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Les défis de la profession d'infirmière

Par   •  24 Septembre 2018  •  3 965 Mots (16 Pages)  •  442 Vues

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Si l’on s’attarde tout d’abord au premier angle, il est possible de constater que l’intérêt pour la profession a beaucoup diminué depuis l’année 1970, passant du quatrième choix le plus fait comme programme de cégep dans ces années, au quatre-vingt-onzième en 1980[2]. Les enquêtes réalisées à ce sujet montrent que ce phénomène est principalement dû à deux causes. Premièrement, l’évolution de la société fait en sorte qu’alors que les femmes étaient principalement portées vers des carrières de soins pour travailler en attendant de se marier, elles cherchent désormais de plus en plus des débouchés dans des domaines différents. Cela fait donc en sorte que la profession infirmière est délaissée par les jeunes filles lors de leur choix de carrière. Deuxièmement, on peut aussi expliquer la diminution de l’intérêt pour une carrière dans les soins de santé par la difficulté des conditions de travail qui sont de plus en plus associées à la profession infirmière dans les dernières années. En effet, les infirmières laissent beaucoup entendre qu’elles ne sont pas satisfaites de leurs conditions de travail[3]. D’ailleurs, en 2004, un sondage auprès des syndicats infirmiers « qualifient leur milieu de travail de stressant (86 %), d'oppressant (85 %), mal doté (86 %), mal financé (88 %) et lourd (91 %) »[4]. De plus, 95% des infirmières répondent « non » lorsqu’on leur demande si elles recommanderaient la profession à leur fille[5]. C’est donc dire que la profession ne semble plus aussi attrayante pour les jeunes lorsque vient le moment de faire leur choix de carrière.

Parallèlement, on remarque aussi que depuis l’année 1990, suivant la même tendance, les institutions d’enseignements ont beaucoup diminué le nombre de places disponibles pour admission dans leurs programmes de soins infirmiers, soit de 20% dans les universités et de 50% dans les cégeps[6].

Ces deux facteurs combinés peuvent expliquer le fait qu’il y a de moins en moins d’infirmières qui entrent sur le marché du travail d’année en année. On peut en effet constater, tel que présenté dans la figure 1, que le nombre de demandes pour adhérer à l’ordre des infirmières a diminué de 17% entre les années 1975 et 1985. Par contre, on assiste à une légère remontée de celles-ci vers l’année 1990, avec une augmentation de 8%.

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Figure 1 : Nombre de demandes d’adhésion présentées à Ordre des infirmières et infirmiers du Québec entre les années 1975 et 1990. (Données tirées de Dallaire, Clémence, et Al. (2003). p. 309).

Dans un deuxième temps, il est possible de remarquer que le nombre d’effectifs est beaucoup affecté par les problèmes de rétention de la main d’œuvre déjà sur le marché du travail. Ce phénomène peut tout d’abord être expliqué par le vieillissement global des employés. En effet, comme mentionné précédemment, il y a une diminution de nouveaux diplômés qui pratiquent les soins infirmiers, ce qui fait en sorte que le nombre de travailleurs en postes qui vieillissent et prennent leur retraite est plus élevé que celui de nouveaux employés. Concrètement, le rapport des infirmiers de plus de 45 ans est passé de 10% à 41,4% entre les années 1963 et 1998 [7]et cet accroissement de l’âge moyen causera à son tour une augmentation exponentielle des départs. À ce sujet, il a déjà été possible de constater une augmentation de 100% du nombre de retraites annuel entre les années 1999 et 2009 (figure 2).

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Figure 2 : Nombre de retraites annuelles des infirmiers entre les années 1999 et 2009. (Données tirées de Dallaire, Clémence, et Al. (2003). p. 313).

Par la suite, la rétention des effectifs s’avère difficile à cause des conditions de travail qui sont trop difficiles et bien que la situation est décrite plus précisément dans la section suivante, il est important de bien comprendre en quoi les caractéristiques de l’emploi peuvent avoir un effet sur le nombre d’employés. Dans un premier lieu, il est rapporté que plus du tiers des infirmiers en poste en 2001 se disaient insatisfaits de leur travail et que 16,6 % d’entre eux ont l’intention de quitter leur emploi dans la prochaine année.[8] Cette tendance à vouloir un changement est la plus marquée chez les employés de moins de 30 ans[9], ce qui cause une aggravation du phénomène de vieillissement de la main d’ouvre mentionné précédemment. En fait, les nouveaux diplômés qui entrent en poste sont souvent assignés à des postes où le travail est occasionnel ou sur appel qui s’avèrent être ceux dont les conditions d’horaire et la constance dans le travail sont le moins agréables. Cela a d’ailleurs pour effet de faire en sorte que les employés qui sont dans ce type de situation d’emploi sont ceux qui enregistrent le taux d’abandon après un an le plus élevé de la profession soit 7,3 %[10].

On retient donc du nombre d’effectifs liés à la profession infirmière que l’on fait face à la fois à un problème d’attraction et de rétention. La diminution de la capacité d’attraction de l’emploi, le peu de places disponibles dans les institutions d’enseignement, le vieillissement de la main-d’œuvre et les caractéristiques de l’emploi sont tous des facteurs qui, combinés, contribuent à diminuer la quantité d’infirmières et d’infirmiers pouvant pratiquer la profession.

Solutions liées aux effectifs

Tel que le présent rapport le confirme, il y a bel et bien un manque d’effectif pour la profession infirmière et la situation ne semble pas vouloir s’améliorer. Afin de corriger la situation et ainsi être en mesure de fournir aux équipes de soin les ressources humaines nécessaires à l’accomplissement de leur travail, il serait donc important de mettre en place des programmes d’intervention spécifiques aux problèmes énoncés.

En premier lieu, je propose de nous attaquer directement à la diminution de la capacité d’attraction de la main-d’œuvre qu’exerce ce type d’emploi. Pour ce faire, nous pourrions agir à deux niveaux distincts : le nombre de places d’admission des établissements d’enseignement et l’intérêt que les jeunes en processus de choix de carrière portent à la profession.

Pour ce qui est du premier, nous ne pouvons bien sûr pas agir directement sur le nombre de places offertes, ne détenant pas de pouvoir décisionnel dans le monde de l’éducation. Par contre, il nous serait possible d’utiliser le poids politique de la profession pour encourager le gouvernement à faire

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