Baudelaire - Les Fleurs du Mal

...

Le Poison : Il s'agit d'un poème constitué de quatre quintils alternant alexandrins et heptasyllabes. Dans ce texte marqué par une réelle progression, Baudelaire dépeint les différentes façons de s'évader du monde réel.

Le premier paragraphe est consacré au vin, le deuxième à l'opium et les deux derniers à la femme, en l'occurrence ici Marie Daubrun, qui est donc l'élément dominant. Il la désigne par la métonymie « tes yeux », répétée à deux reprises ce qui en montre l'importance. Baudelaire se fait présent dans le texte par l'utilisation de la première personne du singulier qui n'apparait vraiment qu'avec l'utilisation des pronoms « tes » ou « ta ». Le fait qu'il utilise du présent montre qu'il s'agit de sentiments actuels.

Avec l'évocation de tous ces paradis artificiels, on retrouve bien le mode de vie bohème et débauché de l'auteur. Seulement selon lui, toutes ces distractions n'amènent pourtant qu'à une seule chose : la mort. En effet, même si Baudelaire décrit sa fascination pour cette femme, elle est ici montrée comme quelque chose de dangereux, l'expression qui le démontre le mieux est « ta salive qui mord » qui nous renvoie très bien à l'idée de poison. Le thème du spleen est donc bien présent.

On remarque que la mort est plus ou moins suggérée tout au long du texte avec des termes tels que « soleil couchant, ciel nébuleux, plaisirs noirs et mornes, gouffres amers » etc. et est finalement évoquée clairement dans le dernier vers, d'autant plus qu'il s'agit du dernier mot du texte, ce qui laisse une image forte au lecteur.

- Et enfin Apollonie Sabatier.

Apollonie Sabatier est une femme à laquelle Baudelaire voue une admiration indescriptible et mystérieuse. C'est une demi-mondaine (femme entretenue par de riches Parisiens), peintre et salonnière française. Le poète lui enverra des poèmes et des lettres anonymes pendant cinq ans : de 1852 à 1857. Pour lui, elle incarne la « Vénus Blanche » en opposition avec Jeanne Duval. Lorsque la jeune femme s'offre finalement au poète, ils ne sont amants qu'une seule nuit et Baudelaire met immédiatement un terme à leur relation. Malgré cela, ils resteront toujours amis. Elle a notamment inspiré des poèmes tels que Tout entière ou Que diras-tu ce soir ?.

Tout entière : Ce poème est composé de six quatrains en octosyllabes et en rimes croisées. Il s'agit d'une sorte de déclaration faisant l'éloge de la femme. Bien qu'il s'agisse d'un poème dédié à Apollonie Sabatier, l'utilisation de « Elle » avec une majuscule permet tout à la fois d'humaniser et de personnifier la femme évoquée, de la rendre unique tout en adaptant cet éloge à toute la gente féminine.

Baudelaire évoque ici un autre moyen de s'évader qu'est l'amour. Ce poème rentre surtout dans l'idéal car on n'y retrouve pas vraiment le spleen. On peut cependant remarquer que le fait d'aimer peut être associé au péché en raison de l'évocation du Démon.

Dans ce poème, l'auteur insiste sur l'idée d'harmonie que représente la femme, idée présente dès le titre. On le voit également avec la double comparaison proche de l'antithèse « Elle éblouit comme l'Aurore, Et console comme la Nuit » : ces deux vers se complètent. La référence à la musique du vers 20 avec « Note » et « accords » montre que la femme est également appréciée d'un point de vue intellectuel et pas uniquement physique.

Nous pouvons cependant remarquer que l'influence féminine peut être comparée à une drogue, c'est le cas dans la dernière strophe lorsque Baudelaire évoque les «sens fondus en un». L'opposition entre « Son haleine fait la musique, Comme sa voix fait le parfum » peut nous faire penser à l'état second dans lequel se trouve les drogués, jusqu'à en confondre leur sens. Il s'agit d'une synesthésie.

3 C'est un accueil houleux que vont subir Les Fleurs du Mal lors de leur parution en juin 1857. En effet, la Direction de la Sûreté publique va saisir le parquet pour « outrage à la morale publique » et « offense à la morale religieuse » mais seul le premier chef d'accusation sera retenu ; condamnant Baudelaire à payer une amende de trois cents francs et son éditeur une amende de cent franc. D'autre part, l'auteur se verra obligé de retirer six pièces de son œuvre. Même si la société du Second Empire n'est pas un modèle de vertu, l'ouvrage du poète est considéré comme immoral et frisant la pornographie. L'auteur n'est compris que par un nombre très restreint de ses confrères dont Victor Hugo.

Les Fleurs du Mal connaissent donc un succès relativement mitigé et se voient obligées de passer par la censure. Leur succès viendra souvent du scandale.

4 En premier lieu, le titre de l'ouvrage est un oxymore. En effet, nous sommes peu habitués à voir côte à côte les fleurs, qui évoquent plutôt la gaieté et la beauté, et le mal. De par ce titre, Baudelaire veut nous montrer que les voies du Beau et du Bien ne convergent pas nécessairement et revendique une « liberté d'investigation créatrice ».

Ce titre nous montre également un des projets poétiques de Baudelaire qui est d'extraire la beauté du mal. On peut penser que ce recueil est un moyen d'exorciser son âme torturée et d'exprimer son mal-être au travers des mots. Très intelligent, l'auteur était cependant tourmenté.

Le mal évoqué par le poète peut faire référence à quatre différents concepts qui pourraient traduire l'expérience de son âme agitée : le mal social ( Baudelaire a terminé sa vie en croulant sous les dettes et a expérimenté un manque de considération qui l'a sans doute fortement affecté ), le mal moral ( c'était un homme extrêmement tourmenté ), le mal physique ( il avait une santé relativement fragile et précaire ) et enfin le mal métaphysique ( il ne croyait pas en Dieu et n'avait rien à quoi se raccrocher ). En ce qui concerne les fleurs, elles font très probablement référence aux poèmes car à l'âge de dix-huit ans Baudelaire avait envoyé, comme il l'a dit lui-même : « un bouquet de fleurs singulières » par lettre à sa mère, et ces fleurs étaient en l'occurrence, des poèmes.

5 Ce recueil est organisé d'une manière très structurée et est limité par un début et une fin qui