Littérature du XXe siècle
Par Andrea • 20 Novembre 2018 • 13 996 Mots (56 Pages) • 508 Vues
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Dans le Larousse ou TLF, le quotidien est définit « ce qui se répète chaque jour » , synonyme de « ordinaire, habituel »
Des qu’intervient l’expression vie quotidienne, le TLF introduit une nuance dépréciative « la vie d’une personne d’une communauté dans ce qu’elle a d’habituel, d’obligatoire, de naturel, ce qui présente aucun caractère notable, remarquable » les exemples que donnent le TLF sont marquants « petits ennuis quotidiens, contraintes, nécessités, obligations quotidiennes » termes connotés négativement accolé au quotidien dans ce qu’il a de répétitif. La réalité cyclique répétitive serait gage d’ennui; de monotonie. Le quotidien pour le TLF appartient à la réalité de tous les jours et s’oppose « au rêve, à l’idéal, à l’imaginaire, au fantastique » Apparait donc terre à terre, peu séduisant, lié à la catégorie du réel, le quotidien est le réel qui s’impose au détriment du reve. IL est lié au monde tel qu’il est en condamnant tout originalité, tout imprévu, surprise, discontinuité. Ce qui pose doublement le problème du rapport à la fiction, comment un quotidien ainsi définit peut il entretenir des liens avec la fiction.
Le TLF poursuit et semble dire que le quotidien serait construit comme un bloc d’opacité inerte: « s’abstraire le quotidien » Ce qui revient à construire le quotidien comme une lacune mais dans le même temps et comme une saturation. Le quotidien occuperait notre existence de façon excessive, il est lourd. D’un point de vue quantitatif , developper de la saturation, il laisse peu de place au reve. Mais d’un point de vue qualitatif il ne bénéficie pas de la même valeur que l’événementiel , ce moment qui se détache entre deux moments neutres comme un pic d’intensité de quelques natures que ce soit.
Le TLF propose systématiquement de dépasser le quotidien, comme si quelque chose appelait à sa ruine, à son propre dépassement. Comme si le quotidien au moment où il se rend sensible à la vision, me signale quelque chose comme son insuffisance chronique, son incomplétude, appel à ce que je le dépasse, à ce que je m’en extrait.
Pourquoi la saturation ? Historiquement la question du quotidien est liée au réel, au monde, au concret, au matériel (Cf épuisement lieu parisien, les Choses) La notion de quotidien dans la réalité française sans prendre en considération qui ont marqué les sciences humaines, l’histoire. L’histoire en europe à la fin de la 2GM connait une révolution systématique qui va grâce à Brodel, Lefebvre va s’orienter vers une prise en considération non pas des temps anciens avec frise chronologique vers des temps plus proches, vers le quotidien. Dans ce cadre là, il faut replacer nos oeuvre. F. Brodel , figure de l’école des annales va promouvoir cette notion de vie matérielle et va éditer cette nécessité pour tout historien de s’y intéresser de l’expérience des objets, du quotidien. Perec l’a beaucoup lu « s’absorber dans la contemplation d’un objet .. trivial » C’est parfois dans l’objet banal que peut venir s’inscrire l’aventure, le romanesque. Le bahut dans lequel il a sculpté l’ile mystérieuse. Venir inscrire à même la matière la puissance fictionnel du romanesque dans le quotidien. Image forte.
Le quotidien peut s’entendre aussi ses bornes lexicales: le banal d’un coté et le bizarre.
1.2 LE BANAL
Le banal est ce qui est commun. Vient du « ban » , ce qui était partagé par une communauté au MA.
Comment dire la banalité, si elle est proche du quotidien, par quel moyen dire des banalités, ce qui définit le banal, Sami-Ali « est banal ce qui n’est pas étonnant, ce qui ne requiert pas mon attention, tout ce dans quoi je ne m’investie pas personnellement et heureusement » Le banal est économie psychique, moment où on se retire. On doit s’intéresser à la frontière poreuse entre le quotidien et le banal, le quotidien en terme d’expérience, et le banal en terme de retrait.
1.3 LE BIZARRE
Il attire l’attention, ce qui réclame de prendre en considération un écart à l’habitude, à la norme. Ecart que le bizarre va exhiber comme définitoire de sa différence.
H. LEFEBVRE fait remonter à Baudelaire cette expérience du bizarre : Le peintre de la vie moderne, peintre qui devrait selon baudelaire devrait déchirer l’apparence de l’existence de la foule pour en faire jaillir le mystérieux, l’étrange, le bizarre. Le bizarre prend le trivial et le rend insolite, il prend le familier et le secoue. C’est une nouveauté non bouleversante. Ce n’est pas l’altérité effrayante, c’est un degré moindre. C’est un inconnu déjà domestiqué, inconnu qui ne m’angoisse plus et dont je peux parler. La question que pose Lefebvre : comment dépasser ce stade séduisant du bizarre ? Dans critique de la vie quotidien 1947 « nous allons chercher l’humain trop loin ou trop profondément, alors qu’il nous attends de toutes parts... Il nous reste à découvrir l’immense contenu humain des faits les plus humbles de la vie quotidienne » Posture d’humilité qui consiste à regarder ce qui est fasse à soit. « L’homme sera quotidien ou ne sera pas »
Banal et bizarre sont deux pole qui regroupe le familier et l’étranger, qui se repousse ou s’attire. Le quotidien sera toujours en tension entre ces pole parce que les frontières notionnels sont poreuses, l’écriture s’abreuve à des influences diverses et que les intentions des écrivains varient. Tout cela constitue un ensemble d’expérience du quotidien qui nous invite à conserver ce champs notionnel dans sa complexité.
II. CHEZ NOS AUTEURS
Si le quotidien est rattaché à quelque chose de stable, c’est un flux par opposition à la déchirure de l’événement remarquable. Ce flux est dynamique et du coup difficile à définir et saisir d’où, si on se situe du coté critique : « comment dire des banalités » difficulté d’inventer des formes pour dire ce flux indéterminé et que ce soit audible. mettre en forme le quotidien est un défi critique mais aussi formel, esthétique.
Cette invention de protocole se retrouve dans les oeuvres du programme, manière de reconquête d’une expérience du quotidien. Trouver une forme pour dire le quotidien. Ce donner pour objet le quotidien cela suppose de se donner un défi formel.
« ne pas voir les seuls déchirures mais le tissu »
Chez
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