Nature et culture cas
Par Ninoka • 1 Avril 2018 • 4 734 Mots (19 Pages) • 573 Vues
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Si les besoins basiques de l'homme sont naturels et communs à tous, la manière de les satisfaire diffère d'une société à l'autre ( manières et techniques employées pour marcher, pour se nourrir, pour respirer, pour se vêtir), même certaines facultés qui paraissent tout à fait naturelles, sont l'objet d'un apprentissage et d'un processus d'acquisition (pour la faculté de la parole, l'homme naît, certes, doté d'organes de la parole, mais pour pouvoir parler l'acquisition d'un langage et des techniques de la parole, qui sont tous des produits de la culture, s'avère indispensable).
L'homme invente des choses qui n'existaient pas et transforme ce que lui procure la nature, dépassant par cette capacité inventrice et modificatrice les animaux qui se contentent de ce que leur donne la nature. « L'animal fait un avec la nature. L'homme fait deux. Pour passer de l'inconscience passive à la conscience interrogative, il a fallu ce schisme, ce divorce, il a fallu cet arrachement. » affirme Jean Bruller, dit Vercors
L'art, la science et la technique de l'homme lui ont permis de devenir maître de la nature. Marx affirme dans ce sens que l'homme a « cultivé et humanisé la nature ». Il est capable d'exploiter les richesses que recèle la nature, de transformer son environnement, d'asservir les autres espèces et même de les modifier génétiquement.
Si l'homme a pu dépasser l'état de nature et accéder à l'état de culture, il n'a pas rompu avec la nature pour autant. Non seulement la nature est le lieu où l'homme puise ses ressources, mais elle lui inspire la majorité de ses idées et de ses inventions. Comme « rien ne naît de rien », la culture humaine n'est pas la parfaite négation de la nature, il y a bel et bien une part du naturel dans le culturel tout comme il y a une part du culturel dans le naturel. Par exemple, sans les organes et les prédispositions naturelles de l'homme, l'apprentissage, à lui seul, ne peut réaliser ni développer certaines facultés.
En outre, la nature est toujours perçue, vue, appréciée à travers le regard de l'homme. Un regard qui est impérativement culturel, c'est-à-dire marqué par une certaine pensée, influencé par certains préjugés, porteur de traditions et de visions du monde.
Edward Sapir, Le langage. Introduction à l'étude de la parole (1921)
Il est difficile de distinguer dans l'homme ce qui est naturel de ce qui est culturel, vu que quelques activités, manières d'être et de penser qui sont considérées comme culturelles au départ finissent, avec le temps, par s'incorporer à l'être devenant ainsi quasi naturelles.
Les pères craignent que l'amour naturel des enfants ne s'efface. Quelle est donc cette nature, sujette à être effacée ? La coutume est une seconde nature, qui détruit la première. Mais qu'est-ce que nature ? Pourquoi la coutume n'est-elle pas naturelle ? J'ai grand-peur que cette nature ne soit elle-même qu'une première coutume, comme la coutume est une seconde nature.
Pascal, Pensées, chap. 2, § 93
Le fait culturel est universel certes, mais chaque culture est singulière et unique.
Variété des cultures :
La variété des cultures est nécessaire pour assurer la survie de l'espèce humaine. Chaque culture est différente des autres, singulière. Au sein d'une culture majoritaire existent des cultures régionales.
On a longtemps opposé la culture, privilège d'une élite, à l'ignorance des masses.
En rapport avec les mots anglais : mass-culture et mass-media, on parle de culture de masse. Cette culture est diffusée par les médias. Elle est considérée par certains comme pseudo-culture, car ils dénoncent son aspect manipulateur et aliénant, contrairement à d'autres qui l'apprécient parce qu'ils voient en elle la démocratisation de la culture.
L'impact de cette culture de masse suscite beaucoup d'inquiétude chez l'opinion adulte qui dénonce quelques-unes de ses répercussions négatives telles que l'encouragement de la violence et l'abêtissement. On lui reproche aussi de provoquer la déculturation des sociétés du tiers monde et d'appauvrir les relations humaines.
La culture de masse est en perpétuelle évolution, contrairement à la culture traditionnelle.
Montaigne, Essais, livre II, chap. 12 (« Apologie de Raymond Sebond »), Livre de Poche, 1972
Prendre sa culture pour point de référence et juger les us et coutumes des autres sociétés d'après sa propre culture et sa propre société c'est faire preuve d'ethnocentrisme. Chaque société a ses propres lois et la simple différence des valeurs et des croyances ou même des coutumes ne peut être prétexte pour qualifier une personne ou un groupe humain de barbare c'est-à-dire d'inculte ou de primitif ce qui équivaut à les rejeter en dehors de l'humanité.
Tout est relatif, et juger de la valeur d'une culture d'après ses propres préjugés c'est refuser à l'autre son droit d'être autre c'est-à-dire d'être différent.
La variété des cultures n'est point une menace, mais un enrichissement pour la civilisation humaine. D'ailleurs cette divergence au niveau des cultures permet aux hommes de mieux cerner leurs points communs et leurs similitudes, car d'après Rousseau :
Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi ; mais pour étudier l'homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin ; il faut d'abord observer les différences pour découvrir les propriétés.
Rousseau, Essai sur l'origine des langues, chap. VIII
C'est en dégageant les points de similitude entre différentes races et sociétés humaines qu'on peut accéder aux caractéristiques universelles qui déterminent et distinguent la nature humaine.
Fins de la culture :
La culture permet l'appartenance de l'homme à un groupe social et facilite son intégration, en le rendant apte à la vie sociale (la culture affaiblit la barbarie en formant la politesse). En outre, elle est
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