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La mondanité et la tentation d’isolement à l’âge classique

Par   •  6 Novembre 2017  •  2 429 Mots (10 Pages)  •  544 Vues

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La préciosité et les précieuses.

Ajoutez à cela, l’air du temps tout à la préciosité avec ses ruelles bleus et jaunes. Son existence va de pair avec l’apparition des salons et des ruelles, crées à l’initiative et autour des femmes. Elle est en même temps un art de vivre et une sensibilité littéraire. Pour ces mondaines, la ville et tout particulièrement Paris est le centre de la mondanité. Pour les précieuses ridicules, l’air de la ville est hautement loué. Il ravive. On a en horreur la rusticité et les manières grossières. Même la compagne va être contaminée par ce bel air. Les personnages des Précieuses ridicules sont des filles de la Province qui essaye d’imiter les gens de Paris, leur Athènes.

La ville est l’espace également de la formation. Pour se faire une carrière digne de ce nom, il faut monter à Paris et fréquenter le bon monde. Pour Saint-Evremont la cour est le centre de tout « tout ce qui sent les provinces, les petites villes, et les quartiers particuliers est de méchant goût. »

Cette propension à la mondanité fit dire à un solitaire tel que Pascal dans le chapitre consacré au Divertissement « … le malheur des hommes vient de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre….et on cherche les conversations et divertissements des jeux que parce qu’on ne peut pas demeurer chez soi avec plaisir. »

Le sens de la solitude et du refus de la mondanité.

La solitude dans ce sens ne serait qu’une fausse note par rapport à un système politique, culturel dominant. Pour les jeunes, il serait malséant de se retirer du monde alors que la gloire les appelle à subir des épreuves à travers des aventures chevaleresques, et à performer leurs éducations à la cour. Celui qui aime la solitude ne peut être qu’un déséquilibré. Molière fin critique des excès, dresse un portrait charge contre le solitaire. Alceste, le protagoniste est blasé contre son siècle et préfère se retirer dans un désert. Il est hanté par le désir de la retraite :

Et parfois il me prend des mouvements soudains

De fuir dans un désert l’approche des humains.

(VV. 142-143) (Molière, 2000, P.37)

Sous la plume du dramaturge c’est le misanthrope « atrabilaire » qui a « conçu pour elle (l’humanité) une effroyable haine. »

Et bien sûr, Célimène, en femme du monde, refuse de suivre Alceste dans son désert car disait-elle :

« La solitude effraie une âme de vingt ans » (V. 1774), (P. 132, Op.cit)

La solitude sied aux vieux ceux qui n’ont rien à espérer du monde et qui ont leur gloire derrière eux. L’Abbé de Prévost réserve la solitude à la vieillesse dans son roman « Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde ». C’est un roman de la jeunesse glorieuse d’un chevalier et de son déclin élevé sur les principes et les valeurs de l’ancien régime, fidèle aux idées de la noblesse. Le narrateur lié par les idées de devoirs qu’impose les valeurs de la noblesse ne pense à la retraite qu’au déclin de l’âge. : Un vieillard attaché au monde est « un prodige de folie et d’aveuglement. ». Et le repos pour lui reste « le souverain, l’unique, le plus nécessaire et le plus important de tous les biens.

Il faut attendre la seconde moitié du XVIIIème siècle pour faire de la retraite & la solitude des thèmes de premier plan avec notamment des noms comme J.J.Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre…

Deux fausses notes.

Au niveau des écrivains, s’opposer à la mondanité se confond le plus souvent à l’opposition au pouvoir. La retraite est non seulement un refus du monde mais et surtout de l’ordre établi. Deux auteurs attirent notre attention « le papillon de la parnasse » et « l’archevêque de Cambrai ».

La Fontaine aborda dans son œuvre (Les Fables, Psyché et Cupidon ainsi que Le songe du vau de la manière la plus élaborée la retraite comme un modus vivendi, et comme expérience existentielle et non comme simple expédient technique. Le Papillon de la Parnasse chanta la volupté, l’oisiveté et la solitude. Il termina ses fables par la sagesse d’un solitaire : « pour mieux contempler, demeurez au désert. »

On sait bien que derrière cet engouement de la retraite, de l’ombre, des bois, de la paix se cache un refus du roi soleil, persécuteur de mécène Fouquet, tombé dans la disgrâce de l’absolutisme amoureux de la guerre et de la gloire. Il eut l’audace d’opposer dans une élégie à son ex-protecteur le retrait au Vau-le Vicomte à la cour :

Mais la faveur du ciel vous donne en récompense

Du repos, du loisir, de l’ombre et du silence

Un tranquille sommeil, d’innocents entretiens ;

Et jamais à la Cour on ne trouve ces biens.

Selon Fumaroli, il y a opposition entre « la faveur immense du public pour les Fables de ce poids léger des belles lettres, et la ferveur très officielle dont était l’objet, au même moment, le Grand roi, champion poids lourd de l’action, amoureuse, politique, militaire. »

À l’écart de la cour, à l’écart de l’Art de l’Etat, ses fables et ses contes ne font pas pourtant le poids devant les tragédies du grand Corneille ou de Racine qui constituent l’art officiel.

Inspiré par un idéal fondé sur la mystique et l’austérité platonicienne, Fénelon, quant à lui, élabora dans « les aventures de Télémaque », roman, à vocation didactique, un art de vie qui s’oppose au faste, au luxe, à la vie efféminée, molle et oisive et maintient au contraire la simplicité, la vie champêtre et l’éloge de la retraite. Les personnages préfèrent la retraite au pouvoir de la royauté comme Hasaêl qui se détourna du pouvoir offert par les crétois au profit d’ « une vie paisible et retirée, où la sagesse nourrisse mon cœur et où les espérances qu’on tire de la vertu pour une autre meilleure vie après la mort me consolent dans les chagrins de la vieillesse. »

Dans un siècle où l’individu n’existe pas encore, où « le moi est haïssable », on n'a pas le droit de disposer de nous. La solitude, en dehors de la religion, ne peut être que le fruit d’une disgrâce. Le temps

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