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L'extase matérielle, Le Clezio

Par   •  16 Octobre 2018  •  1 190 Mots (5 Pages)  •  625 Vues

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qualifié de « malentendu », de « sentiment si général, si abstrait ». L’auteur semble par ces questions prendre le lecteur à témoin de la futilité de se poser cette question alors que pour certains philosophes c’est la question essentielle que tout homme doit se poser à chaque instant.

- Dans ce texte l’auteur affirme néanmoins sa thèse par une modalisation de son discours qui s’appuie sur de nombreuses formules de vérités générales:

« Le bonheur est simplement un accord… »

« Une civilisation qui fait du bonheur sa quête principale est vouée à l’échec… »

« Il n’y a rien qui justifie un bonheur idéal… »

« La seule vérité est d’être vivant… » etc… Tout le 1er § développe une série d’affirmations. Celles-ci sont appuyées par des constructions emphatiques comme « L’absurdité (…) c’est la rupture… »; ou encore des invitations fermes comme « Il faut résister pour ne pas être entraîné ».

- Cette modalité qui inscrit la pensée dans l’affirmation s’appuie souvent sur la répétition:

« Il n’y a rien qui… » 10 et 11

« La seule vérité / Le seul bonheur » 14 et 15

« Rien, rien n’est jamais résolu » 48

Et toutes les négations du dernier § « Il n’y a pas, pas de… » qui semble marteler l’idée d’absence de sens comme pour persuader le lecteur du bien fondé de la pensée de l’auteur.

- le lexique souvent péjorative est aussi souvent utilisé pour critiquer voire ironiser sur les tenants d’une théorie du bonheur.

« cette mythologie » 14

« systèmes » 18

« dénature, source de mensonges » 24 25

« trompant, tromper » 26, « systèmes abstraits et pompeux », « Pour quelle gloire, quel manuel de philosophie… »27-28

On voit bien que le lexique employé dénonce péjorativement en se moquant de ceux qui élaborent des théories visant à donner une recette du bonheur.

- La cible principale de l’auteur est en fait l’intelligence, l’idée qu’elle ne peut construire véritablement une théorie du bonheur et qu’elle n’est au fond que « belles paroles » 9 face à la vie vécue. Un réseau métaphorique renforce cette critique:

Autour de l’idée d’espace: « vide absolu de l’intelligence », « les vagues nébuleuses de la connaissance » 31-33

Ou bien la métaphore du jeu « l’histoire d’un vain jeu de cubes où les pièces ne cessent d’aller et venir, usées, abimées, truquées, s’ajustant mal » 40-42

Ou encore la métaphore liée à la construction: « échafaude, rebâtit, crouler » dénonçant ainsi les architectures inutiles de la pensées qui comme le laissent entendre les exclamations qui suivent « Que de temps perdu! Que de vies inutiles! » 42-43 montrent qu’il vaut mieux vivre « l’aventure » 44 mouvante de l’existence.

- Ce plaidoyer pour la vie et contre la théorie de la vie et du bonheur est résumé dans le dernier § par la série d’opposition évoquée:

« pas de fin / pas de commencement »

« de solution (remarquez les majuscules) / de problème »

« apercevoir / non de le comprendre »

Ce texte relève donc bien de l’essai dans la mesure où il énonce sur le thème du bonheur l’idée que celui-ci ne réside simplement que dans l’acte de vivre lui-même. Ainsi, par certains aspects il se rapproche surtout du texte de Montaigne pour qui vivre est la tâche essentielle sans chercher à résoudre la quadrature du cercle.

On a pu mettre en évidence que ce passage est fortement modalisé parce affirme sans cesse que le bonheur n’est pas dans l’intelligence (parce qu’on fond le monde est presque incompréhensible) mais dans la conscience de vivre.

Au bout du compte le passage de cet essai met en lumière ce que Le Clézio a pu construire dans son oeuvre romanesque avec des personnages qui regardent le monde, jouissent de la nature, de la lumière. Dans son existence l’auteur a parcouru le monde, rencontré ses habitants, bref il a vécu selon les idées qu’il expose

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