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Quelles sont les différentes fonctions de cet incipit ?

Par   •  26 Août 2017  •  1 487 Mots (6 Pages)  •  729 Vues

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physiquement par sa coiffure –« le chef orné de longs cheveux en tresses », par sa tenue simple « nu-tête, nu-jambes, les pieds chaussés de petites sandales ». Si par son apparence il pourrait gêner, il attire en revanche par son caractère moral, attachant mais inhabituel en Europe selon Voltaire. Il est aimable et poli : il « fait des politesses ». Il est sociable : il partage son « eau de Barbade » avec les Kerkabons. Il met à l’aise : « …tout cela avec un tel naturel que le frère et la sœur en furent charmés » ; il n’affiche aucune arrogance dans ses relations avec les autres. Une antithèse résume la contradiction ressentie communément au XVIII è siècle entre son origine indienne et son caractère sociable : il est « martial et doux ».

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*** Ces personnages sont là pour intéresser le lecteur, pour le divertir.

Mais l’auteur met ces personnages au service du combat des Lumières. C’est pourquoi l’incipit a aussi pour fonction de préparer le lecteur à voir le message philosophique qui se cache derrière le caractère attrayant des personnages

*Ce qui apparaît dès les premières lignes de cet incipit est la volonté de l’auteur de critiquer l’Eglise. Pour lui, l’Eglise véhicule l’ignorance à travers les récits de la Bible. Donc pour s’en moquer, il invente la légende de « St-Dunstan », censée expliquer l’origine du nom « prieuré de la Montagne ». Ce qui montre sa distance avec cette légende est l’antiphrase « comme chacun sait » ; personne ne peut connaître une histoire qu’il a inventée pour écrire son conte. Il a un deuxième reproche vis-à-vis de l’Eglise, c’est la contradiction entre les paroles et les actes. Les hommes d’Eglise sont censés être des références morales. Or pour Voltaire ils boivent jusqu’à s’enivrer : on est « obligé de [les] porter dans [leur] lit ». Cela est d’autant plus choquant pour lui que cela est fait avec l’argent des autres, ce que rappelle le mot « bénéficier ». Cette contradiction chez les dévots est aussi mise en évidence par l’antithèse « … aimait le plaisir et était dévote ».

*Dans la suite de l’incipit, la critique de la société apparaît sous deux aspects complémentaires. Tout d’abord, l’européocentrisme est dénoncé. Les Européens ont un manque d’ouverture à cause de leurs préjugés : « …étonnée et enchantée de voir un Huron qui lui avait fait des politesses ». Ensuite ce sentiment de supériorité est d’autant moins justifié que la rencontre entre les Kerkabon et le Huron met en évidence l’opposition entre la simplicité de l’Indien et la complexité de la société européenne. En effet chez le Huron, on n’a aucun souci d’étiquette ; il salue « d’un signe de tête » sans procédure compliquée qu’il ne connaît pas : « …n’étant pas dans l’usage de faire la révérence ». Et on a des relations égalitaires qui se remarquent dans le partage de « l’eau de Barbade »

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*** Cet incipit a trois fonctions : donner des repères au lecteur sur le genre et le ton, l’intéresser grâce aux personnages, passer un message philosophique en lien avec les combats des Lumières.

*Par le choix de ce genre l’auteur entend diffuser son message au-delà des élites savantes de son temps et il pense obtenir l’adhésion du lecteur plus facilement qu’avec un essai.

*La suite du conte confirmera l’intérêt du Huron comme révélateur des travers de la société, et comme instrument actif de la critique en étant le porte-parole de l’auteur

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