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Expose sur « les nouveaux contes d’amadou koumba » de birago diop

Par   •  7 Février 2018  •  1 611 Mots (7 Pages)  •  5 967 Vues

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Comme tous les écoliers d'Afrique, Birago Diop avait appris et récité des fables de La Fontaine, et comme tous les enfants du Sénégal, il avait entendu les « dits » des veillées qu'entament les paroles sacramentelles. Le conteur demande : Fables? L'assistance répond : « Fables... »... « il y avait une fois... comme de coutume. » L'enfant a donc participé à ce théâtre nocturne, sous l'arbre à palabres, comme tous les jeunes Ouolofs. A l'école primaire il apprit, par hasard, que les contes pouvaient non seulement être « dits », mais mieux, être « écrits » : il découvrit un petit livre de la Bibliothèque Rose -. Les trois volontés de Malick, qu'avait publié, un instituteur sénégalais : Mapathé Diagne. Il anticipa donc sur ce que André Terrisse appela « l'accord de l'oralité et de l'écriture». Jusqu'alors, il écoutait, se souvenait; il sut que l'on pouvait « conserver » en transmettant l'écrit et qu'il le ferait, puisqu'un maître d'école africaine s'y était essayé.

Au lycée Faidherbe, nous confie Birago Diop, élèves (et professeurs) admettaient la suprématie des élèves ouolofs en maths et sciences, mais, en français, elle était grandement discutée; aussi, lorsque Birago remit un matin une dissertation sur la fable XIV, livre X, Les Lapins, il ne s'attendait guère à une controverse : il avait honnêtement travaillé son commentaire, il comptait sur la moyenne. Lorsque le professeur rendit les devoirs, Birago Diop fut déçu, ulcéré : on l'accusait d'avoir copié. Bilan : un zéro, deux semaines de retenue et, ce qui est plus grave, le sentiment d'une injustice foncière. Mais, et ceci compense bien cela, Birago Diop avait conscience d'avoir «compris» La Fontaine, et il sentait la naissance d'une vocation indiscutable.

2- La Rencontre d’amadou koumba:

Il s'agit bien de création et non de simple traduction. Sans doute, Birago DIOP a d'abord été un auditeur attentif du griot de sa famille, Guéwel Mbaye, et d'Amadou Coumba, rencontré au hasard de ses tournées de Vétérinaire, dans l'ancien Soudan français. Le Professeur Mohamadou KANE, dans son étude sur " les Contes d'Amadou Coumba ", montre de façon éloquente le passage chez Birago DIOP du conte traditionnel au conte moderne ". Le conte traditionnel fournit la matière, l'essentiel du contenu, et le cadre formel, la structure du récit. Mais tout cela est soumis ensuite à l'art très personnel du conteur moderne. Nous avons vu que parmi ses plus fidèles amis, Birago comptait ses deux frères aujourd'hui disparus : Massyla, écrivain, publiciste, rédacteur en chef du journal Le Sénégal Moderne et de la Revue Africaine, auteur de La Sénégalaise (roman), Thiago (sonnets) et Le chemin du salut (nouvelle), et Youssoufa, médecin, historien, polyglotte et grand voyageur, qui se présenta comme « l'aïeul , « l'ancêtre », « le Grand Homme », parce qu'il était parvenu à démêler une généalogie particulièrement embrouillée. En vacances, le vieux griot Guéwel M'Baye et le diseur Matabara Massamba Ali M'Baye le ramenaient aux origines, et Birago reconnaissant fera de Guéwel M'Baye l'un des trois héros du Prétexte. Il retrouve les dits de son griot favori dans ses lectures éclectiques (les « Africanistes » et le fameux « Batouala» de René Maran). Ne revenons pas sur l'influence probable de ses professeurs de Saint-Louis, ou de Toulouse, ni sur ses connaissances de la rue de Lourmel ou de la Cabane Cubaine.

A son second séjour au Soudan, Birago ressentit plus intimement le contact avec les êtres et les choses. Il cite la redécouverte des rudiments de son enfance à leur source première : « mots ésotériques des Kassaks, chants initiatiques, mets-nobles des passines-devinettes ». Redécouvrant le Soudan, il découvre les «Soudanisants», Dupuy-Yacouba, Mamby Sidibé, et le colonel Figaret, son voisin de Ségou.

C'est l'époque de sa passion pour les sages antéislamiques, Abou Nouwas l'intempérant, Djoulnoun, Antar le Noir. C'est aussi la recherche du temps perdu avec un ancien condisciple, Abdoulaye Soumaré, avec lequel il chante ses kassaks et ses m'bands , en disant des lavanes . Damas et Ramon Fernandez le forcèrent presque à écrire ce qu'il disait, chantait et dansait. Condamné à écrire, Birago écrivit, mais toujours chantant et dansant. Il s'amusa beaucoup!

3- La Publication du livre :

Birago tient à être fidèle à son vieux griot, et son récit en prose, tel qu'il l'aura (ou tel qu'il sera censé l'avoir) entendu, il le restituera dans sa forme directe. On ne peut donc parler de « composition », mais d'une manière de conter qui se réfère immédiatement à la forme orale. C'est une histoire faite pour être lue, comme pour être écoutée. Aussi Birago Diop parle de ses contes au moment même où il les écrit, sans aucune retouche de style, afin de ne pas nuire au flot naturel de l'épisode. Parfois, entre deux faits, comme s'il s'agissait d'un aparté, il ajoute des intercalaires, ou des réflexions. Un développement peut ainsi servir d'entracte.

Le conte ne doit rien au travail, mais au talent du conteur. On y sent la familiarité, la proximité, et l'on est complice parce que, au milieu du dialogue, ou tout en communiquant de nouveaux détails, le narrateur met l'auditoire (et le lecteur) « dans le coup ».

Cette « communicabilité » explique la «vie» même du conte, autant que la sensation d'apaisement face au succès de l'anecdote transmise, avec le sourire de connivence du conteur aux auditeurs.

Chacun des contes est un véritable petit drame dont les acteurs sont tour à tour des êtres humains, des animaux, des plantes, des génies ou des objets. On peut dire que l 'oeuvre de Birago Diop est, comme celle de La Fontaine, « une ample comédie aux cent actes divers ». Bêtes et gens, démons et merveilles, s'affrontent ou s'associent, badinent ou se narguent. Que la satire soit mordante ou bienveillante, elle porte, et le conte, au fond, n'est jamais gratuit.

CONCLUSION :

Les Contes Noirs de Birago Diop témoignent d'une connaissance intime du patrimoine vivant et cautionnent la poésie blanche

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