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Question sur corpus et commentaire de texte

Par   •  20 Août 2018  •  1 506 Mots (7 Pages)  •  530 Vues

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Suzanne parle à, première vue, seule tout au long de la scène, mais elle parle à un personnage précis : Louis. Il s'agit alors d'une tirade monologuée, elle s'adresse bel et bien à quelqu'un : « Tu as juste écrit » (v.53), « Tu voulais » (v.45).

Suzanne se sert de cette tirade monologuée pour en faire une série de reproches Elle reproche l'absence de Louis, compensée par des « lettres » (v.32), « des petits mots » (v. 34), « des lettres elliptiques » (v.37). Elle est en manque d'affection, elle aurait voulu que ces « petits mots » soient plus personnels : « et laisser à tous les regards les messages sans importance que tu nous adresses ». (v.46)

La parole de Suzanne se développe dans le silence, et en ne reçevant rien en retour, elle s'alimente d'elle-même. Louis n'intervient pas et Suzanne semble aller jusqu'au point où elle se pose les questions à la place de Louis.

Elle rapporte des propos indirectement, lui fait comprendre qu'elle n'est pas seule à le penser. En effet, elle mélange souvent le « je » à « nous » : « Je t'oubliai assez vite » (v.6), « Tu as dû parfois avoir besoin de nous » (v.26), « je croyais cela » (v.43), « que tu nous consacrerais » (v.45) […]. Elle semble ne pas avoir de pensée propre, ne pas penser par elle-même (ou alors très peu).

Peut-être n'a t-elle pas encore tout à fait construit son existence à cause de l'absence de Louis ?

D'une part, Suzanne a des difficultés à exprimer ses idées et ses sentiments, qui prennent le dessus. Elle se répète tout au long du texte : « parti » (v.8 et 9), « bien » (v.10, 11, 13 et 17), « parfois » (v.19,23,26,30,32,33,37), celle-ci veut probablement accentuer ses aveux en vis-à-vis de Louis, elle est touchée par cette situation. Elle a en quelque sorte une énonciation perturbée, à cause de ses nombreuses répétitions et elle utilise à la fois le temps du passé : « Tu nous envoyais des lettres » (v.32), et le temps de l'énonciation : « Tu nous envoies des lettres » (v.33) Elle reprend ses formules initiales et fait de l'autocorrection traduisant l'embarras et, en même temps, l'admiration pour son frère Louis. Il existe aussi des effets de reprises anaphoriques : « Même si tu ne l'avoues pas, jamais » (v.20), « Même si tu ne devais jamais l'avouer » (v.21). Elle ressent de l'admiration et de la frustation, puisque'elle prétend que la famille a une place réduite dans les préoccupations de Louis : « tu voulais réduire la place que tu nous consacrerais » (v.45)

D'une autre part, Louis ne fait aucune apparition dans le dialogue, il ne prend pas la parole une seule fois, il ne parvient pas à dire la raison de sa venue. Suzanne dit : « tu sembles m'écouter sans m'interrompre. »

Que signifie le silence de Louis ? Peut-être que ce monologue de Suzanne révèle de Louis un être ayant du mal à dialoguer, qui à tendance à se renfermer sur lui même ?

Lagarce évoque subtilement la difficulté d'exprimer l'amour, le manque, et met en scène deux personnages complexes, douteux et angoissés, à la difficulté à être et à se faire comprendre. Les reproches de Suzanne se traduisent par une longue tirade monologuée faisant part des sentiments de chacun.

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