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La main invisible

Par   •  1 Février 2018  •  3 290 Mots (14 Pages)  •  500 Vues

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pour l’intérêt de la société que si il n’avait pour but d’y travailler » (Adam Smith). On peut dire que tout équilibre concurrentiel obtenu à la suite de la maximisation de l’utilité de chaque agent et pareto-optimal. En d’autres termes, il concoure à un optimum économique et social.

2. La loi des débouchés de Say

En économie, on appelle généralement loi de Say (ou loi des débouchés) la proposition « l’offre crée sa propre demande », selon laquelle la création d’un bien trouverait toujours un débouché. Cet énoncé, de toute évidence faux, n’a été présenté comme vrai par aucun économiste, notamment pas par l’économiste français Jean-Baptiste Say (1767-1832) dont la proposition porte le nom. L’énoncé lui a néanmoins été attribué par John Maynard Keynes à seule fin de le réfuter, et avec lui toute la pensée de Say. La loi des débouchés est développée dans le « Traité d’économie politique » (1803) et la théorie de Jean-Baptiste Say peut se résumer en trois phrases : « c’est la production qui ouvre des débouchés aux produits », « l’achat d’un produit ne peut être fait qu’avec la valeur d’un autre », « un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur ». Dès lors que la concurrence est assurée, la loi des débouchés peut alors prévaloir. De plus, l’argent n’est la que pour faciliter les échanges, il n’est rien d’autre qu’un intermédiaire, un « voile », un « véhicule » selon Say, et pour lui, il ne faut pas qu’il existe d’entraves sur le marché. Partisan du « laissez-faire », l’économiste suit la pensée classique d’Adam Smith et se place en défenseur de la main invisible.

B. L’équilibre général de l’économie

1. La loi de Walras

La loi de Walras (1834-1910) est le point central de la théorie de l’équilibre général. Selon lui, la monnaie n’affecte pas l’équilibre général des marchés donc elle n’a pas d’utilité propre. Sa seule utilité est de servir d’intermédiaire tout comme pour Jean-Baptiste Say. De plus, l’économiste considère que l’hypothèse d’équilibre de concurrence pure et parfaite permettrait le plein emploi de tous les facteurs de production : toute la population active serait occupée et tous les capitaux seraient utilisés. La loi de Walras implique que pour une demande excessive positive sur un marché, il y aura une demande excessive négative sur d’autres marchés. Toujours d’après la loi de Walras, si deux marchés sur trois sont en équilibre, alors le troisième l’est aussi. Si un marché n’est pas équilibré, alors il y a au moins un autre marché qui n’est pas en équilibre. Cette loi remet en cause un des postulats importants de l’économie classique et néoclassique, à savoir que la monnaie est neutre dans l’économie, qu’elle n’est qu’un intermédiaire des échanges, qu’elle n’a pas d’autre rôle, et que fondamentalement, une économie monétaire équivaut à une économie de troc. En effet, nous déduisons de la loi de Walras que, si le marché de la monnaie est en déséquilibre, alors au moins un autre marché est déséquilibré également : la monnaie a donc une influence directe sur l’économie.

2. Equilibre général et optimum de bien-être de l’économie libéral

D’après Léon Walras, il existerait (après formalisation mathématique) un équilibre général de marché, envisageable en situation de concurrence pure et parfaite comme nous l’avons vu précédemment. Cependant, l’économiste ne parviendra pas à prouver que cet équilibre puisse être unique et stable. En 1954, les économistes Kenneth Arrow et Gérard Debreu (Prix Nobel d’économie respectivement en 1972 et 1983) reprennent les travaux de Léon Walras et établissent trois théorèmes fondamentaux : le théorème d’existence qui énonce que l’équilibre général existe et les deux théorèmes de l’économie du bien-être. En ce qui concerne le théorème d’existence, le modèle Kenneth-Debreu indique que pour toute dotation initiale, il existe un équilibre de marché en concurrence pure et parfaite et que cet équilibre est tel qu’à partir de lui on ne peut améliorer le sort d’un individu sans détériorer celui d’au moins un autre, c’est un optimum au sens de Pareto. En effet, l’optimum de Pareto (du nom de l’économiste italien Vilfredo Pareto) explique qu’une situation de marché, ou une situation économique est optimale (la meilleure possible) si « à partir de cette situation on ne peut améliorer le sort d’un individu sans détériorer celui d’au moins un autre ». Pourtant cet équilibre ne peut être stable à la différence de l’équilibre du marché d’un produit particulier (équilibre partiel). En effet, sur un marché particulier, il suffit d’appliquer des principes de rationalité économique aux consommateurs et aux producteurs (demandeurs/offreurs), ainsi, l’offre et la demande seront dites « normales » : la demande augmente si le prix diminue et l’offre augmente si le prix augmente et la situation économique est alors stable sur le marché. Mais, il n’en va pas de même lorsqu’on passe à l’équilibre général et aux fonctions d’offre et de demande globales. D’après le les économistes Hugo Freund Sonnenschein, Sylvie Mantel et Gérard Debreu on ne peut faire de cette théorie d’équilibre partiel un agrégat afin d’obtenir l’équilibre général : les individus, malgré leur caractère rationnels, ne font pas tous les mêmes choix et il est bien trop complexe d’étudier les interactions entre ces différents comportements. Il y a en fait deux effets qui agissent sur la demande d’un individu : un effet de substitution qui pousse la demande à la baisse (le bien devient plus cher relativement à d’autres), et un effet de revenu, qui peut pousser cette demande à la hausse, du fait que le revenu des vendeurs du bien s’élève.

II. L’échec de la main invisible et la nécessité de la coordination exogène du marché

A. Les défaillances récurrentes du marché et les limites de l’approche libérale

1. L’économie libérale, un circuit souvent instable

Depuis deux siècles, la croissance économique n’est pas régulière. On remarque en effet la présence de fluctuations économiques rythmant l’économie toute entière, que ce soit à l’échelle

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