Une renaissance reconnaissante
Par DCalvet • 1 Janvier 2023 • Compte rendu • 864 Mots (4 Pages) • 467 Vues
Une renaissance reconnaissante
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Didier Calvet vous invite à partager ses réflexions sur son cheminement dans un centre de réadaptation à la suite d’un traumatisme crânien en le comparant au vécu d’un nouveau-né qui a subi le drame de l’expulsion d’un monde tranquille dans le ventre de sa mère pour être appelé à une nouvelle vie grâce à un milieu bienveillant à l’affût de tous ses petits progrès pour l’accompagner vers de nouvelles découvertes et un nouveau monde.
Après un traumatisme crânien causé par une chute à la suite d’une syncope, j’ai été hospitalisé d’urgence, subissant une opération qui dura trois heures pour percer la boîte crânienne afin d’y introduire deux trains qui devaient permettre de retirer le sang accumulé. Après une semaine on m’offrit la possibilité de suivre une rééducation afin de réduite les séquelles qui causaient une forme de paralysie d’un côté et des pertes cognitives.[pic 2][pic 3]
Je voudrais aborder ici le cheminement que j’ai poursuivi durant cette période de rééducation.
En arrivant au centre en ambulance, je souffrais beaucoup et mes capacités physiques et mentales étaient très réduites. Lorsque le médecin chef de l’établissement est venue me rendre visite après mon installation, celle-ci s’est présentée. J’ai voulu écrire son nom pour ne pas l’oublier. Docteur Tan. J’ai pris un crayon et un carnet. La première lettre, le T, étant écrite, impossible de griffonner la deuxième lettre, A.
Le premier jour fut une sorte de descente aux enfers en me rendant compte de mon état physique et mental. Le lendemain, j’avais cette étrange impression que ces souffrances ainsi que mon état physique ressemblaient étrangement à ce bébé en train de naître avec la perspective de m’ouvrir à une nouvelle vie.
J’avais ce sentiment de vide du bébé à sa sortie à l’air libre, à la découverte des incapacités physiques, mentales, un sentiment de vide face à l’avenir.
Le lendemain, la grande fatigue ainsi que les douleurs diminuaient. Comme le bébé naissant, je découvrais un environnement bienveillant, entouré de visages que je reconnaît peu à peu. Je découvrais un lit douillet, de nombreuses personnes affairées à tenter de me rejoindre pour m’aider à me repérer physiquement, mentalement, émotivement.
Le troisième jour, j’ai pris conscience d’arriver à une croisée de chemins: se morfondre et rester passif ou suivre les conseils des spécialistes et accepter de faire les exercices tellement éloignés de mes capacités antérieures. J’avoue que les exercices très simples en apparence comparé à mes capacités antérieures auraient pu me décourager à jamais. J’ai pris la décision de faire confiance en toutes ces personnes, physiothérapeute, ergothérapeute, neuropsychologue et autres et de profiter de ce cadre bienveillant centré sur moi.
Comme le bébé de quatre, six mois, j’ai eu du plaisir à découvrir les succès à ma portée aussi minces soient ils . J’ai répété, répété souvent les exercices pour apprécier chaque petit progrès.
Quel plaisir de découvrir la puissance de son propre corps pour peu qu’on le mobilise afin de solliciter toutes les forces vives qui peuvent nous accompagner pour atteindre des performances de plus en plus encourageantes. Mais aussi, bien gérer les efforts pour limiter la fatigue et éviter qu’elle se traduise rapidement en maux de tête, voilà un équilibre dynamique à doser pour évoluer dans les meilleures conditions.
Élargir progressivement son champ de relations humaines, voilà également un immense effort car il est facile de se morfondre et de s’enfermer dans un monde centré sur ses douleurs et sa condition physique tellement amoindrie par rapport à ce que l’on était avant l’accident. Cet effort permet peu à peu de découvrir combien ces liens sont importants pour sortir de cette vie centrée sur soi. Découvrir à quel point le personnel à votre service a des valeurs humaines et professionnelles exceptionnelles, faire au mieux pour faciliter leur tâche quotidienne. Commencer à reprendre contact avec les membres de la famille, les amis proches et réaliser comment ces rapprochements sont constructifs émotivement et permettent d’aller plus en profondeur dans l’intimité et d’élargir son champs d’intérêt pour se décentrer progressivement des besoins personnels, envisager construire des projets une fois sorti de l’établissement de réadaptation. Voilà encore une série de défis qui exigent un effort presque surhumain pour sortir peu à peu la tête de l’eau.
En conclusion, peu importe les handicaps, il est essentiel de réaliser à quel point toute situation, aussi éprouvante soit-elle, peut être une source d’enrichissement personnel et relationnel pourvu qu’on la vive pleinement en profitant au maximum de chaque instant.
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