin était après tout un membre du parti communiste chinois. Il était même représentant à la Conférence consultative politique du peuple de Chine. On pouvait donc craindre qu’au travers du rachat d’AMC, la censure de films politiquement contestataires devienne courante aux États-Unis. Comme le rappelait le journal USA Today : « Pékin investit fortement dans l’extension de son influence culturelle, en renforçant la présence des médias officiels chinois à l’étranger, y compris aux États-Unis, où le gouvernement chinois a même diffusé des publicités sur Time Square à New York. »
Les investissements chinois aux États-Unis avaient déjà déclenché des réactions officielles : le gouvernement américain avait ainsi interdit des prises de participation dans les télécommunications et dans l’énergie, pour des raisons de sécurité nationale. Cependant, le cinéma avait peu de chance d’être considéré comme une industrie stratégique pour les États-Unis. Pour autant, l’acquisition devait être formellement approuvée par les autorités américaines et chinoises.
Wang Jianlin assurait que Wanda n’avait « aucune intention de promouvoir les films chinois aux États-Unis » et que le directeur général d’AMC continuerait à « décider quels films seraient projetés » dans les salles du groupe. Il précisa aussi qu’AMC serait toujours dirigé depuis son siège de Kansas City. L’équipe dirigeante serait maintenue et continuerait à prendre les décisions quotidiennes, notamment celles concernant la programmation. Wanda n’interférerait pas dans ces choix. Wang Jianlin rappelait que l’opération avait notamment été conditionnée au maintien des 40 principaux dirigeants d’AMC : « Le point crucial, c’est de garder l’enthousiasme de l’équipe en place et de tous les collaborateurs […] Ce qui compte avant tout, c’est le facteur humain. La seule chose qui a changé, c’est le patron. » Dès 2013, AMC, en pertes chroniques depuis des années, était redevenu bénéficiaire.
Sources : Communiqué de presse d’AMC, 20 mai 2012 ; Le Monde, 13 septembre 2013 ; Chinadaily.com, 23 mai 2012 ; Communiqué de presse de Dalian Wanda, 21 mai 2012 ; Financial Times, 22, 23, 26 et 28 mai 2012 ; LAtimes.com, 20 mai 2012 ; New York Times, 20 mai 2012 ; Reuters, 21 mai 2012 ; The Washington Post, 21 mai 2012 ; Wall Street Journal, 21 mai 2012.
Questions
1. En utilisant le modèle de Yip (voir le schéma 8.2), déterminez quels facteurs d’internationalisation ont été les plus importants lorsque Wanda est entré sur le marché américain en rachetant AMC.
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