Ernest Renan et la notion de nation
Par Ninoka • 20 Novembre 2018 • 1 584 Mots (7 Pages) • 697 Vues
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vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir» (lignes 75 à 77), ici, ces extraits démontrent deux conséquences.
Tout d’abord, un État ne peut soumettre un individu à se soumettre indéfiniment à lui comme en dispose l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen «Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression».
Enfin, la seconde conséquence est celle qui témoigne du fait qu’un citoyen peut être déchu de sa nationalité, ce qui représente une trahison des principes sur lesquels reposent la communauté nationale, et qui va à l’encontre de la conception de la nation qui est perçu comme un attribut donné à la naissance. En ce sens, l’organisation d’élections est le meilleur moyen de permettre d’affirmer la volonté de la nation à être entendue et respecter.
II. Le droit du sol, principe important du concept de nation
Afin de développer au mieux la place tenue par le droit du sol au sein du concept de la nation, il est important de se pencher sur le fait qu’il soit le fondement de la nationalité française (A) mais également d’établir une définition juridique de la nationalité française, se rapprochant de la vision d’Ernest Renan (B).
A. Le fondement de la nationalité française relatif au droit du sol
Selon l’Encyclopédie Larousse, le droit du sol autrement appelé le jus soli est le fait de déterminer la nationalité d’un individu selon son lieu de naissance, d’où l’intérêt d’établir un rapport entre la nationalité et le droit du sol.
Aux lignes 36 et 37, l’extrait «Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes» témoigne du principe juridique selon lequel c’est le lieu de résidence, ou encore le lieu de naissance, qui justifie l’appartenance à une nation. C’est en se référant aux efforts effectués par les ancêtres qu’une nation, produit par l’histoire, voit le jour selon Ernest Renan, c’est pour cela qu’il accentue le fait que la nationalité française soit relative au droit du sol au vu du fait que des personnes ce sont battues pour que l’État français soit tel qu’il est aujourd’hui. Il lui semble donc normal qu’en contrepartie, leurs descendants disposent de la nationalité française par le droit du sol, en guise de remerciements pour s’être battus pour la nation comme indiqué aux lignes 44 à 46 : «on aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts».
Le second point justifiant du fait que le fondement de la nationalité française soit relatif au droit du sol consiste en ce que l’appartenance à une nation élective soit possible en France, il y a donc une participation ouverte de la France ! La participation élective française va à l’encontre de ce qu’il se passe en Allemagne, puisque l’appartenance à une nation élective n’y est pas possible et la nation dispose même d’une appartenance dite «fermée». C’est ce que critique Ernest Renan dans son discours comme en témoigne les lignes 109 à 111 : «l’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes».
Toutefois, si bien que pour Ernest Renan le fondement de la nationalité française est relatif au droit du sol, il n’en est pas moins qu’il en établit une définition juridique de la nationalité française conciliant deux principes de la nation.
B. Une définition juridique de la nationalité française basée sur deux principes de la nation
Le premier principe de la nation sur lequel se base Ernest Renan dans son discours afin de définir juridiquement la nationalité française repose tout d’abord sur l’enracinement historique de la nation comme nous avons précédemment pu le voir car l’auteur caractérise la nation comme un produit de l’histoire. Nous remarquons cela par l’extrait suivant : «dans l’ordre d’idées que je vous soumets, une nation n’a pas plus qu’un roi (…), c’est l’habitant.», aux lignes 69 à 73.
À cela, Ernest Renan y apporte la volonté de légitimer une situation politique, notamment le rapprochement de l’Alsace-Moselle comme en témoigne les lignes 105 à 108 : «pauvre humanité, (…) pour te préserver des innombrables dangers dont ta route est semée».
Le second principe repose sur les éléments du droit du sang puisque la nationalité se transmet principalement par la filiation comme en témoigne les dernières lignes (126 à 131) du discours d’Ernest Renan : « (…) le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé.».
Voici donc la définition juridique de la nationalité française, selon Ernest Renan, permettant de définir au mieux ce qu’est une nation.
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