Étude de cas Patient G.W - Roy, A., Lambert V., Pinon, K., Etcharry-Bouyx, F., & Le Gall, D. (2001). Apport d’une stratégie de facilitation basée sur l’imagerie mentale dans l’approche rééducative d’un patient amnésique. Arobase, 5 (1-2), 57
Par Junecooper • 23 Juin 2018 • 3 568 Mots (15 Pages) • 899 Vues
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la plus récente. Elle est généralement déclenchée par une émotion intense et s’accompagne d’une désorientation temporo-spatiale (ex : annonce d’un décès …). Ces ictus durent généralement de quelques heures à une journée et entraînent souvent des séquelles quasiment inexistantes. A l’inverse, nous pouvons trouver l’hypermnésie permettant d’avoir des capacités mnésiques très importantes mais généralement dans un domaine limité.
Les amnésies, dites, psychogènes (ou affectives) sont plutôt d’ordre psychiatrique. Il s’agit d’une pathologie fonctionnelle de la mémoire mais sans atteinte organique. Cette typologie regroupe notamment les amnésies sélectives relatives à l’oubli d’un événement insupportable, offrant ainsi une échappatoire psychique, dans le cadre du refoulement Freudien. Nous trouvons également l’amnésie d’identité généralement incohérente et de durée variable. Ces syndromes ne sont pas provoqués par des lésions cérébrales mais d’avantage par des traumatismes psychologiques, à tendance schizophrénique dans le cas de récidive grave. Enfin, il existe des syndromes amnésiques durables avec l’amnésie diencéphalique, également appelé Syndrome de Korsakoff, qui est lié à un dysfonctionnement des corps mamillaires et du thalamus. En général, il s’agit d’une amnésie antérograde avec un oubli à mesure moins sévère. Souvent caractérisée par des symptômes frontaux et des troubles du comportement, les patients deviennent anosognosiques (non conscience de leurs troubles), avec des fabulations et des fausses reconnaissances. Ou encore l’amnésie hippocampique pouvant être bi-hippocampique, il s’agit d’un dysfonctionnement de l’Hippocampe. Sa sémiologie se caractérise principalement par une amnésie antérograde avec un oubli à mesure, ainsi qu’une amnésie rétrograde moins sévère, sans toutefois présenter des signes de fabulations ou de fausses reconnaissances, à l’inverse de l’amnésie diencéphalique.
II. Anamnèse
GW est un père marié de 33 ans et droitier. Il est négociant automobile et exerce alors une activité professionnelle à responsabilités. Le 29 octobre 1999, GW eut de violents maux de têtes (céphalées) et fit un malaise. Il subit un AVC hémorragique. Une rupture d’anévrisme de l’artère communicante postérieure gauche fut révélée au scanner des urgences et a entraîné un hématome au lobe temporal gauche ainsi qu’une atteinte du nerf oculomoteur gauche. Suite à une altération de la vigilance, une scanographie fut réalisée et permit de découvrir une hydrocéphalie, un excès de liquide céphalo-rachidien dans les ventricules.
Lors de sa sortie de neurochirurgie (le 29 novembre) un examen neurologique est effectué et révèle une évolution de l’atteinte du nerf oculomoteur en paralysie, une désorientation temporo-spatiale et la production de propos incohérents. Arrivé dans le service de neurologie, GW est dans un état confusionnel important. Il confabule et de nombreux symptômes cliniques démontrent une amnésie post-traumatique. En effet, une sévérité des troubles de la mémoire antérograde et rétrograde sont relevés ainsi qu’un oubli à mesure, une aggravation de la désorientation temporo-spatial et de vagues repères autobiographiques. L’amnésie est une séquelle relativement fréquente chez les patients ayant subit un AVC, qu’elle soit rétrograde, antérograde ou antérétrograde. Elle se caractérise principalement par une altération de la mémoire épisodique (mémoire contextuelle liée aux émotions) au niveau de la qualité (véracité de l’événement) de l’information et de sa conservation. De même, la difficulté de pouvoir encoder et stocker des nouveaux apprentissages d’ordre sémantiques peut être relevée. La Batterie d’Efficience Cognitive (BEC) réalisée le 30 novembre a permit de mettre en évidence des déficits mnésiques dans les épreuves évaluant l’orientation temporo-spatiale et l’apprentissage de mots.
Le premier bilan neuropsychologique a été réalisé mi-décembre. Le patient se montre très coopérant. Néanmoins, la vigilance reste fragile ; pour cause, les troubles mnésiques mais aussi sa gêne visuelle due à l’atteinte oculomotrice ; ce qui a entraîné un raccourcissement de la durée des entretiens. Le patient est fatigué, il a des difficultés à se rappeler de souvenirs récents. Il a des problèmes d’attention. Une anosognosie des troubles de sa mémoire est relevée au Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire (QAM).
En situation, l’expression orale spontanée ou contrainte, c’est à dire dans le cas de dénomination d’images, est préservée selon le Boston Diagnostic Aphasia Examination, que ce soit sur les modalités phonologiques, lexicales ou syntaxiques. Il y a toutefois, une réduction de la fluence verbale sur le versant phonologique alors que la modalité sémantique est correcte. Cette réduction de la fluence verbale pourrait être due au trouble de récupération des informations, et plus globalement, due à l’amnésie antérograde et rétrograde. Il n’y a pas de difficulté pour la compréhension orale. Aussi bien pour la lecture que pour l’écriture, le langage est efficient sans défauts de compréhension. Néanmoins, une micrographie acquise est relevée.
GW a toujours des problèmes pour rappeler la date exacte. Toutefois, il ne semble plus y avoir de déficits concernant l’orientation spatiale. Pour la mémoire autobiographique, les événements et faits personnels sont retrouvés mais pas de récupération en ce qui concerne les souvenirs qui précèdent les 18 mois de la rupture d’anévrisme. Les faits culturels, récents ou précédents l’AVC ne sont pas récupérés et l’indiçage ne permet pas une récupération des informations. Une amnésie rétrograde, en rapport avec les événements biographiques et culturels, avec un gradient temporel, suivant la loi de Ribot, est repérée.
Concernant la mémoire de travail, les performances auditivo-verbales sont correctes même si une faiblesse est relevée dans les capacités de stockage. L’amélioration des performances avec un support écrit démontre une difficulté pour GW de résoudre des problèmes à l’oral et donc, un déficit pour la manipulation des données verbales. Pour le calepin visuo-spatial, il y a une difficulté de stockage en ce qui concerne un traitement visuo-simultané par rapport au traitement d’une information spatio-séquentielle. Pour la mémoire sémantique, il n’y a pas de trouble détecté à l’examen. Néanmoins, en ce qui concerne la mémoire épisodique, les performances mnésiques sont déficitaires aussi bien pour l’apprentissage d’un matériel verbal que visuel.
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