La ville libre de Christiania
Par Orhan • 23 Février 2018 • 3 043 Mots (13 Pages) • 570 Vues
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autour d’un lac. Les petites rues sont en terre et mènent à de petites maisons en bois colorées et atypiques, mais aussi des structures sociales, tels que des jardins d’enfants. Malgré l’esprit libre et ouvert de Christiania, il est difficile de parler aux Christianites dans cet espace, mais, après tout, cela est compréhensible: ils sont à la maison. Voilà pourquoi cet endroit semble être privé, même si accessible à tous. Cependant on ressent une vraie vie de quartier, tout le monde se connaît, et s’entre aide. Chacun, quand il peut, s’occupe des parties communes, telles que tailler une haie, ou nettoyer un bout de chemin, tout simplement s’occuper du bien-être collectif.
Représentation de Christiania
Pour notre étude, nous avons fait faire des cartes mentales (demander de dessiner un plan de Christiania ou quelque chose qui leur font penser au quartier) aux personnes dans Christiania, beaucoup ont choisi de dessiner des joints, ou des choses en rapport avec la liberté et la légalisation. Dans leur représentation, Christiania est un endroit où on peut fumer et profiter. Les discussions avec les personnes sans abri ou sans emploi ont révélé encore un autre point de vue sur Christiania. En effet, il ressortait régulièrement que le Danemark étant un pays très raciste, Christiania est un quartier où on se sent libre, sans être jugé par une société qui a du mal à accepter les non-danois. Pour les étrangers, il est difficile de vivre au Danemark, parce que les autres cultures ne sont pas vraiment tolérées, tandis que Christiania est un lieu où il est possible d’être soi-même, de parler la langue que l’on souhaite. C’est pourquoi c’est un quartier très cosmopolite.
Ce quartier représente beaucoup pour toutes les personnes que j’ai pu rencontrer là-bas. C’est principalement un endroit pour vivre, partager, être soi-même et profiter de la vie (et des mauvaises herbes). Pour les Christianites c’est surtout leur lieu d’habitation, mais aussi une grande famille, même si au fil du temps, Christiania tend à s’individualiser.
« ENTREZ DANS LE CERCLE DE FOULOSOPHIE
Et devenez votre folie, votre aventure en dehors des zones de confiance.
Lancez-vous en dansant, chantant, mimant et tout simplement en délirant.
Laissez votre créativité intérieure s’exprimer.
Bougez, titubez, roulez, zigagez.
Envolez-vous vers le ciel de vous fantasmes.
Tournez lentement et si vous arrivez dans le cercle au centre alors vous décollez et entrez en contact avec les extraterrestres de la planète rebelle qui gravite en vous.
Laissez le délire sortir de vous. Vous êtes enfin nés de la lumière de l’irréel »
Double influence culturelle: entre le mouvement hippie et l’Etat Danois
« Christiania, tu as mon cœur,
C’est ma maison,
Je veux vivre ici,
Parce que c’est le seul endroit avec assez de liberté pour tout le monde,
Chaque jour, la vie est une fête,
Et pour toi Christiania, nous allons lever notre drapeau » 1
Les Christianites, mais aussi les habitués du quartier possèdent deux identités, une identité christianites, ainsi qu’une identité danoise. Ces deux influences sont parfois en contradiction mais aussi complémentaires. C’est pourquoi je me suis demandée comment arrivaient-ils à créer leur propre identité.
Dans l’hymne de Christiania, nous retrouvons les valeurs fondamentales des Christianites, telles que l’amour, la liberté et le bonheur. Néanmoins, la vie à Christiania ne se résume pas qu’à cela, ils se soucis aussi beaucoup de l’environnement, dans le quartier, les voitures sont interdites, ainsi ils incitent à l’utilisation du vélo, qui reste le moyen de transport le plus utilisé à Copenhague. De plus, sur les cartes mentales, outre les dessins en rapport avec le cannabis, il y avait beaucoup de représentation du lac, ou des messages sur l’amour ou encore l’acceptation : « Når kærlighed til hele universet spreder sig så får vi måske hele verden med. På kærlighed til hele universet spred den vibe på tvars af dimensionerne. Kærlighed » qui signifie à peu près « Lorsque l’amour se propagera dans le monde entier, nous pourrons obtenir le monde entier. De l’amour pour l’univers, répand cette ambiance à travers les dimensions. Amour ».
A travers le discours d’Albert, un habitant de Christiania, nous avons pu ressentir un climat de tolérance et d’acceptation : « Nous avons des architectes, des médecins, des ouvriers, des alcooliques, des personnes qui fument trop de cannabis... Mais nous travaillons côte à côte, en harmonie ». Cette atmosphère au sein de Christiania peut expliquer la forte présence de personnes immigrées. En effet, dans ce quartier je n’ai rencontré que très peu de danois. La plupart de mes informateurs étaient étrangers. Certains sont des habitants, d’autres des habitués. Ces immigrés sont venus au Danemark pour diverses raisons (emploi, famille, problèmes nationaux...), et trouvent en Christiania un petit havre de paix.
« Les danois sont racistes, ici c’est différent, il y a des gens de partout. Je suis algérien, tu es française, il est italien, il est éthiopien, il est suédois, il est grec... »
Jamel met en opposition le Danemark et Christiania, ainsi que l’intolérance des danois, comme beaucoup d’autres de mes informateurs.
De plus, lorsque je demandais à mes informateurs s’ils avaient le sentiment que Christiania ai changé, ils me répondaient souvent que non, que tout reste pareil, cependant, ils avaient tendance à se contredire par la suite. Et d’après ce que j’ai vu et entendu, je peux dire que Christiania a changé. Les habitants évoluent avec la société actuelle, avec la mondialisation, même s’ils rejettent la société capitaliste et donc de consommation :
« Nous faisons toujours des choses ensemble, tout le temps, mais nous avons chacun nos propre endroits privés. Notre cuisine, notre télévision et notre canapé. Nous avons privatisé les choses qui étaient autrefois collectives. Et cela est naturel ».
Le tourisme joue aussi un rôle important dans le quartier. L’Etat joue de cela pour
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