Pourquoi enseigner la littérarure cas

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Outre ceci: l’enseignement des Lettres permet la maîtrise de la langue et l’éloquence du style, notamment concernant l’élaboration des articles et les publications des résultats de recherches dans les domaines des sciences exactes. Certes, le langage scientifique est utilitaire, mais il manque de poétique et demeure épars. Ce constat est fortement ressenti chez nos étudiants d'un niveau avancé de recherche : étant amenés à publier les résultats de leurs travaux ou à participer à des colloques scientifiques, ils doivent par conséquent intervenir en utilisant un langage correct, voire même soutenu.

Priver donc l’élève ou l’étudiant marocain d’un enseignement savant des Lettres serait une condamnation de son avenir et de l’avenir de la recherche scientifique dans notre pays. Si on a besoin d’ingénieurs, d’architectes et de médecins, on a également besoin de semer dans leur esprit les grains de la beauté et de la sensibilité artistique et littéraire. Ceci se fait grâce à l’enseignement des Lettres et ne peut en aucun cas se compenser par des modules de communication à visée purement pragmatique.

En troisième lieu, les Lettres éduquent le goût, nourrissent l’imagination des jeunes générations et ouvrent les voies vers une vraie créativité artistique et fictionnelle. Actuellement, la création artistique est en plein essor, notamment dans les domaines du septième art et de la peinture (par les expositions artistiques). On pense au rôle des études littéraires dans l’écriture scénariste et l’industrie cinématographique qui manquent chez nous de créativité par rapport aux autres pays qui accordent plus d’importance à l’enseignement des Lettres. Au Canada, par exemple, on propose aux jeunes des études universitaires en écriture des scénarios et créations littéraires, ce qui implique une bonne formation littéraire. L'enseignement littéraire est valorisé, contrairement à ce qui se passe dans notre pays où le domaine des Lettres est considéré sans intérêt.

Une autre raison pour enseigner les Lettres, et qui revêt une grande importance, est celle de développer chez l’apprenant les facultés d’analyse et de critique. Les œuvres qu’on propose, aussi bien aux élèves qu'aux étudiants, véhiculent des idées et des visions particulières du monde. Les écrivains, poètes et artistes sont des êtres de grande sensibilité. Ce sont souvent des érudits, des esprits intelligents qui devancent leur époque et dont l’œuvre éveille l’esprit du récepteur. Jacqueline Kelen, spécialiste en mythologie, avance qu’ « on raconte aux petits enfants des histoires pour dormir. Les mythes [sont des histoires] contées aux grands pour s’éveiller »[3].

Raconter pour éveiller l’esprit, faire rire et corriger les vices, joindre l’utile à l’agréable, voilà le crédo des études littéraires. Il s’agit de voir cette dimension cachée de la littérature, et sa capacité à guérir l’Etre de ses maux les plus sombres, autrement dit, épurer ses mœurs et stimuler son côté humaniste.

En définitive, il semble que le besoin d’un enseignement des Lettres s’impose de plus en plus dans le contexte social, économique et technique actuel. La crise dans laquelle se trouve le Maroc dépasse de loin son aspect économique. C’est une crise de valeurs et de mœurs qui est le résultat d’une mondialisation sans merci. L’augmentation du taux de suicide, la perte du bon modèle, l’aggravation des problèmes relatifs à la corruption et au manque de conscience professionnelle, autant d’indices qui témoignent de cette réalité. Il est donc de notre devoir d’enseigner à nos futures générations des œuvres littéraires pour éduquer leur âme et éclairer les voies obscures.

La raison est certes essentielle, mais l’éthique et la sensibilité de l’âme permettent à l’Etre humain de supporter l’hostilité de la vie et de se forger un bon modèle d’honnête homme. Nous entendons par honnête homme celui qui croit en la vertu et qui incarne l’image du bon citoyen capable de prendre une distance critique lorsqu’il s’agit d’une modernité qui menace ses principes et ses traditions.

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