ADM2020 travail 1 événement d'actualité
Par Junecooper • 19 Octobre 2018 • 2 009 Mots (9 Pages) • 539 Vues
...
À la suite de l’élection à la présidence de Donald Trump, plusieurs experts ont affirmé qu’un retrait de l’ALENA entraînerait un large éventail de conséquences néfastes pour les États-Unis : un accès réduit à leurs plus importants marchés d’exportation, une réduction de la croissance économique et des hausses de prix pour l’essence, les automobiles, les fruits et les légumes.[7] Les secteurs plus affectés seraient ceux du textile, de l’agriculture et de l’automobile.[8]
Selon Daniel W.Drezner, politologue de l’université Tufts, l’administration Trump fait erreur en souhaitant que ses relations avec le Mexique redeviennent ce qu’elles étaient avant l’ALENA. En effet, il croit que l’ALENA a permis au Mexique de se transformer en une réelle démocratie et de se considérer lui-même comme Nord-Américain. Si Trump met en action certaines des menaces qu’il a faites à leur endroit, il est possible que les Mexicains se tournent vers un populisme de gauche, comme l’ont fait plusieurs pays de l’Amérique du Sud. Ce qui est certain, c’est que les relations entre les États-Unis et le Mexique se dégraderaient, avec des effets négatifs sur le contre-terrorisme, la coopération en matière de sécurité frontalière, les déportations et la gestion de l’immigration en provenance de l’Amérique centrale.[9]
Les différends qui opposent les États-Unis au Canada ne sont pas les mêmes que ceux qui les opposent au Mexique. En ce qui concerne la relation Canada-États-Unis, les mêmes enjeux sont en trame de fonds depuis des années : le bois d’oeuvre, les produits laitiers, la protection des brevets pharmaceutiques et d’autres enjeux mineurs. Les deux pays sont proches de l’équilibre dans leur commerce bilatéral. Les échanges commerciaux avec le Mexique sont plus problématiques : les écarts salariaux sont importants et les États-Unis affichent un déficit commercial significatif face au Mexique. Barry Bosworth, détenteur d’une chaire en économie à la Brookings Institution à Washington DC, croit que l’administration Trump va mettre l’emphase sur les règles d’origine lors des négociations, afin de restreindre l’entrée aux États-Unis de produits étrangers à la suite d’un transit au Mexique. Toutefois, Bosworth ne croit pas que Trump peut apporter des changements à l’ALENA qui permettraient d’améliorer de manière significative la situation de son pays. Un ALENA renégocié rétablissant des barrières au commerce ne ramènera pas les emplois perdus. Comme c’est le cas dans tout accord de libre-échange, l’entrée en vigueur de l’ALENA a entraîné des créations ainsi que des pertes d’emplois. Un tel accord fait en sorte que les mains-d’oeuvre des nations impliquées se réalignent en fonction des avantages comparatifs. Afin de réduire les coûts pour leurs chaînes de production, les entreprises américaines ont déplacé des emplois à l’étranger. En ce qui concerne les industries dont les travailleurs ont peu de formation, la position compétitive des États-Unis est en déclin, et si les emplois dans ces industries cessent de se déplacer vers le Mexique, ils iront tout simplement ailleurs, probablement vers l’Asie. Globalement, la situation des travailleurs américains est bonne, avec une augmentation des emplois hautement rémunérés nécessitant des formations pointues. De plus, le taux de chômage n’est pas élevé par rapport aux standards historiques. Le problème principal se situe au niveau des Américains qui ont peu de formation. Plutôt que de modifier l’ALENA, Bosworth suggère que les États-Unis devraient investir dans la formation de sa main-d’oeuvre. Il croit qu’une renégociation ne fera que nuire aux trois pays impliqués.4
Tous les experts semblent s’entendre sur le fait qu’un retrait américain de l’ALENA aurait des conséquences fâcheuses pour les trois pays. Il est fort probable que l’administration Trump soit tout à fait consciente que cette avenue n’est pas viable, mais qu’elle utilise cette menace en tant que stratégie de négociation. En ce qui a trait à une renégociation de l’accord, la majorité s’entend sur le fait qu’une modernisation de l’ALENA est souhaitable afin de l’adapter aux réalités modernes des échanges commerciaux, dont l’émergence fulgurante du commerce numérique. Toutefois, les avis sont divisés sur l’impact réel qu’aura la renégociation. Certains intervenants, dont Barry Bosworth, sont d’avis qu’elle ne fera que nuire aux trois pays impliqués, tandis que de nombreux autres croient qu’elle n’apportera aux trois pays que des bénéfices marginaux. Il apparaît très difficile de se prononcer avec conviction sur l’issue de ces pourparlers sans connaître précisément les priorités des parties impliquées. À ce jour, le Canada refuse de les identifier ouvertement. Les intentions des trois pays ne seront connues qu’au cours du mois de juillet puisque ceux-ci disposent de 30 jours avant le début formel des négociations pour préciser leur objectif. Sur une note positive, les ministres mexicain et canadien des Affaires étrangères, Luis Videgaray et Chrystia Freeland, se sont dits prêts à travailler de manière trilatérale afin d’améliorer l’ALENA. Idéalement, il faudrait que le Canada et les États-Unis en arrivent à une entente sur le bois d’oeuvre avant d’entamer les renégociations de l’ALENA. Heureusement, à l’heure actuelle, des rumeurs courent sur l'existence d'une entente de principe au sujet de ce conflit.
---------------------------------------------------------------
Bibliographie
- CBSnews. (2015) Trump gets down to business on 60 Minutes. de http://www.cbsnews.com/news/donald-trump-60-minutes-scott-pelley/
- Annett, E. (2017). What does the Trump era mean for Canada? A guide to what’s happened so far. The Globe and Mail. Récupéré de https://www.theglobeandmail.com/news/world/us-politics/canada-and-donald-trump-guide/article32788087/
- Panet-Raymond, A., Robichaud, D., et Menvielle, W. (2013). Le commerce international - Une approche nord-américaine. Montréal, Canada : Chenelière Éducation.
- Glazier, K. (2017). What renegotiating NAFTA could mean. The Bond Buyer, 126.
- Côté, C. (2017). ALENA: le compte à rebours a commencé. La Presse. Récupéré de http://affaires.lapresse.ca/economie/etats-unis/201705/18/01-5099237-alena-le-compte-a-rebours-est-commence.php
- Landler, M.e.A., B. (2017). Trump tells foreign leaders that NAFTA can stay for now. The New York Times. Récupéré de https://www.nytimes.com/2017/04/26/us/politics/nafta-executive-order-trump.html?mcubz=1
-
...