Aux arbres - Yves Bonnefoy - 1953
Par Plum05 • 2 Mai 2018 • 1 751 Mots (8 Pages) • 729 Vues
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III Réunion des êtres dans la matière.
A Union dans le bruit et la lumière.
«Signifient qu’elle lie sa fortune à la mienne », sorte d’association ; idée d’union ; joie d’être unis qui se fait grâce aux arbres ; « fortune » = destinée ; verbe « signifier », message veut dire quelque chose, qu’elle lie son destin au sien, le tonnerre est porteur de sens, ces éléments naturels permettent d’exprimer ce que Douve souhaite, elle est là sous une autre forme. Cette union se fait donc à travers :
- Le bruit : « dialogue »v9, ; « j’entends » on a l’impression qu’à travers le bruit des feuilles/arbres, il y a un échange de paroles entre Douve et les êtres des Enfers=> dimension auditive ; « le tonnerre profond qui roule sur vos branches, les fêtes qu’il enflamme au sommet de l’été », idée de mouvement/ de bruit, ici image phénoménale naturelle : l’orage de l’été, foudre crée des incendies=>embrasement festif // et aussi sommet de l’été= hypallage car 2 sens, 1) notion temporelle : cœur de l’été 2) sommet des arbres : notion de lieu ; jeu de mots avec fêtes, homophone faîte (=sommet d’un arbre).
- La lumière : « sera lumière », même morte elle restera dans la lumière. On a l’impression d’une immortalité de Douve et que les arbres vont se porter garants afin qu’elle reste immortelle ; « n’étant rien », la mort étant un concept vide d’où le terme « rien », décédée mais passage vers la lumière, les arbres peuvent garantir que Douve poursuivra une forme de vie; « les fêtes qu’il enflamme »=>le feu, les flammes, la lumière. Douve deviendra ainsi lumière. Et cette union pourra se faire par les signes que Douve offrira au poète.
Définition hypallage : figure de rhétorique consistant à attribuer à certains mots d'une phrase ce qui convient à d'autres mots de la même phrase.
B Une poésie de la présence
- Concret : branches, densité
- La matière fait sens : « signifient » =>tonnerre+ les fêtes
- Tous sont liés et ils s’appartiennent : « je vous appartiens par son cheminement à travers tant de nuit et malgré tout ce fleuve », malgré tous ces obstacles pour arriver à l’appartenance car immensité à franchir « tant »/ + « tant de nuit » nuit au singulier, donc épaisseur de la nuit ? obscurité longue à franchir.
(Si son cheminement l'éloigne À travers tant de nuit et malgré tout ce fleuve, elle demeure dans le même monde que le Je (rappelons qu'il n'y a pas d'au-delà), et la séparation n'est pas absolue. Mais nous voyons bien à quelle condition cela est possible et pensable : que le Je consente à appartenir aux arbres, à leur matière ligneuse, c'est-à-dire à ce monde matériel au sein duquel il n'y a pas de séparation par la mort. Le renversement est total : c'est justement l'idée d'un au-delà qui supposait et justifiait celle de la séparation. Il n'y aura pas de séparation, si on ne tombe pas dans l'illusion nostalgique des retrouvailles : il faut donc consentir à ce matérialisme philosophique et poétique.)
- Poète EST au monde, « je vous appartiens »
- Les arbres désignent un lieu, il y a une proximité, « proches de moi », c’est dans ce lieu là que Douve a accédé à la mort.
- Enfin, cette présence se dit dans une forme de joie, « fêtes », car la jeune femme n’a pas totalement disparu, persistance de son être (v. 4), tant qu'il y aura des témoins - les arbres, et le poète. Elle vit encore par le poète, grâce à la médiation de la nature ; elle est désignée comme un sujet vivant de verbes d'action. Le poète ne peut admettre la disparition dans le néant (qu’il n’y aura rien après).
CONCLUSION : Y. Bonnefoy évoque la mort, mais sans volonté de déploration, sans lyrisme véritable, plutôt avec "austérité". Mais en même temps, le poète tente de surmonter le tragique de la mort, en imaginant la jeune femme perdue, mais encore active, vivante, et proche de lui. Il donne ainsi aux arbres le rôle de médiateur, ils lient des êtres éloignés, et le poète profite de cette chance qui est d’appartenir aux arbres et à la matière pour se rapprocher de la femme aimée.
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