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La folie dans Hamlet.

Par   •  9 Septembre 2018  •  2 601 Mots (11 Pages)  •  400 Vues

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Trop longtemps réduite au silence son apparence et son discours portent les marques de la folie mais contrairement à ce que voudraient faire croire Gertrude et Claudius, il n'est pas dépourvu de sens. Elle atteint un état de lucidité : ses chansons et sa distribution de fleurs correspondant à un authentique langage, formant de libération brutale d'une parole trop longtemps emprisonnée. Si on veut la réduire au silence c'est parce que chacun voit dans sa parole sa propre culpabilité. La parole d'Ophélie est donc niée. Et ne peut donc que se réaliser dans la mort.

La folie est donc dans Hamlet toujours controversé le personnage d'Hamlet étant le plus caractéristique de cet aspect double de la folie.

Pour lui la maladie de l'âme se déclare avec les reproches adressés à sa mère, la rupture du contrat sacré du mariage. L'adultère doublé d'inceste est un acte qui ronge Hamlet et sa vision du monde entier. Cette maladie transforme et noircit tout ce qu'elle atteint, Gertrude a souillé l'image idéale que son fils pouvait avoir de l'amour expliquant en partie la violence avec laquelle il traite Ophélie et son rejet des femmes.

Hamlet se complaît dans la solitude. Quand sa mère lui demande d'abandonner les couleurs de la nuit, elle veut dire que le noir n'est pas seulement la couleur solennelle de son deuil, mais qu'il est aussi la couleur de son âme. Le noir est la couleur emblématique de son profond malheur et non pas seulement un simple déguisement. Souffre dans un monde qu'il ne comprend pas, n'arrive pas à s'adapter aux usages qu'on veut lui imposer.

La mélancolie est une disposition naturelle mais Hamlet a aussi des raisons de l'être car il découvre que la vie est mensonge. Ophélie à cause de sa duplicité ne peut être d'aucun secours de même que Gertrude partagée entre son amour maternel et son amour conjugal. L'amitié d'Horatio est le seul soutien d'Hamlet. Entouré de piège et surveillé, il décide de se réfugier dans une folie feinte afin d'être insaisissable.

Il se comporte alors en poète de son propre personnage. La folie qu'il se compose répond aux exigences de ses différents publics. Chacun se forge une théorie à son image. Selon Polonius, qui a dans sa jeunesse, «beaucoup souffert aussi par amour», Hamlet a perdu la raison à cause de l'amour qu'il porte à Ophélie. L'adjectif fou est employé par lui pour la première fois « son amour pour toi l'a rendu fou » en parlant à sa fille. Pour Gertrude, la folie d'Hamlet s’explique par la mort de son père et par son remariage précipité. Claudius s'inquiète du danger que le prince représente pour lui. Rosencrantz et Guildenstern pensent que son attitude est due à son ambition déçue Hamlet « pour moi le Danemark est une prison » R. « Soit ! Alors c'est votre ambition qui en fait une prison pour vous ». Du héros, chacun retient le trait saillant qui lui convient : la mère le comprend comme fils, les courtisans comme prince, le vieillard comme jeune homme. Le personnage d'Hamlet apparaît alors comme le plus énigmatique de tous.

III- Les conséquences de la folie dans Hamlet.

Avoir un désir de vengeance est une chose, exécuter cette vengeance en est une autre. Chacun n'en est pas capable, ce qui distingue le passage à l'acte peut alors être expliquée par la folie. Le fait qu'Hamlet hésite constamment à exécuter sa vengeance peut donc témoigner de la dualité du personnage comme on l'a vu précédemment. La question fondamentale de la pièce est donc précisément de savoir si Hamlet va agir ou non et donc par conséquent laisser son désir de folie meurtrière l'emporter. Cette interrogation ne trouve sa réponse qu'in extremis à l'acte V. Poussé à la vengeance par le spectre, Hamlet s'interroge dans de longs monologues sur les raisons qu'il a d'agir ou de ne pas agir. De se suicider ou de ne pas se suicider. La mort de Polonius est un accident, mais qui ne l'affecte que peu de temps. A son retour d'Angleterre il ne forme aucun projet de vengeance, mais est prêt à toute éventualité. L'action s'accélère à l'acte V où Hamlet tue l'usurpateur et la tuerie devient générale.

Les actions menées dans la pièce sont à l'image du chaos de l'âme des personnages. La folie dans son acceptation la plus large semble donc être le principal moteur de l'action tragique, puisqu'elle mène au drame. Les maladies de l'âme sont à la fois la cause et la conséquence qui poussent les personnages à agir. Chaque personnage est isolé de son propre mal et de son angoisse. Le roi est seul avec son crime, la reine avec une faute qu'elle ne perçoit vraiment que lorsque son fils lui en montre l'horreur. La folie peut donc entraîner l'action dans la mesure où elle devient dangereuse. Claudius pense qu'Hamlet représente un danger pour le royaume et pour lui-même, sa crainte le fait alors décider d'envoyer Hamlet se faire assassiner en Angleterre, sous couvert d'une mission diplomatique. Quant à Laerte, dans sa colère, agit de façon désordonnée, il se borne à son rôle de vengeur.

C'est la folie du spectre qui dès le début, déclenche l'action de la pièce : tout au long de celle-ci il sera question de vengeance. La vengeance est amenée par un spectre surnaturel, hors du temps et de la réalité, que certains personnages ne voient pas ou, s’ils le voient ne peuvent communiquer avec lui. Inspirant à la fois terreur et compassion, le spectre du vieux roi représente spectaculairement l’image d’une vengeance implacable. Il vient chercher et attend celui qui doit en être l’exécuteur. Pour les officiers, son apparition funeste n’est, au moment où la guerre menace, que le présage des malheurs futurs. Hamlet, en revanche, est l’unique personnage qui peut dialoguer avec lui : ce privilège est le signe de son statut particulier.

Le spectre le distingue des autres protagonistes, l’investit de la mission de le venger, la lui rappelle quand il semble hésiter et l’entraîne vers l’accomplissement de son destin. En ce sens, l’intervention du spectre inscrit l’action dans une perspective inéluctable et fatale, marquée du sceau de la mort : on peut dire que le spectre assume dans la pièce une fonction tragique.

Ophélie, la plus atteinte de sa folie, est la seule à mourir de la conséquence directe de celle-ci, bien avant la scène finale. Cependant sa mort est

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