Discours sur la servitude volontaire - Commentaire
Par Christopher • 9 Octobre 2017 • 1 403 Mots (6 Pages) • 734 Vues
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Le peuple fait face à un ennemi affaibli. La Boétie met en relief la faiblesse du tyran, notamment avec l’image du colosse aux pieds d’argiles qui clôt le texte, « dérobé ; s’effondrer ; rompre ». En conclusion, il y a un décalage entre la puissance de destruction du tyran et son impuissance qui amplifie l’esprit de révolte. Le lecteur est amené au questionnement et à une remise en cause de la coutume de sa servitude.
III. Un questionnement humaniste
1. Faire douter le lecteur
D’abord, on note l’usage du conditionnel, « Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur… », qui amène à douter du bonheur, qui semble d’un coup illusoire. Il le rend hypothétique. A la ligne 19, on voit un ensemble de 6 questions rhétoriques : « D’où… Comment… ». La Boétie cherche à rompre le sentiment de certitude, il montre que le lecteur est complice, voire coupable de par sa passivité face à la tyrannie. Il invite à douter des responsabilités dans leurs malheurs.
« Traîtres à vous-même ; complicité ; tuez vos propres personnes ; administrateurs et exécuteurs », on voit ici une complicité du peuple dans sa servitude, on nous amène à douter de l’innocence du peuple. Et dès le début, La Boétie annonce cette accusation : « insensés, aveugles, opiniâtres » (l. 1-2). Ensuite, on voit l’utilisation de verbes pronominaux : « vous vous appeliez ; vous vous tuez ; vous-même ». Ils sont l’objet de leurs propres souffrances, même d’un point de vue grammatical. Il transforme les objets des actions en agents, ce qui entraine une amplification de la responsabilité du peuple dans son malheur. La récurrence des propositions finales (=subordonné de but) en sont aussi un exemple concret. Cela montre que les actions du peuple sont effectués en faveur du tyran : « afin que…afin que… ». Ils agissent inconsciemment dans l’intérêt du tyran. Dans le texte, on passe des « maisons », aux « enfants » puis enfin à « vous-mêmes ». Encore une fois, on note une gradation et amplification de la responsabilité du peuple. La responsabilité du peuple s’engage au fur et à mesure au même niveau que celui du tyran, jusqu’à devenir total à la fin du texte. Il y a un parallélisme et donc une mise à jour du titre, « servitude volontaire ». L’une des principales valeurs de l’humanisme est le doute, la remise en cause des certitudes.
2. Réveiller la volonté
« Vous pouvez… », La Boétie commence à rassurer le peuple après l’avoir fait douter. A la fin du texte, il affirme que le peuple peut reprendre le pouvoir. L’impératif « soyez décidés » vise à faire agir, à réveiller l’action du peuple. A la fin du texte, La Boétie mime la chute du tyran. On a une réalisation sonore et visuelle à travers une métaphore filée (colosse) sur la fin de la tyrannie, il montre la délivrance du peuple. On appelle ça « harmonie imitative » ou « mimétisme sonore ». On note aussi le jeu sur les allitérations (« -s, -r »). Il mime une idée, la rend plus tangible. Il insuffle alors la volonté. La Boétie cherche à nous faire réagir, à provoquer en nous une rage. Il rend une potentielle révolution plus facile d’accès, « non pas… mais seulement… ». L’action se situe alors dans l’inaction, il faut laisser le tyran s’écrouler de lui-même face à l’inertie. L’Humanisme est un mouvement réformateur, mélioratif et progressiste. Ainsi, La Boétie restaure la confiance du peuple et leur redonne de l’espoir.
3. Valeurs humanistes
On retrouve dans le texte l’idée de liberté, appuyé par son champ lexical. C’est un indice de la foi en l’homme, en l’humanité (cf. Rabelais, « Fais ce que voudra ». Il faut se libérer des coutumes pour se libérer de la barbarie.
Conclusion
Un discours très littéraire, profondément humaniste. Mais à la différence des critiques des Lumières qu’il inspirera, ce texte reste une réflexion générale sur la liberté.
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