Les Misérables, V.Hugo (1862)
Par Plum05 • 2 Mai 2018 • 1 282 Mots (6 Pages) • 398 Vues
...
», « Les cavités de la nuit », « ténèbres ».
Enfin, l’ouïe n’est guère non plus rassurante : « l’immensité sépulcrale du silence ».
II- Le registre fantastique
a. Un univers monstrueux
Une luminosité qui ne paraît pas naturelle : « une épaisse couche de brume », « La brume », « une rougeur horrible », « une plaie lumineuse » (métaphore). Une atmosphère surnaturelle se dessine déjà par la présence d’une brume qui fait perdre ses repères à la petite, et par cette lumière étrange.
La forêt paraît vivante et habitée par des créatures maléfiques : « De grands branchages s’y dressaient affreusement » (personnification des branchages), « Des buissons chétifs et difformes », « Les ronces se tordaient comme des bras armés de griffes cherchant à prendre des proies »(comparaison et personnification), « quelques bruyères séchées...avaient l’air de s’enfuir ». Cela nous donne l’impression d’une forêt vivante.
Enfin, la nuit provoque une confusion entre réalité et cauchemar : « Une réalité chimérique », « comme les rêves des fleurs endormies », « des êtres inconnus possibles », de nouveau personnification de la flore forestière « d’effrayants torses d’arbres ».
b. L’angoisse
Caractère oppressant de cette forêt qui ressemble à une vaste prison : « De tous les côtés, il y avait des étendues lugubres ». Inquiétante, elle provoque chez Cosette un sentiment d’effroi : « et qui lui faisait peur », « terreur ».
la montée de l’angoisse s’exprime aussi par la peur ancestrale, instinctive décrite par Hugo rencontrée par les hommes dans des forêts noires : « dans la nuit...il y a de l’anxiété », « Nul ne marche seul dans la nuit dans la forêt sans tremblement ». Cette angoisse prend possession de la personne : « dans son propre cerveau », « comme si l’âme s’amalgamait à l’ombre ».
il paraît impossible de résister : « Pas de hardiesse qui ne tressaille et qui ne sente le voisinage de l’angoisse ».
Accentuation de cette angoisse par le regard de l’enfant : « Cette pénétration des ténèbres est inexprimablement sinistre dans un enfant », « ce frisson qui la glaçait jusqu’au fond du coeur », « l’effrayait ».
c. Un conte
Cliché de l’enfant perdu dans la forêt. Utilisation du caractère enfantin pour faire paraître tout l’environnement plus grand, plus impressionnant, plus effrayant et moins rationnel.
Une forêt maléfique peuplés de monstres à la recherche de cet enfant : « cherchant à prendre des proies », mise en avant d’une peur ancestrale collective : perdu dans une forêt hostile la nuit.
Une fin comme dans les contes avec une « formule magique » enfantine pour se rassurer : « un, deux, trois, quatre, jusqu’à dix ». La fuite devant les dangers, devant les monstres : « Elle n’eut plus qu’une pensée, s’enfuir, s’enfuir » (répétition). Rôle protecteur et chaleureux traditionnel de la lumière et de la civilisation : « jusqu’aux maisons, jusqu’aux fenêtres, jusqu’aux chandelles allumées ».
Conclusion
Ce passage des Misérables nous offre une description très imagée d’une forêt hostile. La diversité des points de vue, et la réflexion de l’auteur sur la peur primitive des hommes face à cette nature dangereuse apportent du réalisme à ce texte. Cependant, l’écriture d’Hugo reste romantique par des hyperboles nombreuses, et de manière générale une insistance appuyée sur la peur, les émotions de Cosette, et l’oppression de la forêt. Il utilise aussi le registre fantastique en créant une distorsion avec la réalité, en transformant cette forêt en tanière de monstres divers, qui provoquent l’angoisse de la petite, comme celle de tout homme.
Hugo fait monter la peur et l’angoisse à travers ce passage en l’exprimant par les yeux de son personnage, mais aussi en faisant appel à nos peurs instinctives. Et c’est cet appel à l’inconscient collectif qui crée le malaise chez le lecteur.
A travers cette description terrifiante, Hugo fait une métaphore sur la vie de Cosette. Cernée de toutes parts, la petite ne paraît pas avoir d’issues, et paraît vivre dans un perpétuel
...