Essays.club - Dissertations, travaux de recherche, examens, fiches de lecture, BAC, notes de recherche et mémoires
Recherche

Supervielle, Marseille, Débarcadères, 1927

Par   •  24 Septembre 2018  •  1 453 Mots (6 Pages)  •  443 Vues

Page 1 sur 6

...

de construction avec l’introduction d’un autre sujet « Ses tramways » ; au v 4, reprise des qualifications nominales de Marseille ; rupture soulignée par la coordination « et » au v 5 : « Et les cafés ».

- l’utilisation du vers libre qui confère globalement une impression de désordre mais aussi les mouvements d’une ville toujours animée

2. le soleil : une présence quotidienne

Personnification du soleil. Marseille, ville lumière.

- pensée : « Ici le soleil pense tout haut, c’est une grande lumière qui se mêle à la conversation ». force verbale méridionale qui se reflètent dans les éléments naturels > le feu, l’air

- action : «Il prend les nouveaux venus à partie, les bouscule un peu dans la rue, / Et les pousse ». Gradation. Le soleil est présenté comme un être quotidien qui se sent chez lui comme un ami « se mêle à la conversation », « bouscule un peu », la modalisation insiste sur le jeu consenti entre les hommes et le soleil « pousse sans un mot du côté des jolies filles » : rappel d’une des activités du port, mais sans mépris ! L’adjectif « jolies » enlève au mot « filles » ce qu’il aurait eu de péjoratif (fille de joie). !!

III. La poésie de Supervielle

1. « Changer la vie » : la transfiguration du monde quotidien

Un surgissement d’images de l’ordre de la vision.

- transfiguration du geste quotidien : « qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel » = présages envoyés par les dieux via le vol, le chant des oiseaux

- l’humour : tramways-crustacés ; lune/singe

La lune ne peut être qu’un phénomène malicieux, extravagant, « un singe échappé au baluchon d’un marin ». Image éculée de la poésie régénérée. Cf Musset2. La lune troque la dignité d’astre contre la figure dérisoire d’un singe et, qui plus est, d’un singe prisonnier («Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit.) 

- l’interpénétration de tous les éléments : « le soleil » « réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne ». Polysémie du mot « gorge ». « lumière »/« gorge » // « torrents »/« montagnes »

- Abolition de la frontière intérieur/ extérieur, réel/imaginaire, réconciliation des contraires.

- le bonheur de créer : un éveilleur d’images.

2. L’invocation à Marseille

- l’expression de l’inquiétude après l’idée de « naissance » (1° partie), de plénitude (2° partie), une méditation plus grave où perce l’angoisse existentielle.

L’inquiétude, au sens large et presque concret du terme, en frontière de la notion d’agitation. « Ô toi toujours en partance »

Après ce double mouvement (imprégnation du monde humain par la nature/ nature à son tout humanisée), qui peut avoir donné le tournis ou jeté la confusion dans l’esprit du poète, naît un besoin d’immobilité, de silence, de calme, de confidence. Inquiétude naissant d’une agitation sans effet.

- changement syntaxique : paroles adressées à Marseille ; changement métrique : vers plus courts, on reconnaît des structures poétiques plus traditionnelles

« Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu 7+7/Ô toi toujours en partance 7/ Et qui ne peux t’en aller, 7

A cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer. » 8+8

- changement de ton et d’atmosphère : confidence et douceur : « te parler avec douceur », secret : « que nous nous regardions un peu », désir d’immobilité : « Reste donc un peu tranquille », désir de fermeture, d’espace confiné : « Je voudrais te prendre dans un coin ». Le tutoiement indique la proximité affective.

- l’invocation par les apostrophes : « Ô toi » ; «Marseille, écoute-moi, je t’en prie»+ prière en incise . C’est la première entrée en scène du poète. Il se fait personnage du poème pour dialoguer avec sa création. Cf Mythe de Pygmalion. « que nous nous regardions un peu » ; triple marquage de nous nous ions > réciprocité. Répétition des impératifs = désir impérieux, supplication. Marseille apparaît comme une femme insaisissable.

- l’attendrissement : image d’une femme-enfant. « sois attentive », « Reste donc un peu tranquille » + une femme maîtresse « Je voudrais te prendre dans un coin ». Conditionnel > désir > souhait + te objet de désir par sa place de COD

- un désir de retour à l’ordre et à la sagesse après les turbulences de la création.

Conclusion : L’imprégnation du monde humain par la nature donne à l’humanité quotidienne de Marseille une dimension cosmique. La dignité d’une déesse antique ose se mêler à la bonhomie d’un soleil devenu simple citoyen d’une ville méridionale. Au milieu de cette étrange mythologie, de ce curieux bestiaire de chaises, de tramways et d’astres, le poète, malgré son inquiétude, chante un hymne éblouissant à la

...

Télécharger :   txt (9.6 Kb)   pdf (51.7 Kb)   docx (15.1 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur Essays.club