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Les femmes savantes acte I scène 1

Par   •  18 Janvier 2018  •  1 152 Mots (5 Pages)  •  1 267 Vues

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souverain » v. 46, « monte au-dessus de tout » v. 45, « soumettant à ses lois » v. 47,… De même Armande semble aveuglé et reproche à Henriette ce qui la concerne elle-même : « Je vois que votre esprit ne peut être guéri / Du fol entêtement de vous faire un mari » v. 85 - 86. En effet son ton railleur et persifleur montre qu’elle prend plaisir à rabaisser sa sœur comme le confirme le groupe nominal « fol entêtement » qui montre aussi son esprit opiniâtre et étriqué. Il y a un conflit sentimental comme en témoigne le recours à l’interro négative « Votre visée au moins n’est pas mise à Clitandre ? » v. 88 souligne l’inquiétude et certainement la jalousie d’Armande. Aussi la rime de « Clitandre » v. 88 avec « prendre » v. 87 est très intéressante car c’est tout l’enjeu de la dispute. Pour Clitandre, Armande était son premier choix mais lassé des froideurs de la jeune femme il s’est tourné vers sa sœur Henriette. Mais l’aînée veut conserver les faveurs de ce dernier : « Et ce n’est pas un fait dans le monde ignoré / Que Clitandre ait pour moi hautement soupiré » v. 94 – 95, la tournure emphatique souligne le caractère autoritaire et orgueilleux d’Armande. Molière montre que derrière les abstractions, il y a des vrais désirs. Armande, trahit par ses contradictions, tente de porter le drapeau de sa mère et des femmes savantes auprès de sa sœur mais elle est prise par ses émotions.

Pour Henriette le mariage va de soi, comme le montre la simplicité de sa première réplique « Comment ? » v. 8, d’ailleurs Armande ne comprend pas sa réaction et demande des explications. De plus, la régularité du rythme du v. 16 « Me font voir un mari, des enfants, un ménage » révèle cette évidence et met en avant l’attitude pondéré et calme de la jeune femme, contrairement à sa sœur. Henriette reprend mot à mot les termes employés par Armande pour montrer qu’il ne s’applique pas à la situation : « Qui blesse la pensée et fasse frissonner » v. 18. Tout comme la négation « je ne vois rien là » v. 17 qui démontre l’illogisme des propos de l’aînée.

En recourant au registre polémique, Molière traduit la dualité entre les deux sœurs. En effet, ces dernières développent deux argumentations contraires : alors qu’Armande blâme le mariage, le considérant comme dégradant, et fait l’éloge de l’esprit et de la philosophie, comme seule perspective d’épanouissement, Henriette, elle, défend la vie conjugale et ses préoccupations domestiques, aspirant à mener une vie simple et harmonieuse. Le débat d’idées oppose l’aînée et la cadette mais il révèle surtout leur tempérament aux antipodes : sous son apparence de femme savante et précieuse, Armande laisse entrevoir un caractère autoritaire et prétentieux. De même, en s’emportant, elle montre ses excès ainsi que ses contradictions, et discrédite son propre discours. A l’opposé, Henriette fait preuve de calme, de mesure et de réflexion, poussant sa sœur dans ses retranchements. Effectivement, après avoir souligné, non sans ironie, la bipolarité de l’être humain, elle la contraint à faire l’aveu indirect de sa jalousie. Le débat d’idées dissimule en réalité un conflit sentimental. Certes, la cadette l’emporte, dans cette scène, mais la mauvaise foi et le caractère retors de l’aînée font comprendre au spectateur qu’elle est une menace pour l’union des deux jeunes amoureux, ne manquant pas, à la scène 4 de l’acte II, de dénaturer, par débit, l’attitude de Clitandre et d’en présenter un portrait déformé.

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