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Lumière et ombre, lecture comparée de l'Oedipe roi de Sophocle et de Pasolini

Par   •  2 Octobre 2018  •  1 477 Mots (6 Pages)  •  599 Vues

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Pour conclure, nous pouvons dire que cette opposition entre lumière et ombre et entre vision et aveuglement a pour corollaire la dialectique du savoir et de l'ignorance qui met en avant les contrastes de la personnalité d'Œdipe.

II Qui s'accompagne d'une opposition entre savoir et ignorance

A – chez Sophocle

Dans la pièce de Sophocle, la légitimité d'Œdipe vient de son savoir. Le Grand Prête lui dit ainsi que « ce pays aujourd'hui t'appelle son sauveur, pour l'ardeur à le servir que tu lui montras naguère » ce qui montre qu'Œdipe ne doit sa place de tyran qu'au savoir dont il a été détenteur. Il est celui qui a résolu l'énigme du Sphinx par « [sa] simple présence d'esprit » et c'est de cet exploit qu'il tire son pouvoir et sa renommée. Cette situation explique l'ardeur avec laquelle il s'accroche à son statut d'homme qui sait ainsi que sa réaction brutale quand Tirésias ou Créon émettent des opinions qui vont à l'encontre de ses croyances.

Pourtant, le savoir d'Œdipe est paradoxal. Il se proclame ainsi « Œdipe au nom que nul ignore » mais lui même ne prend pas garde à la signification étymologique de son prénom, « pieds gonflés » qui contient pourtant la clé de l’énigme de sa naissance. De même, en résolvant l'énigme du Sphinx, il ne réalise pas qu'elle annonce son propre destin : celui d'un homme debout qui marchera bientôt avec une canne d'aveugle.

De plus, Œdipe est en quête de la vérité. Il refuse de vivre dans l'ignorance « Pourquoi renoncerais-je à savoir de qui je suis né ? » mais ce savoir qui devrait lui permettre d'être un « bon pilote » et de sauver Thèbes, ne fait que précipiter son malheur. Alors que l'ignorance lui permettait d'être heureux, la connaissance devient un fardeau trop lourd pour ses épaules, comme le montre sa réaction devant le serviteur de Laïos « j'en suis au plus cruel à dire. – Et pour moi à entendre, pourtant je l'entendrai. ». Œdipe ne se dérobe pas comme Jocaste devant la cruelle vérité. Il tient à l'entendre jusqu'au bout et à endosser ses responsabilités.

B – chez Pasolini

La question du savoir et de l'ignorance est abordée de manière différente chez Pasolini, en particulier parce que le cinéaste propose un travail qui tient plus du questionnement que de l'enseignement. En effet, les connaissances détenues par les protagonistes sont plus ambiguë : en développant l'aspect psychanalytique des personnages, en les rendant victime de leur inconscient plus que d'une malédiction divine, Pasolini interroge la culpabilité des personnages. Étaient-ils ou non conscients de leurs actes ?

Plusieurs réactions ambiguë pourraient ainsi suggérer que certains personnages, et en particulier Jocaste, pourraient déjà avoir l'intuition de leur culpabilité. Ainsi, lorsque Œdipe et Jocaste se rencontrent pour la première fois, le regard qu'ils se jettent semble déjà témoigner d'une certain complicité, d'une reconnaissance entre les personnages. De même, le rire nerveux de Jocaste quand Tirésias accuse Œdipe d'entretenir des « relations infâmes avec les plus proches des [siens] » pourrait être interprété comme un signe de défi, où Jocaste, consciente de sa faute, afficherait son mépris vis-à-vis du devin. Pour finir, lors de la dernière scène d'intimité avec Jocaste, Œdipe l'appelle « Mère », sans pour autant arrêter de l'embrasser, comme s'il avait toujours eu l'intuition de son crime et décidait malgré tout de le commettre en pleine connaissance de cause.

Nous pouvons donc conclure qu'Œdipe-roi est une tragédie des contrastes. En l'espace d'une journée, Œdipe passe de l'ignorance à la connaissance et de la lumière à l'obscurité. Il critique un aveugle, puis en devient lui-même un, remet en cause son destin, et cherche à lui échapper, pour finir par comprendre qu'il ne doit s'en prendre qu'à lui-même et devenir son propre bourreau. Nous pouvons finalement ouvrir sur la fin du film, qui renvoie à Œdipe à Colonne de Sophocle, qui reprend ces thématiques notamment avec l'apostrophe finale « lumière qui autrefois fut mienne, tu me vois pour la dernière fois ».

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