La question de l'Homme dans les genres de l'argumentation, du XVIe siècle à nos jours.
Par Christopher • 2 Juin 2018 • 1 627 Mots (7 Pages) • 783 Vues
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- L'éloignement dans le temps
Lorsque le lecteur n'est plus dépaysé par la réalité étrangère, l'écrivain peut recourir à l'éloignement dans le temps, souvent synonyme de merveilleux, fantastique. En enlevant le cadre spatio-temporel, notre imagination est libre, elle interprète comme elle le souhaite ce qu'elle lit. C'est l'inconnu, mais encore plus inconnu que l'éloignement dans l'espace car personne ne l'a vu vraiment un jour. Si l'auteur raconte quelque chose dans le futur, chacun est libre de faire son interprétation. Je vais faire allusion au court-métrage Le voyage dans la Lune, de Méliès (1902). La représentation de la Lune de Méliès est très approximative, et c'est ce qui rend ce court-métrage comique. Il l'a représente comme bon lui semble, il s'y rend facilement, à l'aide d'une sorte de fusée construite très rapidement. Fénélon a puisé dans l'Odyssée pour situer les Aventures de Télamaque. Nous sommes emmenés par le conteur au pays du « il était une fois ». Ce recours à une époque passée indéterminée permet de faire resurgir les anciens rêves de l'humanité, les aspirations fondamentales au bonheur, à l'égalité des chances, à la symbiose avec un univers apaisé. Mais, l'éloignement temporel ne signifie pas seulement merveilleux. Certaines œuvres présentent même un avenir inquiétant aux lecteurs, cela permet de renvoyer à notre société une image très différente de ce qu'elle croit être pour lui faire prendre conscience de son vrai visage, l'habitude, la routine, nous empêchent de voir l'absurdité de certaines de nos croyances, de certaines de nos pratiques. C'est le cas de l’œuvre présentant un avenir inquiétant : Le meilleur des mondes annonce les dangers de la programmation génétique et Fahrenheit 451 parle de l'étouffement de la pensée par les régimes totalitaires. Ces ouvrages sont des cas de contre-utopies, à l'époque peu nombreux dans la société.
Quoi qu'il arrive, le but premier de ces ouvrages, est d'étonner, d'instruire, d'apprendre aux personnes quelque chose d'inconnu, de leur donner envie de découvrir des choses qu'ils ne connaissent pas, et qu'ils n'aurons sûrement jamais l'occasion de voir de leur propres yeux.
II. Critique de la réalité contemporaine
Cependant, la pensée utopique ne s'arrête pas à la présentation d'un modèle idéal à la réflexion de ses lecteurs. Elle se livre à des allers-retours entre les réalisations imparfaites, voire contrefaites de l'esprit humain, et l'exemple. Montesquieu est le seul à laisser le comparé implicite. Aucune attaque n'est relevée contre les vices contemporains dans un extrait de Lettres Persanes . D'autres pages de son roman épistolaire se chargent de cependant critique les travers du Grand Siècle. Flaubert poursuit la voie du réalisme et s'applique à donner une image fidèle de son époque. Dans des récits (Madame Bovary en 1857) où le pathétique est parfois accompagné d'ironie, il donne une vision sombre et grinçante de la réalité de son temps. Fénélon, en revanche se sert de La Bétique pour bâtir le portrait polémique de la France de Louis XIV. Il oppose une civilisation rurale et pastorale, marquée par l'ignorance des riches, par le mépris de la société artificielle. Montesquieu dans Les lettres persanes reprendra les mêmes critiques de futilité, de tyrannie. L'insuffisance du réel peut également se rattacher à l’œuvre Les fleurs du mal de Charles Baudelaire, dans ce livre il décrit son idéal, mais plus il le décrit plus cela le ramène à sa réalité, qui est médiocre, ce qu'il appellera son spleen. Cette œuvre nous prouve que c'est seulement en imaginant ce à quoi pourrait ressembler la perfection que l'on peut comparer avec la réalité et comprendre ce qu'il manque entre ces « deux mondes » qui sont, l'utopique et le réel. Le lecteur, face à une œuvre ou une présentation d'un monde utopique qui lui est représenté, ne peux que se poser des questions sur sa propre existence: qu'est-ce qui fait que mon existence n'est pas parfaite ? Que dois-je faire pour l'améliorer ? Suis-je heureux ainsi ? Cela démontre que l'utopie est aussi présente pour montrer que la réalité est loin d'être parfaite, bien au contraire.
Conclusion
L'évocation de mondes très éloignés du nôtre permet donc aux écrivains et faire réfléchir leurs lecteurs sur la réalité qui les entoure. Les auteurs cherchent à nous séduire par l'exotisme ou la description de contrées mythiques. Ces lieux lointains deviennent le support de l'utopie, expression de valeurs philosophiques, morales ou religieuses. Par comparaison, ils permettent également de juger sans concession la réalité contemporaine. L'utopie n'est donc pas gratuite, mais entend délivrer un constat critique et des leçons morales. Ce regard idéaliste réformateur du siècle des Lumières va se poursuivre au XIXe siècle dans le socialisme.
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