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Etude de cas Economie Allemagne / France

Par   •  28 Août 2018  •  1 696 Mots (7 Pages)  •  563 Vues

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Néanmoins bien que les bonnes performances allemandes soient mises en avant dans ces 2 articles, une nuance est apportée en fin d’écrit, à savoir la faiblesse des investissements, inférieurs de 3,6 % par rapport à l’année 2014.

La politique industrielle doit être également une politique d’innovation qui permet de corriger les défauts du marché mais aussi de favoriser le dynamisme technologique. Sans cet élément indispensable de soutien étatique, l’innovation ne peut être portée que par le seul secteur privé et elle est un levier indispensable de la croissance.

L’auteur de l’article de Libération « Allemagne : élève très sérieux mais manque criant d’investissement » met en exergue 2 faits : la stabilité des politiques monétaire et budgétaire ont permis à l’Allemagne d’affirmer sa position de partenaire fiable et crédible au niveau de l’emprunt qui se réalise à l’échelle mondiale mais elle a également fait le pari dangereux de recourir à l’investissement privé pour soutenir la modernisation de ses infrastructures et l’innovation technologique. Bien qu’indispensable dans ce système d’économie d’ouverte, d’afficher une dette soutenable, l’Allemagne ne doit pas oublier que l’innovation est la clé de la croissance, comme démontré par Schumpeter. La nouvelle macro économie keynésienne, apparue dans les années 80, justifie justement l’intervention de l’Etat dans certains domaines. Bien qu’elle accepte l’idée d’un chômage naturel et de solutions mixtes, comme celles tournées vers l’offre, pour le faire baisser, cette nouvelle école considère que les services collectifs, l’innovation et les nouvelles technologies doivent être pris en charge par l’Etat. Si pris en charge par le secteur privé, des monopoles pouvant soutenir un tel effort de recherche risquent de se créer, si le marché est efficient il n’y a pas de risque mais rien ne prédit que les innovations seront mises au service de la collectivité bien qu’Adam Smith soutienne la théorie de la main invisible et de l’intérêt individuel qui sert l’intérêt collectif.

Le journaliste attire l’attention du lecteur sur la position allemande à travers 2 phrases :

- « Nous avons prouvé qu’une politique budgétaire solide était la meilleure politique pour la croissance et l’emploi »

- « Un relâchement de la discipline budgétaire ne génèrera pas de croissance en Europe. Pas plus que la politique ultra accommodante de la BCE. On ne peut pas acheter des emplois et de la croissance avec l’argent public »

Non seulement, l’Etat allemand abandonne la R & D mais selon l’auteur de MR Mondialisation, il a également mis en danger le capital humain. Comme l’explique G. Becker, la force d’une économie réside dans l’investissement qu’elle consacre à sa force de travail. Certes l’éducation et la formation sont des postes couteux dans la dépense publique mais ils constituent un levier essentiel de la croissance. Un personnel qualifié sera un gage de compétitivité non seulement sur le territoire national mais aussi dans notre économie de plus en plus mondialisé. De plus, G. Becker rejoint Schumpeter, seul un personnel qualifié peut créer de l’innovation. L’Allemagne semble ignorer ces externalités. En effet, depuis 2005, la paupérisation des Allemands s’est accélérée : son augmentation est 10 x supérieure à la France, les retraités et les mères célibataires sont plus de 40 % à être en deça du seuil de pauvreté. Il n’y a plus d’investissement dans le résidu, dans le tissu intrinsèque de la croissance.

De plus, une fracture sociale est dénoncée : l’austérité a creusé le fossé entre les différentes classes sociales et un phénomène d’insiders/outsiders crée un climat social peu enclin à la croissance et peut créer des anticipations rationnelles. Les salariés, surtout ceux à temps plein ou payés à un taux horaire acceptable, dans la crainte de perdre leurs acquis suite à une poursuite des lois Hartz ou un nouveau durcissement de la politique budgétaire peuvent s’opposer à de nouvelles réformes, ce qui créera un nouveau fossé avec les personnes en situation précaire. Enfin, la consommation intérieure qui semble à nouveau soutenir l’économie allemande peut retomber et la population être tentée d’épargner dans un principe de précaution.

En conclusion, face à ces deux points de vue antagonistes face à la restructuration allemande, il semble intéressant de se pencher sur les prévisions de l’économiste Xavier Chojnicki, paru dans Alternatives économiques. En effet, ce dernier rappelle qu’à l’horizon 2060, l’Allemagne, aujourd’hui l’Etat le plus peuplé d’Europe, sera rattrapée par la France. Plusieurs conséquences à ce solde naturel négatif :

- Une force politique amoindrie puisque le nombre de députés européens est déterminé par le nombre d’habitants,

- - de 30 % de la population allemande sera en âge de travailler et le ratio de dépendance des personnes âgées, qui permet de déterminer la charge fiscale reposant sur les actifs, atteindra les 60 % contre 28 % en 2015.

Deux choix s’offriront alors, toutes deux couteuses pour la politique budgétaire allemande :

- Une politique nataliste

- L’accueil d’une main d’œuvre immigrée

Il est difficile de déterminer quelle option sera privilégiée mais elle est aujourd’hui au cœur de la croissance future et la situation géopolitique de l’Europe.

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