Bachelard, La flamme d'une chandelle
Par Andrea • 5 Juillet 2018 • 960 Mots (4 Pages) • 445 Vues
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2/ L’importance de la rêverie poétique
Bachelard passe de la description de la flamme, qui reste de l’ordre du concret, du tangible, du réel, à "la flamme imaginée", c’est-à-dire à ce qui se passe en nous lorsque la contemplation oublie le support, lorsque les images naissent et se multiplient, sans que nous ayons conscience de leur apparence réelle (l. 20-21 "quitte le monde réel pour le monde imaginé, imaginaire").
qu’est-ce que "l’image imaginée" (l. 22) ? : Bachelard la définit comme "véritable image" et "vie première en imagination" (l. 20), c’est dire l’importance qu’il lui accorde. Les termes employés par Bachelard réunissent le mot image et imaginaire, qui appartient au monde de la rêverie : "image", "imagination", "monde imaginé, imaginaire", pour en arriver à l’expression étonnante de "image imaginée" (l. 20-21), c’est-à-dire l’image qui ne prend plus racine dans le réel, dans le monde concret, ni d’ailleurs dans la réflexion, dans l’intellect. On se situe véritablement dans un état qui nous permet d’accéder à l’essence même de notre moi, à cet "absolu de la rêverie" (l. 19-20), qui remonte aux débuts de l’humanité (l. 30 "enracinnée dans notre lointain passé")
Pourquoi la rêverie poétique est-elle essentielle ? Parce qu’elle est la seule à nous permettre de "[tenir] une vérité de l’être, un avenir de l’être humain" (l. 25). Comment cela ? Bachelard repart de la flamme, affirmant l’importance des images qui naissent de sa contemplation ("Les images de la flamme portent un signe de poésie" l. 27) ; ces images aident à sortir du moi et à devenir un être poétique : "Toute rêverie devant la flamme...", "Tout rêveur de flamme...." (l. 28-30) ; dans ces phrases, la syntaxe et le vocabulaire contribuent à souligner l’importance accordée par l’auteur à la poésie : la répétition anaphorique de l’adjectif "tout", celle du verbe d’état "être", le champ lexical associant la flamme à la rêverie et à la poésie, l’expression "rêverie première" (correspondant à ce qui ne peut être dit par des mots, à un état primitif fait de sensations et d’impressions fugaces, qu’il s’agit de recréer). Voilà ce qu’est la poésie, et chacun d’entre nous peut y accéder : "Tout rêveur de flamme est un poète en uissance" (l. 29). Or c’est cet état qui permet à l’homme de dépasser sa condition humaine, d’accéder à l’immensité du monde en réunissant passé et avenir, de voir "un au-delà du toujours vu", à savoir de saisir ce qu’il y a derrière le réel.
Conclusion :
Bachelard faisant l’expérience de la rêverie nous entraîne sur les chemins déjà parcourus de Baudelaire ("Correspondances") et Rimbaud (le poète est "Voyant"). Mais le philosophe souligne que chacun de nous peut devenir ce poète, et qu’il est simple d’y accéder pour peu qu’on accepte de se laisser aller à la "rêverie". Comme il l’écrit ailleurs dans son texte : la flamme (le feu) est "une nourriture aérienne, allant à l’opposé de toutes les « nourritures terrestres », pas de principe plus actif pour donner un sens vital aux déterminations poétiques. » (La Flamme d’une chandelle)
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