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La redécouverte des compilations de Justinien

Par   •  30 Août 2018  •  4 748 Mots (19 Pages)  •  482 Vues

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Pour tenter de remettre de l’ordre dans l’Eglise, ces intellectuels défendent l’idée qu’il faut restaurer une hiérarchie ecclésiastique indépendante du monde séculier. Ces réformateurs qui distillent leurs idées dans une partie du clergé, parviennent en 1049 à faire élire un des leurs, Bruno d’Eghisheim, c’est-à-dire Léon IX. Il lance un mouvement de réforme qui cherche à lutter contre deux grands fléaux : la simonie (le fait de trafiquer les biens et les fonctions ecclésiastiques, et de pouvoir les vendre) et le nicolaïsme (le fait que des prêtres se marient, ont des enfants et leur transmettent des biens ecclésiastiques). Il faut lutter contre le trafic des biens ecclésiastiques et contre le mariage des clercs.

En 1058, le Pape Nicolas II soustrait l’élection du pape à la procédure traditionnel et met en place le système de l’élection par les cardinaux, pour rendre l’élection du pape indépendante des pouvoirs séculiers. C’est ce qui permet en 1073, à un certain Hildebrand, d’être élu Pape sous le nom de Grégoire VII. Et Grégoire VII donne à la Réforme son nom car il a fait prendre à la Réforme un tournant radical. C’est lui en particulier qui s’est imposé à l’Empereur allemand Henri IV, qu’il avait excommunié (Henri IV voulait intervenir sur la nomination des évêques, excommunié, puis excommunication levée : expression : aller à Canossa).

En réalité, cette Réforme ne dispose pas de la force, c’est donc une Réforme qui va chercher à s’appuyer sur le droit pour s’appliquer. Les réformateurs ont besoin de textes juridiques pour soutenir leurs réformes et ils fabriquent des collections canoniques pour répandre leurs idées, et pour cela l’entourage de Grégoire VII fait des recherches dans les bibliothèques pour trouver les textes qui soient les plus susceptibles de défendre les idées réformatrices. C’est dans ce contexte, à la fin du XIe siècle, que l’on a redécouvert les compilations de Justinien et qu’on les a remises en circulation. Ces compilations contenaient des textes qui pouvaient servir les idées des réformateurs, et ils s’en rendent compte très tôt. Dans les années 1070, Pierre Damien, propre du futur pape Grégoire VII, prieur de l’abbaye de Fonte Avelanna commence de réutiliser le droit de Justinien dans sa correspondance. Les réformateurs commencent à s’appuyer sur des textes empruntés aux compilations de Justinien.

En 1085, l’évêque Bonizzon de Sutri rédige un traité, Livre à un ami, dans lequel il défend la liberté de l’Eglise face au pouvoir séculier. Pour cela il s’appuie sur le droit de Justinien. En 1088, un autre réformateur. Le cardinal Deusdedit rédige un traité qu’il intitule Libelle contre les envahisseurs et défend la liberté des élections dans l’Eglise, qui doivent se dérouler sans pression des pouvoirs séculiers, il s’appuie sur le droit romain pour le dire.

C’est ainsi que l’on a redécouvert des manuscrits du Digeste, et c’est cette redécouverte qui a dopé la diffusion de l’ensemble du Corpus Juris Civilis.

- La réapparition du Digeste

Si l’on n’avait pas redécouvert Le Digeste, peut être que la diffusion du Corpus Juris Civilis aurait été moindre. Le Digeste est le volume le plus important par sa taille, mais aussi par son contenu, il compile la jurisprudentia de l’époque classique, autrement dit le meilleur de la science juridique romaine. C’est cette redécouverte qui permet de développer un enseignement du droit romain.

Au moyen-âge (XVe) circule une légende qui dit que ce sont les habitants de Pise, qui mettant à sac la ville d’Amalfi en 1135 aurait découvert un manuscrit du Digeste qu’ils auraient ramené à Pise. Il existe en effet dès le XIIIe siècle, un manuscrit du Digeste à Pise, la Littera Pisana. Qu’on appelle la Florentine depuis le XVe siècle, car il est conservé ensuite à Florence. Ce manuscrit date du VIe siècle, et on se demande si ce n’est pas l’exemplaire envoyé par Justinien à Vigile. C’est un manuscrit d’excellente qualité auquel les copistes se réfèrent pour corriger d’autres manuscrits.

Mais cette légende est fausse, car le Digeste a commencé de circuler bien avant 1135. Nous savons qu’en 1076, lors d’un procès qui se tient à Marturi (Italie du Nord), un des plaideurs cite le Digeste, il y avait donc déjà des manuscrits en circulation, et nous en avons une autre preuve, car dans les années 1090, des canonistes fabriquent dans le Nord de l’Italie, une collection que l’on appelle la Collectio Britannica, car le manuscrit se trouve depuis longtemps conservé à Londres. Dans cette compilation se trouve recopiés des morceaux du Digeste. En 1090, un clerc français, Yves, qui vient de Beauvais, voyage en Italie, et recopie dans des bibliothèques italiennes des fragments du Digeste, pout son propre usage. Ce clerc, Yves, venu de Beauvais, revenu en France, est devenu évêque de Chartres. Yves de Chartres est devenue un canoniste très connu en France, il rédige trois grandes collections dans lesquelles il recopie ces morceaux du Digeste qu’il avait été cherché en Italie. Ces collections sont le Décret, la Panormie, et la Tripartite. Cependant, on ne retrouve que des fragments qui viennent des 24 premiers livres, en effet, le Digeste entre en circulation de façon progressive par morceaux. Et de façon plus générale, le Corpus Juris Civilis est diffusé de manière progressive.

- Les conditions de la diffusion du Corpus Juris Civilis

Les juristes médiévaux ont réorganisés le Corpus et lui ont fait des ajouts.

- La réorganisation des compilations de Justinien par les juristes médiévaux

A partir du XIIe siècle, le Digeste, le Code, les Institutes et les Novelles circulent sous de nouvelles formes.

- Le Digeste

Le Digeste est la partie la plus volumineuse du Corpus de Justinien. Elle l’était d’autant plus lorsque l’on recopiait les livres sur des parchemins. Il faisait 30 à 40 cm d’épaisseurs. La taille du volume a été la première raison pour laquelle les juristes du Moyen-Age ont décidé de le couper en trois. Mais c’est aussi parce qu’il y avait des parties plus intéressantes que d’autres. Les trois morceaux sont Le Digeste vieux, l’Infortiat, et le Digeste neuf.

- Le Digeste vieux (livre 1 – 24 du Digeste)

Le Digeste vieux est constitué des livres 1 à 24 du Digeste qui ont été mis le plus

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