Louis Nucera
Par Andrea • 21 Août 2018 • 1 218 Mots (5 Pages) • 386 Vues
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à prétendre que Louis Nucera n’est qu’un écrivain régionaliste, au sens péjoratif du terme :
Lors de la remise du prix interallié pour Le Chemin de la Lanterne, à l’heure du diner, un invité se crut malin et lança à Louis Nucera :
- Dans le fond, s’il n’y avait pas Nice et ses environs, je me demande ce que tu pourrais bien écrire ?
Autrement dit, nous pouvons décrypter le sens caché de cette intervention : il trouvait l’inspiration de Louis Nucera un peu courte et inapte à se renouveler. Il ajouta même :
- Eh oui, si tu étais né ailleurs qu’aurais-tu pu écrire comme bouquin ! Sans doute aucun !
Louis Nucera lui répondit que « nous sommes faits de beaucoup de passé, que ce que l’enfant ressent trace de solides sillons dans l’homme en devenir, que de se promener au petit bonheur ou au petit malheur dans les souvenirs nourrit celui qui écrit. »
Et il ajouta : « Que veux-tu, d’être amarré au pays natal est pour moi une nécessité. Je ne suis pas le seul écrivain dans ce cas.
- Ce que je raconte ce sont les gens dont je suis issu, le petit peuple qui m’a entouré, les détails qui témoignent d’une façon d’être, les petits riens qui expriment tant de choses. Originaire de Lille ou de Paris, j’aurais eu, comme à Nice, une mère, une grand-mère, des oncles, un père, une épouse, des amis, des rues à observer, des bistrots… […] si des hommes et des femmes n’ont aucune curiosité (je ne les juge pas), il en est d’autres qui font leur miel de tout, qui n’ont pas besoin de courir le monde pour comprendre que l’exotisme et l’exceptionnel sont toujours à portée du regard sans compter que la banalité, le train-train quotidien, ce n’est pas rien. »
Voilà : c’est l’art de Louis Nucera que je vais tenter de vous montrer, lui qui parvenait à faire « son miel de tout » ou plutôt aujourd’hui qui est parvenu, pour notre plus grand bonheur, à faire son miel du quartier Saint-Roch.
Dans l’œuvre de Louis Nucera, certes, il y est question de Nice, et même souvent de la vie d’un quartier de Nice, mais il s’agit avant tout de parler de l’Histoire qui fait l’homme ou des hommes qui font l’Histoire. Et cette histoire est universelle !
Les six romans de Louis Nucera se situent donc à Nice ou dans l’arrière pays niçois, on ne s’éloigne jamais trop. Nous en visitons pas à pas des quartiers entiers et évidemment, plus particulièrement le quartier de cœur, le quartier de Saint-Roch, puisqu’il est bien question d’une histoire de cœur, comme l’indique le titre de ce programme « 80 ans Saint-Roch : une histoire de cœur ». Comme l’a déclaré d’ailleurs Auguste Panuzzi à un journaliste de Libération qui l’interviewait : « le 06300, c’est le code postal du «vrai Nice», celui des quartiers Riquier, St-Roch ».
Rien n’est oublié dans l’œuvre littéraire de Louis Nucera, ni le nom des rues, ni les commerces anciens-nouveaux, ni les habitants, ni surtout l’Histoire avec un « H » majuscule. De véritables itinéraires initiatiques nous sont proposés parfois, dans cette ville, et dans ce quartier, que Louis Nucera affectionnait tant :
« Il est des lieux où les fées qui officient depuis le commencement des temps, se refusent à la retraite. Elles fabriquent du merveilleux et poussent l’ineffable jusqu’à l’archétype. »7
« G. Camy, un journaliste, critique de cinéma à Télérama : La région niçoise est-elle une source d’inspiration importante ?
Louis Nucera : Oui. Bien sûr, la région m’a inspiré. J’ai quitté Nice il y a vingt-deux ans ; vous connaissez la phrase de Thomas Mann : « L’art est une nostalgie qui crée », et c’est vrai qu’en étant loin, on exagère encore, on se réinvente un peu les choses… les choses sont encore plus belles et nous touchent davantage. »
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