Comment et pourquoi apprécier la banalité du quotidien ?

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Une fois que l’on a réussi à apprécier l’ordinaire, ce dernier peut se révéler être riche d’enseignements. Ainsi se satisfaire de plaisir simple permet d’être heureux au quotidien. Cette notion fait son apparition dès l’antiquité Grecque, en -342 a.v J.C, avec le philosophe Epicure. Sa doctrine préconise que la vie doit être guidée par des plaisirs simples. En effet, être heureux c’est se satisfaire de peu et ne pas se livrer absolument aux plaisirs comme est souvent faire la confusion. Il en est de même pour le mythique chanteur Bob Marley, la clé du bien-être se trouve dans la joie de pouvoir s’émerveiller d’évènements ordinaires. Il le transmet à travers ses paroles avec par exemple dans Three Little Birds (trois petits oiseaux) sortie en 1977. Marley raconte que si l’on se réveille «en souriant avec le soleil levant» et en appréciant le chant de « trois petits oiseaux sur le pas de la porte », alors il n’y a aucune raison de s’inquiéter et tout ira bien.

Quand nous savons voir la beauté du quotidien, nous pouvons regarder plus attentivement notre vie chaque jour pour nous comprendre et comprendre notre monde. Ce fût avec la peinture le travail de Vermeer, peintre Hollandais qui vécut au 17ème siècle. Son art, la peinture de genre, désigne l'illustration de scènes de la vie quotidienne, dont les personnages sont des anonymes auxquels tout homme peut s’identifier. Son tableau le plus célèbre, La Laitière, donne à voir une femme faisant du pain perdu. A première vu complètement banal, l’artiste lui donne la même magnificence que la Vénus de Botticelli. En incitant à partager cette vision, il nous apprend à mieux voir le monde : il n’invente pas la beauté, il la découvre et nous permet de la découvrir à notre tour.

Le dernier enseignement se tient dans réminiscence de sensations ou émotions perdues grâce aux charmes ressenti de la banalité. Ce peut être l’extraordinaire des sentiments de totale fusion amoureuse qui survient parfois, malgré l’habitude du vivre ensemble. C’est ce que tente de restituer Philippe Delerm dans un extrait de son livre Les Eaux troubles du mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre de 2015. Il y décrit un instant entre un couple ensemble depuis 40 ans, à qui il prend l’envie de s’embrasser. Mais à ce moment, leur longue relation les emplis d’un doute. Ne sont-ils pas trop âgés, trop mûrs pour se laisser aller tels des adolescents ? Et vient cette certitude lorsque leur deux corps se touchent, oui, ils sont pour un bref instant de retour en adolescence. Le baiser, geste anodin mais fort, a ici fait jaillir le souvenir heureux de l’innocence de leur jeunesse à ce couple pour qu’il perdure dans leur relation. Avec Crépuscule du soir mystique, poème publié en 1866 dans son recueil Poèmes saturniens, Paul Verlaine contemple un crépuscule qui fait naître en lui de vives émotions. Il le dépeint comme « ardent » et le soleil couchant est « la flamme de l’espérance qui recule ». Les fleurs qu’il voit sont qualifiées de « mystérieuses », puis leur parfum est un « poison » qui noie ses sens, son âme et sa raison. Ces métaphores font allusion au souvenir d’un amour perdu qui semble torturé l’esprit du poète qui finit par tomber en pâmoison devant cette évocation.

La vraie vie se trouve finalement dans le quotidien et pour parvenir à l’apprécier il est donc nécessaire d’adopter des attitudes qui nous permettront d’en saisir tous ses charmes. En faisant cela, nous nous rendrons de plus compte qu’en vivant pleinement tous ces instants, de nouvelles perceptions et connaissances s’offriront à nous, sublimant nos vies ordinaires. Car si nous percevons qu’il y a banalité, c’est bien qu’il n’y a pas toujours banalité. C’est par comparaison constater que les instants se suivent, mais ne revêtent pas toujours un caractère extraordinaire.