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Victor Hugo - Le dernier jour d'un condamné: Analyse

Par   •  4 Juillet 2018  •  2 913 Mots (12 Pages)  •  963 Vues

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Le condamné, jusqu'à l'ultime moment, pieds et poings liés, bourreau à ses côtés, n'aura de cesse d'attendre une hypothétique grâce du Roi. En vain. Quatre heure sonne, on vient le chercher pour le conduire à l'échafaud, l'interrompant dans son récit et le roman prend brutalement fin.

III. Analyse des personnages

Le condamné.

Aucune description claire et précise n'est faite de lui. Cependant, on peut déduire énormément de chose grâce aux réflexions qu'il se fait par rapport à lui-même et aux interactions qu'il a avec les divers autres personnages.

Il est père d'une petite fille, et fils d'une femme de 68 ans, c'est donc probablement un homme dans la trentaine, très certainement blanc du fait de son rang social. En effet, dans le chapitre 23, il est question d'échange de redingote et de « veste infâme » entre lui et le condamné patientant pour Bicêtre. Cette rencontre est loin d'être anodine, car elle met en exergue la différence de statut entre un vagabond et le condamné. De part leurs habits, mais aussi leurs vocabulaire : le premier s'adressant dans un argot rustre, le second dans un langage correct, voir soutenu. De plus, sa rage d'avoir perdu sa redingote et de ne pas être présentable pour son exécution témoigne d'un homme qui a le luxe de pouvoir se soucier de son apparence.

Enfin, dans le chapitre 43, lorsque le condamné voit sa fille, une bonne est présente, ce qui démontre encore une fois l'aisance présumée de sa famille.

« Ce vieux scélérat, il m'a pris ma redingote, car je ne lui ai pas donnée, et puis il m'a laissé cette guenille, sa veste infâme. De qui vais-je avoir l'air ? »

( Chapitre 24, p.99 )

Psychologiquement, les tourments du condamné vont aller crescendo : résigné mais attristé de devoir perdre la vie à Bicêtre, cette amertume détachée va progressivement se transformer en un supplice d'angoisses et de délires une fois à Paris, à quelques heures de sa mort. Son amour pour la vie et son regret de devoir la perdre transparaît tout au long de l'histoire.

Au début du récit, au tribunal, le narrateur se montre sensible à la nature et à la gaieté ambiante de la ville. Il a bon espoir d'être libéré. Cela démontre que bien avant d'être dans le couloir de la mort, le condamné avait à cœur de profiter de la vie.

Il fait également une longue description, comme il n'en fera quasiment plus par la suite, de ce qui l'entoure mais également des personnes présentes au jugement. Ce qui donne une impression d'un narrateur bavard, bon vivant.

« En face de moi, une fenêtre était tout grande ouverte. J'entendais rire sur le quai des marchands ; et au bord de la croisée, une jolie petite plante jaune, toute pénétrée d'un rayon de soleil, jouait avec le vent dans une fente de la pierre.

Comment une idée aussi sinistre aurait-elle pu poindre parmi tant de gracieuse sensations ? »

( Chapitre 2, p.44 )

Sa condamnation va avoir un impact considérable sur son mental et sa vision de la vie. Même dans les moments de vague espoir de grâce octroyée par le Roi, le ton brutal de la sentence et ses répercussions ne vont jamais le quitter.

Le passage à Bicêtre est donc teinté de regrets, de souvenirs et d'interrogations sur son châtiment. Il y fait état de sa famille qu'il laisse derrière lui. C'est également là qu'il décide d'y écrire ses derniers instants, afin que ce qu'il y écrit puisse peut-être un jour être utile à quelqu'un. Ses réflexions personnelles sur le châtiment des forçats sont aussi énoncées. Cette première partie témoigne de la préoccupation du condamné pour autrui, au delà de son propre sort.

« Que ce que j'écris puisse être un jour utile à d'autres, que cela arrête le juge prêt à juger, que cela sauve des malheureux, innocents ou coupable, de l'agonie à laquelle je suis condamné. »

( Chapitre 7, p.53 )

Enfin, la Conciergerie de Paris et l'Hôtel de Ville seront les lieux de l'instabilité mentale et du désespoir croissant du condamné. Son comportement face à la mort va considérablement changer au fur et à mesure que l'heure fatidique approchera. Il ira jusqu'à avoir des douleurs physiques dues à la panique, à avoir recours à des ruses grossières – notamment avec le gardien naïf amateur de loterie – et même à préférer le châtiment des forçats.

Ce désespoir se traduira par une requête de cinq minutes supplémentaires avant l'exécution auprès du commissaire chargé de suivre la condamnation, dans l'espoir de voir arriver la grâce du Roi. Requête qui sera refusée car on viendra chercher le condamné à quatre heure pile.

« Qui sait si je ne lui échapperai pas ? Si je ne serai pas sauvé ? Si ma grâce ?... Il est impossible qu'on ne me fasse pas grâce !

Ah ! Les misérables, il me semble qu'on monte l'escalier... »

( chapitre 49, p.140 )

IV. Analyse de l'espace.

Le récit se déroule en France, à Paris et dans sa banlieue. Il est fait mention

de trois cadres majoritaires, correspondant aux trois étapes du condamné avant son exécution.

Bicêtre tout d'abord, où le condamné sera envoyé après avoir été jugé au

tribunal. Il restera dans sa cellule durant six semaines, patientant que l'administration effectue les démarches nécessaires auprès de la cour de cassation, du ministre, du procureur et du greffier. C'est là-bas qu'il y écrira l'essentiel de son journal et sera témoins du ferrage des forçats.

La Conciergerie ensuite, endroit où il est déplacé le jour de sa mort prévue.

C'est à cet endroit qu'il croise le vieux vagabond condamné qui lui succédera à Bicêtre et lui prendra sa redingote. Il va écrire la majeure partie des dernières pages de son journal à cet endroit, en faisant notamment allusion à ses

souvenirs

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