Héros problématique dans "Français par le crime. J'accuse" de Mohammed Garne
Par Andrea • 4 Octobre 2018 • 2 752 Mots (12 Pages) • 490 Vues
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« Toute ma vie défilait soudain devant mes yeux : la nourrice, le placard, Katiba, qui venait m’adopter et le soleil qui m’aveuglait, la France, le Joker, le bureau de Walid, le paon de Pierre, les disputes, Alger, les grands-parents, le soleil, l’appartement, Walid qui voulait la jeter, l’hôpital, l’immeuble puis plus rien, le noir. Ma vie s’arrêtait là. » Page 52
Ces expressions nous accompagnent tout au long de notre lecture.
Noire et obscure, ainsi voit l’auteur la vie depuis ses séjours cruels de nourrices en nourrices et la période ou il a été adopté par un couple intellectuel aisé qui, malheureusement, se sépare et oblige Mohamed à retourner à l’enfer de l’orphelinat ! Mohamed le dit et le répète plusieurs fois dans le récit, l’échec et le retour à la case de départ. « …Mais c’était aussi le cagibi de ma petite enfance, qui revenait, comme dans mes cauchemars, comme si je ne pouvais pas me sortir de cette existence d’enfant abandonné… » Page 51
Ce que l’histoire, qui ne retient pourtant que les noms des personnalités ne dit pas, c’est que Katiba, la mère adoptive de Mohamed Garne n’est autre que la défunte écrivaine Fatma-Zohra Imahlayene connue sous le nom d’Assia Djebbar. Elle a adopté Mohamed avec son premier mari Walid Garne, pseudonyme d’Ahmed Ould-Rouis. Mais Mohamed n’avait pas besoin d’argents, il ne demandait que de la tendresse. Par ses vols, il se vengeait de ceux qui lui faisaient du mal. «Je volais de l’argent et des objets, alors que je ne rêvais que d’une chose : voler leur affection. » Page 50
Mohamed Garne a connu après la vie des rues, de la prison et même l’hospitalisation psychiatrique. Toujours enfermé, cinq ans dans un cagibi, six mois dans un hôpital psychiatrique, un mois dans une pièce sans fenêtre et dix-huit mois dans la prison. Son mariage le faisait vraiment croire qu’il va enfin surmonter ses chagrins, mais la naissance de son premier enfant le met dans un état psychologique incroyable. Il s’est isolé du monde et il ne pouvait même pas toucher ses enfants. Comment peut un homme qui n’a jamais connu
la tendresse et la douceur de ses parents de donner l’affection à ses enfants ? C’est à ce moment là, qu’il décide à l’aide de sa femme de chercher sa mère biologique.
Garne Kheira qui vivait dans un cimetière jusqu’au jour ou elle a pu enfin toucher son fils en lui disant : « Tu es le fils de l’Algérie, c’est tout ce que je peux te dire à propos de ton père », était violée à l’âge de quinze ans par des soldats de l’armée française, et Mohamed est né de ce crime.
Après avoir connu l’histoire de la part de sa mère, il décide d’entamer une procédure judiciaire contre l’état français pour le dédommager. Mohamed voit que l’Algérie a prit son indépendance, mais sa mère et lui ne sont pas encore libre.
Kheira, surnommée la louve, est morte le 9 aout 2016 dans l’anonymat. Elle n’était considéré ni ancienne Moujahida, ni femme de Chahid, ni ancienne condamnée à mort. Et son fils, Mohamed Garne, était reconnu en 2001 par l’état français comme « une victime de guerre ». Une victime qui souffre et qui cherche encore la paix dans une vie décevante.
Mohamed Garne écrit et publie « Français par le crime. J’accuse ! » en 2010, le titre seul du récit porte un sens profond. Accuser qui ? Mohamed se bat aujourd’hui non pas contre les violeurs de sa mère, mais contre ces verrous imposés par les deux états français et algérien. Une seule chose le tient en vie : la reconnaissance de ce crime. Pour lui, pour sa mère et pour tous les enfants nés des mêmes viols.
Notre travail va se baser sur l’étude et l’analyse du personnage principal Mohamed Garne et sa vie atroce qui nous permettra de mieux expliquer le concept du héros problématique dans l’œuvre contemporaine.
En suivant une méthode analytique et en se basant sur la théorie de la vision du monde et la notion du héros problématique, qu’on va répondre à notre question, et l’expliquer durant les différentes étapes de notre recherche.
Lucien Goldmann établit dans « Pour une sociologie du roman », les principes directeurs d’une étude sociologique des œuvres littéraires. Soulignons d’abord qu’il tire une partie de la proposition de Georges Lukacs, formulée dans sa « Théorie du roman » ou il distingue trois formes romanesques typiques :
- L’œuvre idéologique abstraite, du personnage démoniaque à conscience trop étroite pour la complexité du monde.
- L’œuvre psychologique à héros passif dont l’âme est trop large pour s’adapter au monde.
- L’œuvre éducatif du renoncement conscient qui n’est ni désignation ni désespoir.
Ce dernier type d’œuvre et la réconciliation de l’homme
Problématique avec la réalité concrète et sociale, c’est la synthèse des deux premières formes.
La thèse de Goldmann est qu’il existe une homologie entre l’œuvre et la structure du milieu social à l’intérieur duquel elle s’est développée.
Le personnage du 20ème est un des points essentiels de sa théorie : il est problématique, c’est-à-dire qu’il cherche des valeurs qu’il croit authentiques dans un univers dépourvu d’authenticité.
Notre travail de recherche s’articulera autour de trois chapitres :
Le premier chapitre comportera la présentation de l’auteur et sa biographie.
On présentera ensuite l’œuvre autobiographique écrite par Mohamed Garne en résumant sa vie d’orphelin depuis sa naissance jusqu’à la date de publication du récit. On parlera aussi du contexte social, politique et idéologique de l’œuvre.
Dans le deuxième chapitre de notre projet, on va commencer d’abord par donner une définition plus ou moins profonde de la notion du personnage ainsi que son évolution dans la littérature à travers les siècles en donnant plusieurs définitions et réflexions.
On présentera ensuite les théories sur lesquelles on va se baser dans notre recherche.
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