Définir le phénomène politique
Par Christopher • 28 Février 2018 • 22 273 Mots (90 Pages) • 446 Vues
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Pour FREUND la politique est une lutte mais selon les époques les protagonistes et le motif de la lutte changent. Il affirme que toutes ces luttes ne sont pas exclusives les unes des autres c’est-à-dire qu’à une même époque la politique peut être à la fois la lutte des classes, des religions ou encore les rivalités économiques.
La politique est donc essentiellement l’espace d’affrontement qui permet aux sociétés de réguler de manière plus ou moins pacifique les relations en leur sein. Cette conception est discutable parce que si on s’intéresse à l’histoire politique on peut observer que les institutions politiques semblent en général s’institutionnaliser comme arène de lutte politique or elles ne parviennent pas toujours à canaliser en des formes instituées et régulées toute la conflictualité sociale. D’une certaine manière on observe que l’affrontement se dépolitise et se déplace dans la rue (ex : Ukraine)
- Une lutte réglée
La politique est toujours réglée et structurée par une lutte. Ainsi, Bailey a travaillé sur la désignation du chef dans un village indien et a observé qu’il y avait 5 grands types de règles qui configurent la lutte :
- Les trophées à obtenir et les actions permettant de les obtenir sont définis.
- Les personnes qui peuvent participer à la compétition pour les trophées sont définies.
- La composition des équipes admises dans la compétition est définie.
- La manière dont la compétition doit se dérouler est définie, il y a des stratégies autorisées et d’autres prohibées.
- La conduite à suivre lorsqu’une des règles est transgressée est définie, les modalités de contrôle du jeu sont définies.
Bailey observent que ces normes peuvent être de deux types, soit pragmatiques ou normatives. Les normes pragmatiques sont celles qui énoncent seulement ce que l’on peut faire ou que l’on ne peut pas faire, c’est-à-dire ce qui est efficace ou non pour obtenir tel résultat. Les normes normatives ou actiologiques sont celles qui sont justifiées par des valeurs, dans le village les femmes ne sont pas admises dans la compétition en raison des valeurs masculines qui sont exclusivement associées à la politique, il en est de même pour les membres des basses castes qui ne peuvent concourir.
On voit que la compétition pour devenir chef est partiellement régie par des règles autonomes du reste de la société, la compétition politique n’est pas un fait social isolé qui suit ses propres règles, ce n’est pas un ordre d’activités autonomes mais un ordre d’activités hétéronomes en ce qu’elle reçoit ses règles en partie d’autres activités sociales.
En travaillant sur ce visage indien, Bailey a mis à jour des structures fondamentales que l’on retrouve dans toutes les compétitions politiques. Ainsi dans toutes les sociétés occidentales on retrouve les règles dégagées par Bailey. Dans nos société c’est le droit qui définit qui peut participer aux compétitions politique (limite d’âge, nationalité …), aussi dans le cadre du scrutin de liste on observe que les règles relatives à la composition des groupe politique sont définis ainsi que les modalités du scrutin. Enfin les règles relatives à la transgression sont prévues et relèvent de la Cour des comptes ou du Cconstit.
- Une lutte retenue
La politique n’existe que tant que perdure la croyance dans la nécessité des règles qui la structure. Les règles sont la raison pour laquelle la politique est une lutte réglée et retenue du fait que la politique est une compétition pour vaincre son adversaire conformément aux règles, c’est comme un jeu. Si les adversaires ne respectent plus les règles nous ne sommes plus dans le cadre d’une compétition mais dans le cadre d’un combat sans règle, donc il ne s’agit plus de politique mais d’une guerre.
La guerre et plus précisément la guerre civile commence là où la politique s’arrête, elle commence quand les adversaires considèrent que les règles de la compétition politique n’ont plus de valeur parce que l’Etat est partisan ou que les règles sont biaisé ou encore que la compétition politique s’exerce dans une société dont on ne veut plus.
La politique comme lutte réglée et retenue repose toujours sur une chose, à savoir la croyance en la légitimité de ses règles de la même manière que l’Etat repose sur la croyance en la légitimité de sa capacité à user de la violence physique. La politique comme l’Etat sont des phénomènes sociaux qui s’imposent à nous de manière coercitive mais comme tout phénomène social, l’Etat et la politique n’existe que parce que les hommes croient en leur existence et s’y conforment.
Weber disait que « l’Etat c’est du devant être qui flotte dans les têtes à partir de quoi les personnes se pensent et prennent des rôles ». Comme toute institution l’Etat est à la fois ce qui nous produit et en même temps l’Etat est le produit de nos pratiques.
La politique est l’exercice des rôles d’autorité qui confère la capacité de dominer légitimement la société en l’orientant et la lutte réglée et retenue pour la conquête de ces rôles.
PARTIE I : LA CONSTRUCTION DE L’ORDRE POLITIQUE
L’État c'est une forme de gouvernement qui est historique. Il n'a pas toujours existé et n'existera pas toujours en tout cas sous la forme où nous le connaissons. Il est singularisé de deux manières : comme forme de domination, c'est la structure qui historiquement a accumulé le plus de puissance, et c'est une puissance légitime, l’État a su se faire désirer et aimer.
Chap. I : La genèse de l’Etat
Section I : Une nouvelle forme de domination
- Comment penser l’Etat ?
- La controverse entre juristes
Il y a chez les juristes une définition classique de l’État : l’État est une personne morale de droit international exerçant à travers ses instituions le contrôle politique sur un territoire et une population donnée. On retrouve 3 grands éléments, qui sont selon le juriste Jellinek, sont constitutifs de l’État : le territoire, le peuple et le gouvernement.
Le juriste positiviste Hans Kelsen
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