La stabilité de la demande de monnaie
Par Andrea • 23 Mars 2018 • 3 033 Mots (13 Pages) • 615 Vues
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La différence entre la vitesse transaction de FISHER et la vitesse-revenu est mise en avant dans le graphique annexe, pour les années 1998 à 2007.
En effet, on constate une évolution similaire des deux courbes, qui sont toutes les deux décroissantes sur la période, mais la vitesse transaction reste plus élevée que l'inverse de la vitesse revenu pendant les 7 premières années.
Par exemple en 1998, la vitesse transaction est égale à environ 4,8 alors que l'inverse de la vitesse-revenu est égal à environ 4,2.
Cette différence s'explique par le fait que la vitesse transaction prend en compte le PIB dans son calcul, qui est égal à tous les biens et services nouveaux et d'occasion produits dans une économie, alors que la vitesse-revenu ne prend en compte que le Revenu National Disponible, qui lui ne prend en compte que les biens et services nouveaux produits dans l'économie.
Le RND étant inférieur au PIB, la vitesse-revenu est donc inférieur à la vitesse transaction.
Enfin, à partir de 2005, les deux courbes deviennent similaires et sont égales, par exemple, à 3,2 en 2006.
b- Les déterminants de la vitesse-revenu
La vitesse-revenu étant déterminée par une fonction de demande de monnaie, PIGOU va en analyser ses différentes composantes.
La demande de monnaie dépend tout d'abord de la productivité de l'instrument de paiement. En effet, le besoin de monnaie est déterminé par l'importance de la masse des paiements à effectuer laquelle dépend du revenu et de l'intensité de l'utilisation de la monnaie. Ceci conduit à la notion d'encaisses de transaction, c'est à dire au besoin d'encaisses à des fins de transactions. Ce besoin étant déterminé par le revenu des agents : plus le revenu est élevé, plus la volonté de réaliser des transactions est élevée, la vitesse-revenu n'est donc pas stable car elle dépend du niveau de revenu qui est un flux.
De plus, le besoin de monnaie dépend aussi de la productivité de la fonction de réserve de valeur de cette monnaie. Plus la monnaie offre de services de liquidité, de sécurité et de précaution, en d'autres termes plus la monnaie est sûre, plus elle sera demandée. Cette analyse correspond au besoin d'encaisses de précaution et de spéculation de la monnaie. Pour déterminer la demande optimale d'encaisse, PIGOU raisonne à la marge, c'est à dire en fonction de ce qu'apporte la dernière unité consommée ou produite. Les agents économiques vont donc comparer la productivité marginale de la monnaie à la productivité marginale des autres actifs concurrents afin de déterminer leur besoin de monnaie. Cet arbitrage entre monnaie et titres dépend donc du taux d'intérêt : plus il est grand, plus le coût de détenir de la liquidité est élevé, ce qui réduit l'intérêt de détenir de la monnaie et donc va augmenter sa vitesse de circulation.
Ainsi, parallèlement à FISHER qui définit une demande de monnaie stable car déterminée par des facteurs structurels et donc des stocks, l'analyse de l'Ecole de Cambridge met en avant une vitesse-revenu de la monnaie déterminée par des flux (revenu et taux d'intérêt).
B) La théorie keynésienne de la demande de monnaie
Keynes va construire la théorie de la Préférence pour la Liquidité et donc une véritable fonction de comportement. Il reprend alors les distinctions de PIGOU.
1- La demande de monnaie déterminée par la demande d'encaisses actives
Keynes élargit les notions d'encaisses de transaction, de précaution et de spéculation de PIGOU et définit 4 motifs principaux de la demande de monnaie.
a) Les motifs de revenu et de précaution
Tout d'abord le motif revenu correspond au besoin d'encaisse des ménages et des entreprises afin de combler l'intervalle entre dépenses et recettes, ce qui correspond à la fonction de « stock-tampon » de la monnaie.
Le motif de précaution quant à lui, correspond à un besoin de monnaie afin de faire face à des dépenses soudaines, ou pour saisir des occasions d'effectuer des gains en capital, ce qui peut correspondre à une sorte d'épargne de sécurité.
b) Les motifs de spéculation et de financement
Le motif de spéculation est lié au besoin de monnaie en vue de réaliser des opérations sur des titres ou des créances négociables, besoin qui est déterminé par le taux d'intérêt.
Enfin, le motif de financement est le besoin de monnaie pour envisager des dépenses d'investissement.
Keynes reprend donc la notion de vitesse-revenu, pour lui c'est le rapport du revenu national en valeur à la quantité de monnaie active permettant de combler les motifs de transaction et de précaution. V = Y/ M active. Comme pour PIGOU, pour Keynes la demande de monnaie est bien déterminée par une fonction de comportement qui prend en compte des flux, la demande de monnaie n'est donc pas stable.
2- La théorie de la préférence pour la liquidité basée sur la demande d'encaisses de spéculation
Keynes va ensuite fonder sa théorie de la Préférence pour la Liquidité sur la demande d'encaisses de spéculation qui dépend du taux d'intérêt.
a) L'arbitrage monnaie-titre
Pour Keynes, le taux d'intérêt mesure le coût de la préférence pour la liquidité, il est le déterminant de l'arbitrage entre monnaie et titres.
En effet, il observe une relation entre le taux d'intérêt observé et le rendement des titres sur le marché financier. Le choix de détenir ou conserver une rente ancienne ou nouvelle dépend de que l'agent économique détenteur ne fasse ni gain ni perte. Pour réaliser cet arbitrage, l'agent doit calculer le taux d'intérêt critique, c'est à dire le taux de rendement anticipé au moment de l'émission pour lequel le gain net futur sera nul. L'écart entre le taux d'intérêt critique et le taux en vigueur va donc justifier le choix entre titres anciens ou nouveaux mais aussi le choix entre monnaie et titres.
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