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Les français et la guerre sous louis XIV

Par   •  2 Février 2018  •  1 795 Mots (8 Pages)  •  508 Vues

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Le tiers état n’est pas le seul à jouer un rôle croissant dans la guerre. Si le clergé a plutôt vocation à prier, il joue un rôle non négligeable dans l’implication militaire. En effet, depuis Henri III, les Te Deum ont été appropriés par le pouvoir. Les Te Deum sont des hymnes en prose, latines et chrétiennes, chantés à l’occasion de services solennels. Par exemple, lors d’une grande victoire militaire, les Te Deum ont lieu. Ils ont lieu à Paris, à Notre-Dame, mais aussi dans les provinces. Pour les rendre plus connaissables, des lettres circulaires sont mises en places. Le clergé joue alors un rôle important dans l’unification et l’unité de tous les français autour du pouvoir grâce à la propagande.

L’implication dans l’effort de guerre est totale et universelle. Si cette implication se révèle de par la « vocation nobiliaire » à servir l’armée, par la participation croissante du tiers-état au combat ou encore par la propagande du clergé, cet effort de guerre total se traduit également par l’élargissement de l’imposition pour financer la guerre.

La crise économique et donc le manque de ressources financières pose la France en difficulté lors de la guerre de la Ligue D’Augsbourg (1688-1697). Dans un contexte ou l’augmentation de la taille n’est pas envisageable, un nouvel impôt direct est établit par la déclaration du 18 janvier 1696, la capitation. La capitation n’est pas impôt propre au tiers-état : celui-ci touchera la noblesse mais également le clergé. Les roturiers ne sont plus les seuls à participer économiquement au financement de la guerre. Le pouvoir utilise la propagande pour justifier l’impôt et se base sur l’argument de l’injuste coalition européenne contre le pouvoir royal. Il vante alors l’universalité de l’impôt pour contrer cette terrible injustice et use aussi de l’argument de l’égalité pour obtenir un soutien plus large dans son royaume. Pour jouer de cette égalité, la capitation divise la société en 22 classes à partir du rang des personnes mais également à partir de l’estime sociale qu’on en avait. Par exemple, la première classe regroupe le dauphin, les princes, les ministres… Cet impôt est supprimé en 1697 à la suite du traité de Ryswick, qui met fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg mais est rétabli en 1701 pour le financement de la guerre de Succession d’Espagne. Le tiers-état n’est alors plus le seul à payer des impôts.

En novembre 1696, le pouvoir met en place l’Armoriale général afin de réduire la dette de l’Etat. Cet impôt vise à taxer le port des armoiries dans sa totalité. Ainsi, personne n’était exempté de cet impôt. Le clergé et la noblesse était évidemment les principaux touchés mais cela concernait également, entre autre, les « bourgeois qui […] jouiront aussi du droit d’avoir et de porter des armes, à charge de les présenter dans le temps aux bureaux des maitrises]. Cette nouveauté va encore plus loin dans l’universalité de l’impôt puisque le pouvoir décide même d’attribuer d’office des armoiries à ceux qui n’en ont pas, afin de les rendre imposable de l’armorial général. En somme, l’objectif est clairement de « faire payer, enregistrer et contrôler ». Un nouvel impôt s’étend alors à la noblesse et au clergé.

En somme, cet Etat guerrier sous Louis XIV a bel et bien perturbé les codes sociaux. Il s’est ingéré dans le processus d’anoblissement et s’est ingéré dans les affaires financières des communautés avec un système de contrôle de la société. De plus, il a réussi à générer une participation totale à la guerre avec la noblesse, le clergé et le tiers-état. Enfin, la question de l’impôt a été soulevée et élargie pour participer à cette guerre. Ainsi, alors que les trois ordres (noblesse, clergé, tiers-état) étaient clairement en place et semblaient clairement délimitée à l’arrivée de Louis XIV au pouvoir, ceux-ci ont été chamboulés et leurs vocations également. Certains « riches » du tiers-état se sentent plus de la noblesse mais ne peuvent y accéder, les roturiers font carrière aux cotés des nobles, le clergé s’implique dans l’effort militaire, les impôts touchent dorénavant les nobles et le clergé… Il serait intéressant de se demander si ces mesures générant une certaine mixité sociale vont vers une égalité réelle et la disparition des ordres.

Bibliographie

- LEBRUN, François, La puissance et la guerre, 1661-1715, Paris, Le Seuil, « col. Points Histoire », 1997.

- GANTET, Claire, Guerre, paix et construction des Etats, 1618-1714, Nouvelle histoire des relations internationales – 2, Paris, Le Seuil, col. « Points Histoire », 2003.

- BURKE, Peter, Les stratégies de la gloire, Paris, Le Seuil, 1995

- CHALINE, Olivier, Le règne de Louis XIV, Paris, Flammarion, 2005.

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