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L'abbaye de Thélème, chapitre 57 - Gargantua - Rabelais. (Lecture analytique)

Par   •  11 Juin 2018  •  1 626 Mots (7 Pages)  •  1 226 Vues

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- Dans cette abbaye, toutes les personnes sont à égalité – ce qui n’est pas le cas pour les vraies abbayes, dans lesquelles il existe une hiérarchie très clairement définie

- Les moines de cette abbaye peuvent et doivent faire des choix par eux-mêmes ; ils n’ont pas d’habits spéciaux

- Contrairement aux croyances de l’époque, dans l’abbaye de Thélème il n’y a pas de notion de péché originel (valeur humaniste)

b) Le non-respect des trois vœux du clergé (chasteté, obéissance et pauvreté)

- Les hommes et femmes sont richement vêtus : « belles haquenées », ce qui montre qu’ils ne respectent pas le traditionnel vœu de pauvreté

- Les Thélémites ne subissent aucune restriction, peuvent manger, boire, avoir des animaux de compagnie, des instruments de musique

- La chasteté n’est pas explicitement évoquée, mais le dernier paragraphe suggère très largement que les hommes et les femmes sont libres de se marier et d’avoir des enfants comme ils le souhaitent

- Les superlatifs sont provocateurs dans ce contexte, et font ressortir le contraste entre la réalité et la situation dans l’abbaye de Thélème

III Une proposition de vie en société qui répond à un idéal humaniste

a) L’importance de l’éducation

- L’importance de l’éducation est renforcée par l’adverbe « tant » : « tant noblement instruits »

- L’instruction est complète est variée, et se fait même par des activités ludiques, et des entraînements physiques (chasse et combat pour les hommes et couture pour les femmes) : parallélisme hommes/femmes

- Les activités se déroulent en groupe : l’individu est moins important que le groupe dont il fait parties, d’où l’emploi récurrent du pluriel : « tous y allaient », « ils étaient », « chevaliers si preux »

- L’éducation n’est pas synonyme de compétition pour les Thélémites, mais de plaisir

- Enumération, avec l’infinitif « composer », qui insiste sur la diversité des formes du savoir (cela s’inscrit dans l’éducation humaniste)

b) L’instruction est réservée à une élite

- Tous les Thélémites sont dits « biens nés », donc viennent de familles aristocratiques

- « L’honneur » est une vertu fondamentale dans l’abbaye de Thélème ; c’est une qualité noble (parodie des romans de chevalerie du Moyen-Âge ?)

- Beaucoup de termes laudatifs et d’hyperboles qui mettent en valeur la noblesse de la population de l’abbaye

- On peut donc encore une fois lire cet extrait comme une critique du clergé de l’époque : les moines étaient tous de naissance noble ; les « pauvres » ne pouvaient pas entrer dans une abbaye – sur ce point, Rabelais est proche de la réalité

c) L’idéal de la relation amoureuse

- Vision sexiste de la condition humaine, avec les hommes qui chassent et se battent pour leur dame, qui coud (parallélisme et anaphore)

- Parodie de l’idéal chevaleresque du Moyen-Âge, que Rabelais semble ici critiquer

- L’amour semble paradoxalement dénué de sentiments : les femmes semblent interchangeables, d’où l’indéfini « une des dames » → vision très simpliste de l’amour

- Schéma amoureux antithétique par rapport à la situation réelle de l’époque : lors de l’écriture du roman, les mariages étaient arrangés, alors qu’ici on peut lire « […] soit à la demande de ses parents, ou pour une autre cause » → sous-entendu, introduit par la conjonction de coordination « ou » : les hommes et femmes peuvent choisir librement leur conjoint – d’où la devise de l’abbaye

- Dans l’abbaye de Thélème, les hommes et les femmes se connaissent avant de se marier, et sont complices : « amitié »

- « aussi s’aimaient-ils à la fin de leurs jours comme au premier de leurs noces » : parodie des contes de fées et de la formule « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » → Rabelais ne prend pas sa farce au sérieux, en décrivant un amour durable garanti

Conclusion :

- La place de l’extrait, à la fin de l’œuvre, en fait un passage-clé, très remarqué

- Ce n’est pas seulement une conclusion de son roman que Rabelais réalise dans ce passage, mais aussi une utopie qui remet en cause les fondements de la société de son époque (et surtout les principes et règles du clergé)

- L’idéal proposé ici est celui d’une vie libre, en communauté, et peut s’étendre à la société tout entière

- Rabelais montre, à travers ce texte, son attachement aux principes humanistes → importance de l’éducation et confiance en l’homme

- Cependant, l’utopie semble se limiter à la noblesse – ce qui en fin de compte reporte le « problème » du clergé sur la noblesse → on peut donc entrevoir un autre niveau de lecture : Rabelais critiquerait aussi la noblesse

- Rabelais réussit dans ce texte à proposer une description divertissante de l’abbaye fictive de Thélème, et rejoint en cela les fabliaux et textes antiques dont il s’inspire ; il réalise dans le même temps une critique implicite de la société de son époque par le biais d’une utopie qui prône les valeurs humanistes

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