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« La tâche de l’artiste est d’extraire du présent ce qui est digne d’être retenu et de devenir antiquité », Baudelaire

Par   •  24 Septembre 2018  •  2 113 Mots (9 Pages)  •  603 Vues

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Nous ne savons pas pourquoi telle artiste est plus connu que d’autre. Cela vient peut-être du fait que l’artiste a réussi comme le dit Baudelaire à extraire de son présent quelque chose d’assez digne pour que son œuvre soit antiquité, ou alors c’est par le biais de quelque chose ou de quelqu’un d’autre.

Pour savoir si l’œuvre peut devenir antiquité et au final qui créer l’antiquité nous devons nous pencher sur ce qu’est l’antiquité. Le nom dérive du latin « antiquus » qui signifie antérieur/ancien, ce qui appartient au passé. Pourtant avec cette citation, Baudelaire nous parle plutôt du futur, de quelque chose qui perdure dans le temps. Comme nous l’avons vu dans la première partie, nous ne pouvons savoir qui juge qu’une œuvre mérite de devenir antiquité. Même si l’artiste fait en sorte de perdurer dans le temps, il y a une part de hasard qui faut prendre en compte. Nous avons l’impression que Baudelaire, réduit l’artiste à un simple créateur d’objet usuel qui doit avoir sa place dans l’histoire. Les designers créer des objets usuels, les vends et pourtant cela reste de l’art. Ce ne sont pas simplement des artisans ils réinventent, améliorent, rendre plus facile l’usage de l’objet tout en gardant une certaine esthétique de l’objet. Nous pouvons remettre en cause l’utilité de l’art. Hannah Arendt, philosophe, nous explique que pour elle, les œuvres d’art ont une immortalité potentielle car elle survient à leur créateur. Et que l’œuvre d’art qui ne se détériore pas (comme les œuvres du Land Art) est immortelle car l’œuvre est inutile. Hannah Arendt nous explique qu’il y a deux sortes d’objets, le naturel et le fabriquer ; dans le fabriquer deux options se posent, soit l’objet est non permanent comme le produit de consommation ou de l’action, soit il est permanent c’est l’objet d’usage et l’œuvre d’art. Le ready made, parce que c’était initialement des objets d’usage, illustre le propos de la mise en écart de la fonction de l’œuvre d’art. Uriner dans l’urinoir de Duchamp, même si à la base, c’était prévu à cet effet ne serait pas approprié car Duchamp à enlever à l’urinoir son caractère d’usage. L’œuvre d’art n’ayant aucune fonction elle ne peut perdre sa valeur. Donc l’artiste n’a pas un rôle à jouer d’extraire quoi que ce soit dans son présent pour rendre son art antiquité, car son œuvre est déjà en elle-même immortelle donc antiquité. L’acte de création met l’œuvre en antiquité.

L’art est un renouveau sans cesse, un cycle, ce qui antiquité l’est aussi. Le philosophe Anaxagore disait « « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau », et c’est bien là le propre de l’art. Nous pouvons prendre l’exemple de la représentation des corps d’hommes et de femmes qu’on avait durant la Grèce antique, nous les retrouvons aussi à la renaissance. Il y avait un retour aux canons de beauté d’ancienne époque. Et c’est encore le cas aujourd’hui, nous avons le cas de Niki de Saint Phalle et de ses Nana, d’immense statues de femmes tout en rondeur, qui nous rappel les venus paléolithiques. Il y a un renouvellement constant dans la manière de créer, une évolution mais pas de création nouvelle au sens pur, il y a toujours une base. Même dans les courant qui veulent chambouler l’art, comme le dadaïsme qui au final casse les codes d’un art qui existe déjà ou bien le futurisme qui utilisent les avancées technologiques en particulier la vitesse pour permettre une évolution aux codes de l’art et de la peinture. L’antiquité né à partir du présent mais aussi du passé vu que tout est cycle. Et nous le voyons avec la mode. Dans « Les éternels retours. Notes sur les cycles de mode » d’Alexandre Gofman, il nous parle du rôle cyclique de la mode, en utilisant plusieurs stades de cycle qu’il qualifie de « précurseur », « pionnier », « dans le vent », « hyper conformiste et conformiste », « à la traîne », « démodé », « désuet », « rare », « dans le flux », « plutôt conformiste », « en reflux », « classique », et se sont toujours les mêmes stades qui reviennent sans cesse. Ce qui était ringard hier et devenu cool aujourd’hui. A l’heure actuelle en 2016 c’est le retour de la mode des années 90 avec les ras de cou, les crop top ou bien les bombers. La mode fait la société ce qui donne au-delà de la mode, un retour au vintage au rétro. Les années 50-60 jusqu’aux années 90 font encore rêver, les idoles de nos parents et de notre jeunesse sont encore vivantes et la publicité et les médias de masse utilisent une iconographie rétro pour nous charmer. Cette mode du vintage se retrouve dans les vêtements comme nous l’avons pu voir, mais aussi dans notre manière de consommer avec le retour du vinyle, mais aussi dans l’état d’esprit de certaine personne avec la fameuse phrase « c’était mieux avant ».

Notre présent est teinté d’antiquité du passé qui sont eux même des évolutions d’antiquités précédentes. L’artiste peut essayer de faire en sorte que son œuvre soit pérenne mais, le hasard et l’effet de mode, viendront à leur tour jouer un rôle sur ce qui peut devenir antiquité. Pour rappel, l’art est un fait social, il y a art si celui-ci est montrait, et c’est bien le spectateur qui choisira si l’œuvre mérite d’être digne pour devenir antiquité et même ceux qui le sont aujourd’hui ne peuvent ne plus y être demain. Mais l’œuvre demeurera immortelle même oublié.

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