L'Enfant Noir, Camara Laye
Par Junecooper • 8 Décembre 2018 • 1 402 Mots (6 Pages) • 936 Vues
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D’ailleurs, les récits autobiographiques font indications à des endroits, des individus et des opérations plus ou moins réels : ils se distinguent en cela des textes de fiction. L’autobiographie se caractérise par le fait que l’auteur, le narrateur, et le personnage principal forment la même personne surtout que les récits autobiographiques sont dirigés à la première personne (je).
Jean STAROBINSKI précise dans le débat n° 90 organisé aux mois de mai-août
1996 : «L’autobiographie prend naissance au moment où Rousseau se met dans la situation de celui qui a cessé d’être » 20, et dans le numéro 03 de la revue poétique, en 1970, il analyse ce qu’il appelle « le style de l’autobiographie » et propose une 1ère définition très claire du genre autobiographique : s’il s’agit « de la biographie d’une personne faite par elle-même»; cette définition de l’autobiographie détermine le caractère propre de la tache et fixe ainsi les conditions générales de l’écriture autobiographique. Dans cette écriture, il faut nécessairement qu’il y ait une identité du narrateur et du héros de la narration, une notion du parcours ou de tracé d’une vie.
De même, STAROBINSKI souligne que, dans la mesure où l’autobiographie est un récit autoréférentiel, c’est le style qui se trouvera au centre de la problématique du genre. L’écriture autobiographique développe dès lors un je du récit qui : « n’est assumé existentiellement par personne »
« Le terme autobiographie prend un sens strict de récit rétrospectif de la vie d’un écrivain, rédigé par lui-même, celui qui, précisément, s’applique au texte considéré, à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle comme le prototype du genre, bien qu’il ne porte pas le titre d’autobiographie, les Confessions de Jean-Jacques ROUSSEAU (1782) ».
« Quelques genres voisins ne répondent pas à l’ensemble de ses principes : le journal intime où il n’y a pas de vision rétrospective ; la fiction autobiographique sans d’identité auteur-narrateur-personnage ; ainsi les mémoires ne concernent pas la vie individuelle et son histoire, il ne peut s’agir d’un problème de point de vue, mais de proportion entre matière intime, individuelle, matière historique, collective ».
Donc, l’écriture autobiographique n’est qu’une image du récit de la vie que l’auteur voulait peindre. Elle vise à réaliser le récit du parcours d’une vie qu’il estime significative et digne d’être racontée. Selon GUSDORF, elle constitue le foyer même de la réalité humaine.
Dans cette perspective, l’autobiographie reste un moyen de description, de narration ou de conceptualisation. Elle représente ce matériau à partir duquel, l’auteur façonne sa vie personnelle, sa vie nouvelle ou sa vie scripturaire. Mais la sincérité remplace éventuellement la vérité ; du moins, la sincérité intérieure est infiniment plus fiable que la vérité rationnelle, froide et objective. L’écriture sincère est un flot ininterrompu de mots et de phrases qui expriment du dedans la vérité intime de l’être : « les vérités inhérentes à tout récit personnel naissent d’un véritable ancrage dans le monde, dans ce qui fait la vie. Les passions, les désirs, les idées, les systèmes conceptuels ». « Certes, au nom de la sincérité et de la vérité, Rousseau annonce ses Confessions comme un ouvrage d’utilité publique, c’est-à-dire utile à la connaissance du genre humain, plutôt que comme un récit littéraire ».
L’autobiographie reste en tout cas, un texte fondé sur un pacte qui met en relation la structure identitaire de l’auteur-narrateur et personnage : « Quelle illusion de croire qu’on peut dire la vérité, et croire qu’on a une existence individuelle et autonome ! […] comment peut-on penser que dans l’autobiographie c’est la vie vécue qui produit le texte, alors que c’est le texte qui produit la vie ! […]». Nous pouvons constater que si l’autobiographie est destinée à quelqu’un, elle constitue aussi un miroir reflétant l’auteur.
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