ADM1002-TN1: la SEMCO
Par Raze • 10 Septembre 2018 • 2 425 Mots (10 Pages) • 753 Vues
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directeur des ressources humaines, rajoute : « Nous croyons que les personnes qui travaillent dans le plaisir sont plus productives » (Kuyken, 2012, p.4). Il est même possible de constater que SEMCO pousse plus loin l’idée en correspondant davantage aux postulats du modèle participatif. Le mouvement des ressources humaines ne remet pas question la vision hiérarchique taylorienne et formelle (Bédard, Ebrahimi et Saives, 2011, p.57), alors que Ricardo Semler a complètement changé la structure organisationnelle pyramidale et les fondements managériaux de l’entreprise.
Le modèle participatif se concentre sur la dimension sociale et démocratique du management (Bédard, Ebrahimi et Saives, 2011, p.52). Premièrement, ce courant propose un réaménagement des structures visant à la création de groupes liés entre eux ayant des pouvoirs collégiaux (Bédard, Ebrahimi et Saives, 2011, p. 66). Ses groupes se superposent et possèdent des dirigeants qui sont à la fois des subordonnées, des chefs et des collègues. Ils permettent la transmission efficace de l’information. SEMCO est allée vers cette voie. En effet, Ricardo Semler a reconfiguré la structure pyramidale de son entreprise par des cercles de concentration ayant quatre types d’employés. Ils ont tous leur propre synergie tout en étant inséparables. Tout comme le propose le modèle participatif, il y a à travers ses cercles, la création de groupes et de comités de travail qui, par exemple, « proposent des façons d’améliorer les processus et les produits où ils développent des façons de réduire les coûts. Souvent, ils proposent des stratégies ou des initiatives de gestion » (Kuyken, 2012, p. 9). En relation à cela, le modèle participatif favorise un système de gestion misant sur le groupe ou les groupes. Cela permet la participation de tous aux décisions et à la formulation des politiques. Bref, c’est un mode d’organisation qui étend le pouvoir aux employés grâce à la mise en place de groupes, de comités ou de commissions (Bédard, Ebrahimi et Saives, 2011, p. 64). En plus d’avoir réalisé un changement structurel, SEMCO s’inspire du modèle participatif et adhère maintenant à style managérial basé sur la démocratie, le partage des profits et l’information.
Avec le principe de la démocratie, tous les employés participent à la prise de décision. Ils peuvent décider, par exemple, de l’adoption d’un nouveau produit ou de l’achat d’une nouvelle usine de production (Kuyken, 2012, p.6). L’esprit démocratique est, selon Semler, une valeur fondamentale et fait partie de la nature humaine. Cette vision est aussi partagée par le modèle participatif : un leadership démocratique, comme Semler, est plus proche de la véritable nature humaine et est plus souple (Bédard, Ebrahimi et Saives, 2011, p.64).
Quant au partage des profits, c’est aux employés de décider la redistribution de celle-ci. C’est un autre exemple de ce que le modèle participatif et Semler estiment : la participation aux décisions a un effet positif sur le groupe. En effet, la participation fait de l’employé un décideur et augmente sa satisfaction et sa motivation au travail (Bédard, Ebrahimi et Saives, 2011, p.65). Par le partage des profits, Ricardo Semler a constaté que cette manière de procéder amène un plus grand sens au travail effectué (Kuyken, 2012, p. 7) et les décisions prises par le groupe sont plus facilement acceptées par l’ensemble de l’équipe, même en temps de crise.
Au final, SEMCO correspond à plusieurs postulats du mouvement des ressources humaines et surtout du modèle participatif. D’une part, avec la volonté de donner aux personnes des satisfactions humaines et sociales au travail et d’autre part, par la remise en cause de la distribution du pouvoir et sa proposition d’un style de gestion qui laisse place aux groupes.
Question 3
L’entreprise SEMCO est un cas unique en son genre. Tant critiquée qu’honorée, elle remet plusieurs principes en question associée au capitalisme industriel et financier. Elle évolue en se tenant loin des contradictions de la nouvelle économie.
Le capitalisme industriel est marqué par le taylorisme, soit la standardisation des employés afin d’abaisser les coûts et les temps de production. Dans ce type de capitalisme, il y a une rupture de l’objet produit et de la personne qui le produit. Les individus font partie d’un ensemble et travaillent de manière aliénante. Il y a alors une dépersonnalisation du travail accompli. Contrairement à cela, SEMCO n’a pas de structure hiérarchique, n’impose pas d’horaire, ni d’uniforme à ses employés. L’entreprise rétablit également le lien entre ses employés et la production, par exemple par la mise en place des « Nucléus d’innovation technologique », des groupes d’employés qui participent à l’invention de nouveaux produits. Les employés peuvent ainsi proposer certaines améliorations des processus et des produits tout en développant des façons de réduire les coûts (Kuyken, 2012, p. 9). De plus, ceux-ci jouent un rôle essentiel dans la prise de décision quant à l’adoption d’un nouveau produit, l’achat d’une nouvelle usine ou la détermination des partenariats potentiels. Qui plus est, ils sont encouragés dans leurs initiatives personnelles en affaires et certains peuvent même aller jusqu’à créer des compagnies satellites de SEMCO.
Selon Bédard, Ebrahimi et Saives (2011, p.18), le capitalisme financier désigne un système économique basé sur des activités de spéculation financière. Cette activité entre agents a comme objectif de maximiser les bénéfices dans les délais les plus courts possible. Dès lors, les placements financiers sont davantage considérés puisqu’ils offrent une meilleure rentabilité que les investissements industriels. En ce sens, SEMCO se détache de ce principe. Si Semler admet tout de même que son entreprise est capitaliste en suivant les critères du marché, il estime que cela ne se fait pas nécessairement en dansant au rythme des cloches de Wall Street (Semler, 2004, p.12). En effet, SEMCO se distingue du capitalisme financier et de son style de management largement influencé par une gouvernance financière. Conséquemment, l’entreprise n’est pas totalement représentative des contractions que le capitalisme financier vit aujourd’hui. En ne mettant pas les intérêts des actionnaires en avant-plan, SEMCO n’a pas à s’occuper uniquement des projets qui rapportent un maximum de profit à court terme. Par exemple, comparativement à d’autres entreprises où les profits
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